Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Quand la Ville dort
--> It's Noirvember!
"Doc" Riedenschneider, cerveau criminel tout juste sorti de prison, planifie le braquage d'une bijouterie, un coup qui lui permettra de passer ses vieux jours sous le soleil du Mexique. L'équipe qu'il recrute comporte des maillons faibles et un incident imprévu lors du casse ne va rien arranger.

Ce n'est pas un calcul de ma part mais après avoir entamé le Noirvember Challenge de cette année avec un John Huston (dans lequel Marc Lawrence a un rôle de crapule) je le conclus avec un John Huston (dans lequel Marc Lawrence a un rôle de crapule). Comme j'ai lu au début du mois le roman de W.R. Burnett dont est tiré ce film et que le scénario est très fidèle, tout en élaguant quelques détails (le taulard qui a mis le Doc sur le coup et espère qu'Emmerich lui négocie une remise de peine, par exemple), l'histoire ne revêtait pas de surprise mais c'est une très bonne adaptation qui restitue à la fois l'intrigue et l'ambiance de l’œuvre d'origine bien que le tempo soit différent.

En effet, peut-être parce que les derniers films noirs de ce challenge qui l'ont précédé étaient menés tambours battants, j'ai trouvé le rythme de Quand la Ville dort lent, au contraire du roman qui comme tous les Burnett bénéficie d'un style sec qui va droit au but. Lent n'étant pas synonyme d'ennuyeux, il ne s'agit pas là d'un défaut. Prototype du film de casse, le long-métrage présente les personnages qui vont former l'équipe: Doc, le génie du crime, Gus, le chauffeur, Louis, le perceur de coffre-fort, Dix, le porte-flingue, Emmerich, l'avocat respectable qui fournit l'argent et Cobby, chargé de mettre tout le monde en contact. On découvre à l'occasion leurs faiblesses et leurs caractères. Emmerich envisage d'emblée de rafler la mise aux dépens des autres et Cobby est un lâche. C'est pourtant, comme souvent, un impondérable lors du braquage qui va sceller le sort de la bande.

John Huston a souvent été appelé le "cinéaste de l'échec" car bien qu'il y ait des exceptions notables, ses films ont souvent eu tendance à montrer des personnages voir leurs espoirs réduits à néant. Quand la Ville dort peut aisément alimenter cette perspectives puisque les membres du gang ne vont pas goûter les fruits de leur larcin, parfois à cause d'un élément extérieur comme Louis qui reçoit une balle fatale par accident, parfois à cause de leurs propres défaillances comme le Doc, dont le puissant intellect ne l'empêche pas de perdre un temps précieux lors de sa fuite, tout à son plaisir de reluquer une adolescente danser. La ville n'est jamais perdue de vue, elle est plus qu'un décor mais un personnage à part entière, pesant, auquel seul Dix et sa compagne Doll vont échapper dans les dernières minutes mais c'est une évasion trop définitive pour ne pas être douce-amère. Et comme le démontre le chef de la police aux journalistes en leur faisant brièvement écouter les appels radios que ses services reçoivent en continu, la criminalité ne se repose pas (le titre américain, The Asphalt Jungle correspond d'ailleurs mieux à cette séquence que le titre français bien que celui-ci ne soit pas inapproprié pour autant).

La distribution est impeccable mais il en ressort particulièrement Sterling Hayden en géant inquiétant exilé dans la jungle urbaine et surtout Jean Hagen dans celui de sa compagne, Doll.L'actrice est surtout connue pour sa performance hilarante Dans chantons sous la pluie, elle est ici touchante en maîtresse négligée mais dévouée. On découvre aussi Marilyn Monroe à ses débuts (Huston lui offrira aussi son dernier rôle dans un film achevé avec Les Désaxés) tandis que Sam Jaffe en "docteur" du crime libidineux, Marc Lawrence en bookmaker trouillard et John McIntire en chef de la police implacable sont également remarquables.

Préparation méticuleuse d'un coup audacieux débouchant sur une déroute en règle, ambiance majoritairement nocturne pesante, personnages louches condamnés d'avance... Quand la Ville dort est un classique du film noir qui nous plonge d'un bout à l'autre dans un marigot dont on ne s'extirpe que pour rendre son dernier souffle.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 27 Novembre 2022, 19:15bouillonnant dans le chaudron "Films".