Le Dieu de la Mort est de retour et ce n'est pas seulement la Terre qui est en danger mais tous les lieux dans lesquels s'est rendu le TARDIS, autrement dit l'essentiel de l'espace et du temps. Le Docteur peut encore compter sur Mel et Ruby mais l'espoir s'amenuise. Le seul repose peut-être dans le secret des origines de la jeune femme.

The Legend of Ruby Road prenait son temps pour dévoiler le grand antagoniste saisonnier mais quand on arrivait au moment fatidique, on en avait pour son argent, avec un Docteur tétanisé devant ce vieil ennemi qu'il n'imaginait pas revoir et une démonstration de puissance de ce dernier. L'impatience autant que l'inquiétude s'installaient dès l'excitation retombée. Ce n'est pas rare qu'une première partie de final laisse ses héros dans une situation plus que précaire pour que la seconde s'avère décevante dans la résolution d'un problème présenté comme insoluble. Malheureusement, Empire of Death ne surmonte pas tout à fait cet écueil. D'autant plus qu'il va très loin dans la destruction dès les premières minutes, tellement loin qu'il est évident qu'il y aura d'une manière ou d'une autre un reboot de l'univers. C'était déjà un peu le cas dans l'épisode précédent mais la saison 3 du New Who revient régulièrement en mémoire même si Davies pousse ici la bouchon encore plus loin. Sutekh ne cherche pas à asservir la Terre puis l'univers mais à détruire toute vie, ce qu'il fait avec une célérité remarquable.

Face à cela, le Docteur bricole, comme d'habitude, à partir d'un souvenir de TARDIS devenu concret. L'idée d'un TARDIS agrégeant plusieurs looks historiques n'est pas nouvelle mais elle est bien exploitée et offre des moments aussi discrets que touchants à Mel quand elle retrouve des défroques des sixième et septième Docteurs dont elle avait été un boulet, pardon, la compagne. Tout tourne alors autour de Ruby, l'autre grand mystère de la saison. L'épisode utilisera des éléments disséminés depuis Noël, avec un accent particulier sur 73 yards qui reste toujours aussi ambigu (la fin de l'épisode suggérait là encore un reboot des événements dont Ruby ne gardait pas de souvenirs conscients mais Roger ap Gwilliam aura appliqué son programme... sans donc être arrêté? Enfin bref).

La quête de l'identité de sa mère devient cruciale et soyons honnête: la façon dont elle est utilisée pour vaincre Sutekh, lui faisant attendre, comme au spectateur, une révélation incroyable pour le prendre au piège, n'est pas mal trouvée. Que les parents de Ruby soient en fait des gens ordinaires est aussi une belle idée mais la manière de lier les deux est bancale, l'explication de l'invisibilité de la mère de Ruby flirtant avec la bonne vieille rustine du pouvoir de l'amour. Le dénouement donne l'occasion à Ncuti Gatwa d'avoir son moment "Docteur impitoyable" (il se montre bien plus actif après avoir été pas mal balloté par les événements) avant que le sentimentalisme de Davies ne reprenne le dessus lors des scènes de conclusion qui se succèdent. Cependant, vu le tour que cela prend pour Ruby, il fallait soigner des adieux qui peuvent n'être que temporaires bien que Varada Sethu ait déjà été annoncée pour assurer sa suite.

Tout est donc réglé? Que nenni car Mrs Flood reste entourée de mystère: elle semblait sympathique mais bien trop informée de la nature du Docteur dans l'épisode de Noël pour être anodine, elle prenait un tour inquiétant en une réplique dans le précédent... Elle creuse ici ce sillon mais n'était pas un agent de Sutekh et semblait avoir ses propres plans contrariés par lui. Sa dernière apparition en fait une narratrice consciente du futur du Docteur et se réjouissant de malheurs à venir pour ce dernier... Sera-elle la grande antagoniste de la saison prochaine (la Rani!)? Ou est-ce encore une fausse piste, ou une intrigue à encore plus long terme?

Il est improbable que ce soit lors du prochain Christmas Special, écrit par Moffat, que la vérité éclatera. En attendant, voilà achevée cette troisième première saison de Doctor Who et si les maladresses et les faiblesses sont présentes, le bilan est positif, avec un duo qui aura bien fonctionné et un rythme enlevé qu'on avait perdu en route. Si le passage sur Disney+ donne parfois l'impression d'un lifting artificiel et même opportuniste, la remise en selle après trois saisons chaotiques était nécessaire, elle s'avère tout à fait satisfaisante.