Pour son premier voyage sur une autre planète, le Docteur amène Ruby sur Kastarion 3. Loin du lieu enchanteur qu'il attend, les deux compagnons se retrouvent en plein champ de bataille. Le Docteur met le pied sur une mine et lui et Ruby auront besoin de tout leur sang-froid et leur astuce pour se tirer d'affaire.

Ce n'est qu'hier, en fin de matinée, que je me suis souvenue que le nouvel épisode de Doctor Who sortait ce jour-là et je n'ai pas interrompu ce que je faisais toute affaire cessante pour le regarder. Il faut se rendre à l'évidence, retour de Davies ou pas, d'un rythme et d'un esprit qui m'avaient manqué ou non, je n'ai plus l'impatience d'autrefois et il faut me faire une raison. La série n'est plus la même que quand je la découvrais avec enthousiasme en 2009, la télévision elle-même n'est plus la même et je ne suis plus la même. Pourtant, cet épisode renoue avec un rendez-vous très prisé de l'époque qui m'aura le plus remplie de joie: l'épisode signé Moffat. Débarrassé de la pression de diriger le show, le scénariste écossais peut se concentrer sur une intrigue basée sur un concept fort sans s'éparpiller, se contentant juste d'un rappel au fil rouge, le mystère Ruby. Comme il a lui même été adepte de la compagne au grand secret, cela n'a pas du le dépayser.

Après une introduction pour nous montrer le fonctionnement des mines sur l'une desquelles va marcher le Docteur, des ambulances qui ne sont pas le salut espéré pour les blessés même légers et d'un nombre réduit de personnages qui auront un rôle clé à jouer, l'histoire prend son envol quand le Docteur met le pied où il ne faut pas. Enfin, son envol, façon de parler puisque du fait de la position précaire du héros, on a là l'épisode le plus statique, probablement, de l'existence de la série, tout le suspense reposant sur la manière dont les héros vont se sortir de ce pétrin car au moindre faux mouvement, non seulement le Seigneur du Temps va être pulvérisé mais pour ajouter un peu d'enjeu, tout le voisinage avec lui. Steven Moffat aime se lancer des défis mais heureusement, il est de taille à les relever.

L'épisode parvient donc à tenir sur la longueur. Encore une fois, on pourra reprocher au propos de ne pas être amené avec la plus grande des subtilités. Il s'agit ici de critiquer le capitalisme à travers la vente d'armes plus importante que les vies humaines, ce qui rappelle l'épisode Oxygen en saison 10. La résolution est extrêmement émotionnelle. On a tendance à opposer un Russell T. Davies sentimental à la limite de la niaiserie à un Steven Moffat plus froid et en retenue mais il n'est pas le dernier pour exploiter le pouvoir de l'amour au besoin. Le propos sur la foi est plus ambigu et entre autres auto-citations, ramène sur le devant de la scène les marines anglicans. Ruby est un peu plus en retrait cet épisode, avant tout chargée d'exécuter les instructions du Docteur avant d'ajouter à la tension et on pourra s'interroger encore sur la signification de la neige tandis que l'on remarque décidément une forte présence d'orphelins depuis l'épisode de Noël et encore un renvoi à la musique (sans séquence musicale toutefois, Le Docteur peut difficilement faire des claquettes sur une mine).

Jusqu'ici, Ncuti Gatwa avait surtout eu l'occasion de montrer un Docteur plein d'allant ou ému. Cet épisode lui donne l'opportunité de montrer un côté plus sévère et autoritaire. On n'a pas encore eu le loisir de voir un Seigneur du Temps carrément terrifiant mais cette nouvelle facette est fort bien gérée ce qui laisse espérer un personnage "complet" d'ici la fin de la saison. Caoillin Springall se tire bien de son rôle de gamine qui veut retrouver son père (et se montre relativement détendu en découvrant son état) tandis que les quelques acteurs restant font le taf. L'épisode donne une impression d'économie avec une vieille carrière pour tout décor, comme quoi il y a toujours un moment où l'on revient aux fondamentaux, peu importe qui tient les cordons de la bourse.

Si Boom n'atteint pas les sommets qu'a pu atteindre le Moff dans ses moments de grande forme, il démontre que ce dernier n'a pas perdu la main pour se dépatouiller d'une idée à la fois simple et éminemment casse-gueule.