Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Se faire arracher une dent n'est déjà pas une partie de plaisir et se rendre dans une grande ville inconnue pour cette raison n'arrange pas les choses mais la situation pourrait encore empirer. Ce n'est pas la seule expérience angoissante que l'on est susceptible d'affronter: un inconnu inquiétant dans un train qui s'adresse à votre enfant, un fiancé introuvable, un nouveau voisinage menaçant... La terreur surgit toujours insidieusement du quotidien.

Non, non, je ne radote pas. J'ai certes écrit un petit article récemment sur un recueil de nouvelles de Shirley Jackson comportant la mythique Loterie mais il ne s'agit pas de celui dont il est question aujourd'hui. Je vais parler de celui publié chez Pocket Terreur dans les années 90 et qui, à l'exception de ce récit fameux, ne renferme pas les mêmes histoires. Je ne reviendrais pas sur La Loterie d'autant que moins on en dit, mieux c'est pour ceux qui ont la chance de ne pas encore savoir de quoi il est question exactement.

Le reste de la sélection est fascinant même s'il a pu déconcerter certains habitués de la collection qui ne connaissaient pas déjà l'autrice et pouvaient s'attendre à des intrigues plus ouvertement fantastiques pour ne pas dire sanglantes. Dans chacune, on est plongé dans les situations les plus ordinaires en apparence mais où très vite, quelque chose cloche. Dans La Dent, Clara, victime d'une rage de dents, traverse la nouvelle ensuquée par son départ aux aurores et les somnifères qu'elle a pris pour dormir et perd peu à peu contact avec la réalité alors qu'un homme étrange en costume bleu ne cesse de lui apparaître. On retrouve au fil des nouvelles ce personnage, parfois nommé Harris, parfois simplement évoqué par son costume, jamais tout à fait le même mais qui n'annonce rien de bon pour les protagonistes. Les personnages sont toujours perdus, dans une métropole comme dans La Dent donc, ou Statue de Sel, l'histoire d'un couple qui passe quelques semaines à New York où l'épouse, après avoir goûté aux distractions de la grande ville, devient de plus en plus angoissée tandis que tout parait se désagréger autour d'elle. L'inverse est aussi vrai dans des nouvelles où des citadins vont s'installer à la campagne et ne sont pas près à y affronter un autre type de violence, par exemple dans Jardin fleuri qui montre une veuve snobée par ses voisins après avoir engagé un jardinier noir ou Les Renégats dans laquelle une mère de famille est encouragée à abattre sa chienne tueuse de poules.

On y évoque aussi la cruauté enfantine, comme dans Le Sorcier qui raconte comment une autre mère de famille croise un homme qui s'amuse à raconter une histoire horrible à son jeune fils qui semble l'apprécier beaucoup trop. Sans arrêt les personnages perdent leurs repères, en se retrouvant dans un environnement qu'ils ne connaissent pas ou en réalisant que les gens qu'ils croient connaître leur sont inconnus.

Toutes les nouvelles ne sont pas aussi marquantes, certaines très courtes laissent un petit sentiment d'inachevé et d'incompréhension mais elles baignent toutes dans un malaise constant, sans effet spectaculaire (la chute de Sept types d’ambiguïté est impitoyable alors qu'au premier abord il ne se passe rien d'extraordinaire), Shirley Jackson n'ayant pas son pareil pour faire surgir un sentiment de menace des circonstances les plus anodines.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 11 Novembre 2021, 11:43bouillonnant dans le chaudron "Littérature".