Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Inside
Samidha, une lycéenne d'origine indienne, adopte les us et coutumes de ses camarades WASP dans l'espoir de s'intégrer au maximum. Son ancienne meilleure amie, Tamira, semble de son côté de plus en plus terrifiée jusqu'au jour où, avant de disparaître, elle demande de l'aide à Sam pour faire face à un esprit maléfique.

Le tournant du XXIe siècle a vu arriver en France toute une vague de films d'horreur asiatiques apportant un petit vent de fraicheur, d'une part par la manière dont ils distillaient l'angoisse mais également, même quand les menaces étaient encore des fantômes ou des esprits maléfiques, en présentant des croyances spécifiques ou tout simplement en montrant un peu une culture différente de la nôtres. Ces films venaient généralement du Japon, de Corée du Sud et plus rarement de Thaïlande mais les quelques films indiens qui atteignaient nos écrans à l'époque étaient des classiques Bollywood ou des œuvres plus indépendantes comme celles de Mira Nair. Vingt ans plus tard, ces productions, qui existent pourtant, n'atteignent toujours pas nos salles obscures mais sont tout de même trouvables sur diverses plate-formes, c'est déjà ça. En revanche, sur grand écran, on a déjà eu droit il y a quelques années à une coproduction américano-indo-britannique, The Door, qui ne m'avait guère convaincue et qui se penchait sur les malheurs d'une expatriée à Bombay aux prises à un fantôme malintentionné.

Plus intéressant semblait être Inside de Bishal Dutta, film américain qui part un peu sur une base inverse puisque l'action se déroule aux États-Unis avec une héroïne d'origine indienne confrontée à une créature mythologique qui a fait le voyage jusqu'à une banlieue pavillonnaire typique des USA, cadre routinier d'incalculables massacres d'adolescents. Samidha, qui préfère qu'on l'appelle Sam, est comme beaucoup d'adolescentes soucieuse de ne pas se distinguer d'une manière qui pourrait lui valoir des moqueries et fait de son mieux pour ressembler à ses camarades WASP. Elle rechigne à aider sa mère à préparer les repas de fête et s'est surtout éloignée de sa meilleure amie Tamira qui file depuis un mauvais coton. La jeune fille sera bien forcée de renouer avec sa culture quand un démon issu de celle-ci la tourmentera et s'en prendra à son entourage.

Le point de départ est suffisant pour attiser la curiosité avec une communauté peu mise en avant dans les films américains et dont les représentants les plus connus sont des personnages comiques dans des sitcoms. Ainsi que la promesse d'explorer une culture différente, laissant de côté les exorcismes de prêtres catholiques qui ont bien besoin de souffler de temps en temps. Malheureusement, on se retrouve vite sur des rails convenus, avec des prières pour repousser la créature, qui ne sont pas dites en latin, c'est là tout le changement, mais surtout des scènes de tension qui manquent singulièrement d'originalité: on joue sur l'invisibilité de l'entité mais pas aussi bien que ne l'a fait le récent Invisible Man, on s'amuse avec les ombres dans les placards, il y a une silhouette désarticulée... De cet exercice, Dutta se tire honorablement, fait parfois durer plutôt que de zapper sur autre chose (le petit moment avec la prof dans le couloir, après sa conversation avec Sam) mais il est régulièrement rattrapé par un scénario bancal: effets aléatoires de la prière, usage répété d'un bocal en verre pour enfermer un démon, héroïne qui ne se confie pas quand elle en a l'occasion, très faible bodycount pour un démon aussi terrifiant...

On ne sait également que trop penser du fond du film: l'héroïne rejette son héritage culturel dans l'espoir de mieux s'intégrer, quitte à abandonner sa meilleure amie, même si ses camarades sont plus curieux que moqueurs quand il est abordé et elle va devoir renouer avec lui pour espérer lutter contre le pishash. Néanmoins, on ne peut pas dire, du coup, que l'héritage culturel en question se manifeste de manière positive. Peut-être ne faut-il pas trop y lire, d'autant qu'en contrepartie l'histoire d'amitié qui se dessine est plutôt touchante. Megan Suri porte une bonne partie du film sur ses épaules et s'acquitte bien de sa tâche, entourée d'acteurs corrects sans plus, des ados peu creusés aux adultes bienveillants mais lisses, seule la mère jouée par Neeru Bajwa se distinguant un peu.

Ni très sanglant, ni véritablement effrayant malgré une pointe d'angoisse ici et là, Inside ne peut compter sur ses mécanismes horrifiques pour sortir du lot. Reste tout de même une curiosité liée à la culture de la famille de l'héroïne, qu'il est dommage de voir trop timidement exploitée.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 8 Septembre 2023, 23:13bouillonnant dans le chaudron "Films".