Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Cheers
Joueur de base-ball retraité et ancien alcoolique, Sam Malone est propriétaire de Cheers, un bar de Boston. Il y retrouve chaque jour Ernie "Coach" Pantusso, son barman, Carla Tortelli, serveuse teigneuse à la nombreuse progéniture incontrôlable, Norm Peterson, comptable qui fuit son travail et sa femme, ou encore Cliff Clavin, facteur au savoir sans limites, du moins le croit-il. Ce quotidien est perturbé par l'arrivée de Diane Chambers, étudiante snob qui vient d'être abandonnée par un professeur qui avait promis de quitter sa femme pour elle. Désormais serveuse aux côtés de Carla, elle détonne par sa personnalité mais ne laisse pas Sam indifférent.

Sitcom américaine à succès des années 80, créée par Les Charles, Glen Charles et James Burrows, s'étalant jusque dans les années 90 sur 11 saisons, Cheers n'aura connu en France qu'une diffusion discrète sur Série Club au début du XXIe siècle. Peut-être que les responsables des programmes hexagonaux d'alors préféraient les sitcoms plus familiales et le triomphe international de Friends une décennie plus tard n'a-t-il pas suffit à offrir de vraies séances de rattrapage. Cheers, donc, c'est le bar de Sam Malone, lieu tellement incontournable que la première saison, hors quelques plans de la ville, respecte scrupuleusement l'unité de lieu. On y retrouve ses employés, le lunaire et touchant Coach, vieil homme ayant peut-être reçu un peu trop de balles de base-ball sur le crâne pour que son cerveau n'en soit pas affecté; Carla Tortelli (Rhea Perlman), serveuse italo-américaine mal-embouchée; le patron lui-même, Sam Malone (Ted Danson), coureur de jupons et ancienne gloire des Red Sox; et la clientèle, en particulier Norm (NORM!!!!) Peterson (George Wendt), qui passe ses nuits à écluser des bières et Cliff (John Ratzenberg), facteur vivant avec sa mère et qui étale sa culture comme de la confiture. Débarque la très précieuse et égocentrique Diane Chambers et la série peut démarrer. Il faut quelques épisodes pour vraiment s'amuser, une fois que les personnages et les gimmicks sont en place, la série se suit sans vrai passage à vide, une gageure compte-tenu de sa longueur.

Les frasques amoureuses de Sam et sa relation fluctuante avec Diane constituent une bonne partie des cinq premières saisons bien que l'on suive aussi les déboires et reconversions professionnels de Norm et les problèmes familiaux de Carla, dont l'ex-mari fait des apparitions occasionnelles et remarquées dans le bar. Avec un aussi grand nombre de saisons, on ne s'étonne pas de voir quelques départs et arrivées au cœur de la distribution principale: Nicholas Colasanto, l'interprète de Coach, étant décédé après la troisième saison, la quatrième voit son personnage remplacé par Woody Boyd, jeune homme naïf venu de l'Indiana, joué par Woody Harrelson dans son premier grand rôle. La saison précédente montrait les débuts d'un psychanalyste du nom de Frasier Crane, incarné par Kelsey Grammer, d'abord comme fiancé de Diane puis comme client régulier, bientôt rejoint par sa collègue puis compagne Lilith Sternin. À l'arrêt de Cheers, Frasier volera de ses propres ailes avec tout autant de succès (John Mahoney et Peri Gilpin font chacun une apparition dans la dernière saison, dans des rôles sans lien avec ceux qu'ils tiendront dans Frasier). Enfin, le départ le plus conséquent est celui de Shelley Long, alias Diane, estimant que son personnage et sa relation avec Sam tournaient quelque peu en rond. Adieu Diane, voici Rebecca Howe, nouvelle manager du bar dont les allures de reine des glaces cessent vite de cacher une femme profondément peu sûre d'elle (et guère compétente) qui aligne les catastrophes sentimentales et professionnelles, interprétée avec un abattage impressionnant par Kirstie Alley.

En dépit de son âge vénérable et du fait que la comédie fait partie des genres qui peut vieillir le plus difficilement, Cheers tient bon la rampe et il n'est pas difficile de comprendre et son succès d'alors, et qu'elle puisse faire encore office de référence. Les dialogues sont ciselés et les bons mots fusent, les personnages sont solidement campés dès le départ tout en leur donnant une bonne marge d'évolution (le caractère de plus en plus complotiste de Cliff, l'adaptation de Frasier à Cheers et le couple qu'il forme avec Lilith, les différentes crises rencontrées par Sam ou Carla...). Même si l'on peut regretter les départs, on s'habitue finalement vite aux nouveaux venus qui arrivent à remplir des postes similaires tout en apportant des traits inédits, loin d'être des ersatz de leurs excellents prédécesseurs. Les intrigues sont des classiques de sitcoms (quiproquos, aventures amoureuses foireuses, embarras au boulot...) mais construites avec un rythme redoutable dans l'enchaînement des gags et des vannes. En dépit des rires, on peut cependant percevoir un fond assez sombre: à l'exception de Woody (heureux les innocents), aucun des personnages ne s'en tire vraiment bien (et les apparitions ou mentions dans Frasier ne rassurent pas). Malgré la dose de bonne humeur en capsule de vingt minutes, on est finalement loin d'une série gentillette sur une belle bande de potes.

La série n'est pas sans défauts. En dépit, comme dit plus haut, de bien vieillir, et si le fond fondamentalement bienveillant l'empêche d'être désagréable, certaines sous-intrigues, comme l'insistance de Sam à vouloir coucher avec Rebecca, flirtent avec le malaise bien que les scénaristes parviennent à ne jamais dépasser la limite (Sam en est non seulement régulièrement pour ses frais mais écope de quelques humiliations occasionnelles). Tous les personnages secondaires ne sont pas réussis. Pour un Harry the Hat amusant ou une Lilith dont chaque apparition est un régal, on a un Henri le Français cliché à souhait et qui n'apporte pas d'intrigues très intéressantes. La guéguerre entre Sam et Gary, le patron du bar rival, amène quelques passages amusants et une conclusion qui valait le coup d'attendre mais elle est vite lassante et ne réserve pas les meilleurs épisodes.

Pas de quoi gâcher le plaisir de ces onze saisons qui parviennent à rester de qualité homogène et à s'enchaîner sans lassitude, parvenant à restituer à l'échelle d'une série la familiarité idéale d'un bar et de sa compagnie qu'on aurait envie de retrouver chaque soir.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 7 Juillet 2023, 17:27bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".