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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle
À 23h, lors d'une réception organisée par ses parents au manoir Blackheath, Evelyn Hardcastle sera assassinée. Un homme peut démasquer le coupable et éviter la tragédie mais il doit le faire avant minuit sous peine de revivre la même journée, dans la peau d'un convive différent, jusqu'à ce qu'il ait éclairci le mystère.

Un manoir anglais dans l'entre-deux-guerres, des invités chacun plus suspects les uns que les autres, un meurtre. Voici un point de départ dont on ne compte plus le nombre de fois où il a été utilisé. Le roman de Stuart Turton a néanmoins attiré l'attention par une approche particulièrement ambitieuse et ludique. Le terme ludique n'est d'ailleurs pas innocent car dès les premières pages, j'ai eu l'impression que le jeu vidéo n'était pas loin: le narrateur a droit à plusieurs vies, une fois qu'il les a toutes épuisées, retour à la case départ. Chaque personnage qu'il incarne a des qualités à exploiter mais également des limites. Il y a des règles et une trame établies, des personnages "non joueurs" pouvant apporter des renseignements, présenter un danger ou simplement faire de la figuration, et des concurrents... Cela n'a pas été sans me rappeler, en nettement plus complexe car les différentes incarnations, évoluant dans la même journée, peuvent se croiser, Le Manoir de Mortevielle, un antique point and click auquel je jouais chez une amie dans les années 90, où l'horloge tournait lorsqu'on menait l'enquête et certains indices et personnages n'apparaissaient qu'à une heure et dans un lieu précis.

Le fait que le personnage principal se retrouve dans la peau d'un invité différent à chaque nouvelle journée plutôt que toujours le même introduit un paramètre supplémentaire, celui de boucles temporelles puisque chaque incarnation agit simultanément, peut laisser des indices à la précédente... Et avec huit lignes temporelles qui se croisent autant dire que niveau "timey-wimey", il y a de quoi rendre jaloux Stephen Moffat. Le roman n'a d'ailleurs pas été sans m'évoquer son run sur Doctor Who, pas seulement à cause du recours aux boucles mais l'idée de la journée qui se répète tant que le héros n'aura pas accompli l'action qui le libérera renvoie à l'épisode Heaven Sent et un personnage féminin présente plusieurs points commun avec River Song (elle rencontre le héros dans le désordre, possède un carnet qu'elle ne lui laisse pas voir permettant de situer où ils en sont respectivement, alliée mais potentiellement très dangereuse...). Difficile de ne pas soupçonner une influence de la série, bien plus que d'Un jour sans fin évoqué en quatrième de couverture.

Influence ou non, Turton maîtrise son récit. On craint un instant qu'il ait lancé trop de pistes pour parvenir à tout boucler, il y parvient tout en multipliant les révélations au point de friser la saturation. Cette virtuosité dans la construction a cependant un revers: les personnages manquent de corps puisqu'ils manquent littéralement de réalité. Par exemple, Sebastian Bell, première vie utilisée par le narrateur, aurait pu être un protagoniste à part entière: amnésique, découvrant qu'il était un triste sire mais décidé à mieux utiliser le nouveau départ que lui cause sa perte de mémoire... Il sera laissé à l'abandon à la fin de sa journée tandis que celui qui l'habite poursuit son enquête dans un autre corps.

Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle revisite brillamment le thème éculé du meurtre dans une grande demeure british, tient en haleine jusqu'au bout grâce à une intrigue tarabiscotée mais qui parvient à faire sens mais on est contraint de garder une certaine distance par rapport aux personnages que l'on voit évoluer.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 10 Mars 2021, 22:12bouillonnant dans le chaudron "Littérature".