Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Règlement de comptes
--> It's Noirvember!
Après le suicide d'un officier de police, le sergent Dave Bannion découvre que le défunt était corrompu, ainsi qu'une bonne partie de ses collègues, au profit d'un gangster aux ambitions politiques, Mike Lagana. Le combat de Bannion est désespéré et lui et son entourage vont payer son intégrité au prix fort mais sa détermination à faire tomber Lagana n'en sera que plus forte.

Réalisé par Fritz lang vers la fin de sa période hollywoodienne, Règlement de Comptes propose une intrigue partant d'un point de départ pour le moins bateau (un flic honnête contre un gros bonnet de la pègre) pour un résultat qui ne manque pas d'intérêt et de scènes marquantes. Le film frappe particulièrement par sa dureté. Passée l'ouverture sur un suicide (hors-champs, comme toutes les grosses démonstrations de violence de ce film, ce qui n'en atténuera pas pour autant la cruauté), l'histoire se déroule dans le première tiers sur un rythme tranquille, suivant Bannion aussi bien dans son enquête que dans sa petite vie familiale, qu'il partage avec une épouse aimante et complice et une fille encore très jeune.

Bannion laisse néanmoins transparaitre une brutalité certaine lors de sa première rencontre avec Lagana avant le premier passage où l'histoire bascule vraiment et le protagoniste, tout d'abord motivé par un solide sens de la justice, va continuer sa croisade au nom de la vengeance personnelle, au risque évidemment d'adopter un comportement que ne renieraient pas ses ennemis... sans aller jamais jusqu'au meurtre, néanmoins, mais peu sans faut. Cette figure du justicier violent a été largement exploitée depuis lors en allant plus loin mais le thème n'en reste pas moins bien exploité, et le parcours de Bannion est l'occasion de croiser quelques personnages inoubliables.

Glenn Ford, comme je l'ai dit dans ma critique de Gilda (on a d'ailleurs un clin d’œil musical à ce film) n'est pas ma tasse de thé, mais là encore le rôle lui convient bien: il fait suffisamment ordinaire pour coller à Bannion avant le drame qui le touche, et suffisamment costaud pour qu'ensuite sa violence difficilement maîtrisée inquiète. En face de lui, son double négatif, à la violence pas du tout maîtrisée pour le coup: un tout jeune Lee Marvin campe Vince Stone, homme de main de Lagana et annonce son Liberty Valance, volontiers sadique envers ses victimes mais prompt à battre en retraite et s'écraser face à son patron ou Bannion, bref, une pourriture d'anthologie qui va laisser sa marque dans tous les sens du terme. Pour incarner Lagana, Alexander Scourby est tout en fausse amabilité. Ce sont toutefois les personnages féminins qui se détachent et si les pauvres souffrent pour la plupart, difficile d'oublier leur personnalité.

Selma Parker, la vieille infirme, est celle que l'on voit moins mais elle joue une part importante et désintéressée pour aider Bannion. Jocelyn Brando n'aura pas eu la renommée de son petit frère mais elle est excellente dans un rôle a priori limitée de ménagère. Jeannette Nolan est impressionnante en veuve pas franchement éplorée du suicidé du début, avide de tirer profit de la corruption de ce dernier, sans aucun états d'âme. Néanmoins, c'est vraiment Gloria Grahame qui sort du lot dans le rôle de Debbie, la maîtresse au départ frivole de Vince Stone qui va découvrir à la dure jusqu'où peut aller son gangster de petit-ami lors de ce qui est sans doute la scène la plus connue du film qui implique une cafetière. Un personnage tragique et touchant loin des séductrices vénéneuses et qui va aider Bannion, se salissant les mains quand le statut de héros du policier l'en empêche pour finalement faire goûter à Vince Stone sa propre médecine.

Tout au plus pourrait-on reprocher au film de ne pas être ce que Lang a proposé de plus fort d'un point de vue visuel (bien que réalisé au cordeau et intelligemment, il n'y a pas de plan qui claque vraiment), un maquillage un peu lourd pour Debbie dans sa dernière scène et que pour une peinture de la corruption de la police, seul le commissaire est réellement pourri, le supérieur direct de Bannion est surtout inquiet pour sa retraite (et son épouse le convaincra de mettre ce soucis de côté pour aider Bannion, décidément les femmes dans ce film font 90% du boulot!).

Règlement de comptes n'en reste pas moins fascinant par la violence sèche qui s'en dégage et son intrigue sombre qui n'épargne pas grand ses personnages charismatiques.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 29 Novembre 2019, 17:46bouillonnant dans le chaudron "Films".