Après avoir conduit à bon port un convoi de pionniers en Oregon, Dick Summers, se languissant des montagnes, décide d'y retourner. Accompagné de Hig, il retrouve Teal Eye, la femme de Boone Caudill qui vit désormais seule avec son fils.

Dans un si beau pays commence où La Route de l'Ouest s'achève mais plusieurs décennies séparent l'écriture de ces deux romans. Cela explique peut-être pourquoi le ton de ce troisième tome (dans l'ordre chronologique de l'histoire) est légèrement différent des deux précédents, tout en étant dans la continuité logique de ces derniers.

On retrouve cette description de la vie dans une nature encore sauvage mais où les pionniers affluent de plus en plus, des protagonistes solitaires fuyant les villes en devenir pour mener une existence retirée avec une épouse indienne, néanmoins, encore plus qu'avant, on décrit la fin d'un monde. On retrouve également Boone Caudill, et A.B. Guthrie ne se soucie guère de redorer son blason après sa conduite dans la dernière partie de La Captive au Yeux Clairs.

Longtemps mentionné et projetant une ombre sinistre, Caudill retourne pour rencontrer son sort rapidement, sans gloire et sans que l'on s'y attarde. De manière compréhensible, la sympathie de l'auteur va davantage à Summers et Teal Eye, ce qui ne les préserve pas des avanies de l'existence et de la conquête de l'Ouest: la ruée vers l'or, l'appropriation des terres des Blackfeet, tout cela va finir par les rejoindre malgré eux jusqu'à un final sanglant. On n'est désormais plus dans la découverte d'un pays, de ses beautés et de ses dangers mais de son exploitation pure et simple, aux dépens de ceux qui y sont déjà et ne peuvent lutter contre la maladie, l'armée, et le manque de nourriture planifiée ou liée au gâchis le plus stupide.

Dans un si beau pays est donc un adieu amer de Guthrie à ses personnages, plus cru que les deux premiers tomes mais sans perdre leur puissance d'évocation.