Ali, Brian et Dan sont trois policiers très différents mais qui forment une équipe solide au sein de la police du Cap. Lorsqu'une jeune fille de bonne famille est retrouvée sauvagement assassinée, ils plongent dans une enquête qui va faire ressurgir des squelettes laissés dans le placard.

Basé sur un roman de Caryl Ferey, ce film de Jérôme Salle est une des bonnes surprises de l'année. L'action démarre doucement avec une intrigue policière classique, un trio d'enquêteurs avec des personnalités tranchées: le Noir ayant souffert durant l'Apartheid mais décidé à pardonner à ses bourreaux, le Blanc fils d'un procureur durant cette période qui noie son héritage difficile dans un comportement autodestructeur, et le bon père de famille. Tout bascule après environ un quart d'heure, avec une scène d'une brutalité sèche sur une plage paradisiaque. À partir de là, la tension ne retombe pas, et on s'inquiète vraiment pour les personnages principaux et leur entourage qui en bavent et dont on ne sait pas s'ils en réchapperont.

L'aspect thriller est donc bien mené, même si l'enquête en elle-même et sa solution est finalement plutôt classique. On peut regretter aussi certains éléments un peu convenu: on passe des townships aux villas de luxe comme pour donner un aperçu exhaustif de la société sud-africaine, mais c'est à croire que la classe moyenne, en dehors des flics, n'existe pas. La conversation des trois collègues sur la réconciliation post-Apartheid est assez artificielle, chacun exprimant un point de vue que les autres doivent connaître, depuis le temps qu'ils se fréquentent ("on aurait dû leur faire payer", "mais non, Mandela a dit qu'il fallait pardonner"), l'exemple même de la scène surtout là pour le bénéfice du spectateur, mais un peu forcée, bien qu'elle trouve sa justification dans les dernières minutes.

L'interprétation contribue néanmoins fortement à la qualité du long-métrage, Forest Whitaker campant parfaitement son personnage de faux calme, tandis qu'Orlando Bloom s'offre un joli contre-emploi. Il avait déjà su jouer la carte de l'autodérision notamment avec Extras, ce qui est toujours un bon moyen de s'attirer les faveurs à la fois de ses fans et de ses détracteurs. En flic doué mais destroy, il est crédible (même s'il a un corps singulièrement affuté pour un homme à la vie aussi dissolue, et il ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination!). Le personnage en lui-même ne se démarque pas par son originalité, certes, mais voir Bloom dans ce type de rôle fait plutôt du bien. Quant aux autres acteurs, que je ne connais pas, ils sont tous au diapason.

Un bon petit polar bien sombre et tendu qui vaut surtout pour ses acteurs et le contexte de l'histoire.