Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Vorace
John Boyd est promu capitaine sur un malentendu, après s'être taillé une réputation de héros alors qu'il commettait en fait un acte de lâcheté. Pas dupe, son supérieur le mute dans un fort perdu dans la montagne. En compagnie de sa poignée de nouveaux camarades, Boyd recueille un voyageur qui prétend avoir échappé à un terrible cannibale.

Lorsque ce film d'Antonia Bird est sorti sur les écrans en 1999, je me souviens avoir été intriguée par le contexte de base (un film horrifique dans un cadre western - je traversais une grande période westerns), et très rebutée par l'affiche française d'une rare laideur. Par la suite, sans être carrément culte, Vorace fait partie de ses métrages que le peu de gens qui l'ont vu ont tendance à énormément apprécier. Ce qui m'a toujours fait freiner au visionnage vient au fait que cela traite de cannibalisme, un thème qui me dérange profondément et qui a tendance à me bloquer. Raison pour laquelle je ne me suis jamais lancée dans les aventures d'Hannibal Lecter, qu'elles soient sur papier, grand ou petit écran ou que je ne suis absolument motivée pour vérifier par moi-même si Grave est le film de genre français que tout le monde attendait ou une baudruche prétentieuse. On se passera de mon opinion sur la question.

Ce n'est pas non plus un rejet total qui cacherait un traumatisme provoquant une panique ou un malaise au visionnage d'une scène de cannibalisme. Je n'ai pas sourcillé devant Sweeney Todd, j'ai apprécié la saison 3 de Channel Zero malgré son thème, et j'ai grandement apprécié le traitement de The Terror sur la question, qui évitait tout grand-guignol. En fait, c'est The Terror, l'expression actuelle de ma monomanie, qui m'a convaincue d'enfin sauter le pas et regarder Vorace. On pourrait d'ailleurs souligner quelques points communs entre les deux œuvres: l'époque est exactement la même, on a un petit groupe isolé dans une nature âpre, un microcosme militaire, un monstre lié à la mythologie locale, et le seul personnage féminin est une autochtone qui ne dit pas grand chose mais n'en pense pas moins. Il y a aussi des similitudes dans l'approche du cannibalisme, à la fois moyen de survivre et d'obtenir un pouvoir sur les autres. Mais assez parlé de The Terror, on est là pour causer de Vorace après tout.

Le cannibalisme est ici traité presque comme du vampirisme: il permet de survivre, de devenir plus fort (et il ne s'agit pas là d'un effet placebo: on aura du mal à tout rationaliser, ce qui n'est pas nécessaire), mais crée une accoutumance et celui qui initie les autres obtient un pouvoir sur eux. L'affrontement entre Colqhoun, qui assume sa monstruosité, et Boyd, qui lutte contre lui mais dont la lâcheté le rend vulnérable à la tentation, est fascinant et particulièrement bien servi par les acteurs. Robert Carlyle évite de sombrer dans le cabotinage facile et alterne entre moments hallucinés et passages où il peut se montrer charmant et tout à fait équilibré en apparence. En face, Guy Pearce pourrait paraître fade mais sa performance colle bien à son personnage de couard.

Le reste du casting est restreint mais chacun y trouve sa place. David Arquette est peut-être le moins marquant en adapte de l'herbe qui fait rigoler, Jeffrey Jones a un rôle surprenant dans son ambivalence et Neal McDonough a une bonne tête de psychopathe qui fait regretter que son personnage n'ait pas davantage de temps à l'écran. Certaines scènes ne sont pas dépourvues d'humour sans pour autant tomber dans la gaudriole et d'autres sont remarquables de tension comme la découverte de la grotte et de ce qui s'y trouve. On introduit aussi tout un sous-texte sur l'expansion des États-Unis, pas toujours très finement certes, mais jamais avec lourdeur non plus.

Le cadre naturel autour des personnages est également bien exploité et il faut notamment souligner la qualité de la bande originale signée Damon Albarn et Michael Nyman qui participe énormément à l'ambiance de l'ensemble.

Vorace n'a décidément pas usurpé sa réputation de petit chef-d’œuvre discret, sanglant comme il se doit vu son sujet sans sombrer dans le grand-guignolesque non plus, et il est dommage qu'Antonia Bird, qui nous a hélas quitté en 2013, n'ait pas bénéficié de davantage de notoriété considérant sa filmographie intéressante.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 8 Juillet 2018, 14:12bouillonnant dans le chaudron "Films".