Fabien a tué dans l’œuf le complot de Rohan, mais le Roi-Soleil a encore fort à faire face aux manœuvres de Guillaume d'Orange. À cela viennent s'ajouter les rivalités au sein de sa cour, et son frère Philippe qui rechigne à y revenir.

On peut dire que la série Versailles partait de très loin avec son aspect clinquant masquant mal le manque de moyens, des dialogues artificiels, une vision très fantaisiste des événements, des personnages secondaires improbables et un premier épisode qui s'achevait sur une note tellement invraisemblable qu'on ne pouvait pas en vouloir aux spectateurs qui auraient décidé d'arrêter immédiatement les frais. Et pourtant, malgré tous ses défauts, la première saison se bonifiait, ou plutôt on commençait à s'habituer suffisamment à ses faiblesses pour se détendre devant sans rien en attendre et apprécier ses quelques qualités (Alexander Vlahos, principalement, mais aussi Alexander Vlahos).

Cette nouvelle saison, sans être une réussite, continue sur cette lignée et parvient même à gommer certains problèmes.

On commence par évacuer en vitesse le cliffhanger superflu concernant le Dauphin pour passer à autre chose, les personnages les moins crédibles (le jardinier philosophe et Claudine - même si elle parvenait à s'intégrer bien mieux à l'histoire, il faut le reconnaître, et j'aime bien l'actrice) sont conduits vers la sortie et on part sur des intrigues un peu plus intéressantes: relations internationales, affaire des poisons, notamment. L'arrivée de la Palatine apporte un vent de fraîcheur et l'actrice est attachante (bien que comme d'habitude, beaucoup trop jolie pour le rôle. Et on s'amusera à voir Harry Haden-Patton et Pip Torrens à couteaux tirés quelques mois après leurs bisbilles autour du poste de secrétaire particulier de la reine dans The Crown.

Évidemment, cela ne veut pas dire que la série se transcende et devient un drame en costume incontournable. On a du mal à voir un Versailles encore en pleins travaux, où les courtisans venus de toute la France s'entassent dans des placards pour s'attirer les faveurs du Roi malgré leurs châteaux en province. Le personnage de Sophie, mariée à Cassel pour servir d'espionne, ne fera rien de la saison en rapport avec sa tâche, et les dialogues ont du mal à sonner vrais. Quant à l'ascension de la Maintenon, elle est amenée de façon trop chaotique pour convaincre et aurait mérité plus de soin.

Mais voilà, il y a le trio formé par Philippe, la Palatine et le Chevalier de Lorraine, il y a les toujours solides Bontemps et Fabien, et le tout est tellement fantaisiste qu'on ne cherche même plus vraiment à râler parce que ce n'est pas comme ça que ça s'est passé en vrai. C'est du plaisir coupable peut-être, mais un petit plaisir qui ne se refuse pas.