Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Upstairs, Downstairs (2010), saisons 1 et 2
--> Maîtres et Valets, le retour
Début 1936, alors que George V est mourant, Agnès et Hallam Holland s'installent au 165 Eaton Place, dans le quartier londonien chic de Belgravia. Ils engagent Rose Buck, qui a servi des années la famille Bellamy à la même adresse, et la chargent d'engager des domestiques. Hallam, qui travaille pour le Ministère des Affaires Étrangères, est un témoin privilégié de l'évolution inquiétante de la situation internationale, mais tous les membres de la maisonnée s'en trouvent finalement affectés.

Soit hasard du calendrier, soit retour de certaines tendances, soit volonté affichée de surfer sur le succès d'une série concurrente, la BBC et ITV se retrouvent de temps en temps à proposer des programmes comparables en apparence: Primeval lancée par ITV après le succès du retour de Doctor Who, The Paradise d'un côté, Mr Selfridge de l'autre... Apparemment, relancer Upstairs, Downstairs était un souhait de longue date des co-créatrices Eileen Atkins et Jean Marsh, toujours est-il que cette nouvelle mouture, chapeautée par Heidi Thomas, s'est retrouvée sur la BBC à la même période que Downton Abbey débutait sur ITV, et cela ne lui a pas vraiment profité (l'ironie de la chose étant que la version originale d'Upstairs, Downstairs était diffusée dans les années 70 sur ITV, et que Downton Abbey lui doit beaucoup).

Upstairs, Downstairs 2010 partait avec un handicap double: devoir soutenir la comparaison aux yeux des nostalgiques de la série des années 70, le tout en une première saison de seulement trois épisodes, ce qui est court pour familiariser les spectateurs à toute une galerie de personnages, mais donc aussi avec Downton Abbey qui d'entrée de jeu frappait fort par sa mise en scène soignée et son esthétique. Après une première saison si brève qu'elle pouvait donner l'impression de seulement sonder le marché et plus d'un an d'attente, une deuxième saison a vu le jour, d'une durée plus standard de six épisodes, avant annulation. Ce qui est fort dommage, car loin d'être un pale succédané des deux autres séries, Upstairs, Downstairs 2010 s'avère d'un excellent niveau et mérite d'être redécouverte. Peut-être parce que l'original m'a intéressée sans pour autant m'impliquer énormément (j'ai été plus émue de revoir le 165 Eaton Place au début de la version 2010 que de le quitter dans la série précédente) et parce que si j'aime beaucoup Downton Abbey, des défauts m'apparaissaient dès la première saison et les dernières tiraient franchement à la ligne, le sujet de cet article ne partait pas avec un héritage trop pesant.

Si pour ce qui est de la mise en scène on est dans ce que la télévision des années 2010 peut proposer mais sans valeur ajoutée (en revanche le nouvel intérieur art déco de la baraque est sublime), la série bénéficie d'un contexte passionnant: la première saison couvre l'Année des Trois Rois et le deuxième épisode évoque Oswald Mosley et la bataille de Cable Street tandis que la seconde débute au moment des accords de Munich pour s'achever alors que la Seconde Guerre Mondiale commence. La profession de Hallam Holland et le fait que l'action se passe à Londres permettent de croiser des figures historiques, de Wallis Simpson à Neville Chamberlain en passant par Anthony Eden, Lord Halifax, Joseph et Jack Kennedy, Cecil Beaton et surtout le duc de Kent, jeune frère d'Edward VIII et George VI, qui est un personnage régulier. Avec un nombre réduit d'épisodes, on avance vite et si l'on peut regretter la disparition trop rapide de certains personnages, on évite des sous-intrigues qui se traînent ou tournent en rond.

En cela, la version 2010 ressemble à son modèle où les personnages défilaient et où les situations étaient vite posées et réglées. Un autre point commun est que les protagonistes ne font pas les choses à moitié quand ils se conduisent mal. L'exemple le plus frappant est évidemment Lady Persephone, qui peut être considérée comme "la méchante" de l'histoire, et il faut tout le talent de Claire Foy pour nous vendre cette véritable vipère (qui arrive cependant à faire pitié par moment), mais personne n'est à l'abri de commettre des énormités, et Hallam l'illustre bien, en étant d'un côté un des personnages les plus lucides sur la situation politique et de l'autre se montrant en saison 2 d'une hypocrisie sans bornes. Ce n'est cependant pas rebutant, notamment grâce à une distribution réussie. On ne va pas tous les nommer, mais Eileen Atkins apparait enfin devant la caméra dans le cadre de la première saison tandis que Jean Marsh reprend le rôle de Rose Buck (hélas, suite à une attaque entre les deux saisons, elle est beaucoup moins présente dans la seconde), Alex Kingston nous offre encore un joli numéro d'archéologue qui se moque des conventions, et Blake Riston s'illustre également en duc de Kent.

Malgré son annulation, Upstairs, Downstairs boucle ses différentes sous-intrigues dans son ultime épisode, mais les possibilités entrevues pour une suite ont de quoi frustrer: le 165 Eaton Place durant le Blitz, avec Agnès en ambulancière et Blanche membre de la Brigade des Pompiers, Hallam écuyer à Buckingham pour continuer d'assurer le lien entre petite et grande Histoire, Spargo et Johnny au front, et puisque le duc de Kent était un personnage récurrent, le crash de son hydravion en 1942 aurait aussi pu être abordé...

Le contexte de la série et son annulation prématurée ne sont pas sans évoquer The Halcyon (diffusée sur... ITV), et on ne peut que déplorer dans les deux cas ce rendez-vous manqué. Mauvais timing dans la diffusion, ainé trop encombrant, chaînes saturées de séries en costume et public à l'avenant? Peu importe mais les neuf épisodes existants sont suffisamment riches et solides pour mériter qu'on leur accorde l'intérêt qui leur a manqué il y a quelques années.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 24 Décembre 2017, 14:29bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".