Juin 1940. Villeneuve est un village paisible dans le Jura, à peine inquiété par le front à une centaine de kilomètres de là. Jusqu'à ce que les chars allemands arrivent. Différents habitants du village vont chacun à leur manière réagir à cette Occupation.

Commencée en 2009, Un Village Français est une série historique diffusée sur France 3, et surprenait par ses ambitions sur une chaîne qui avait habitué les spectateurs à des programmes plus pantouflards. Si l'Occupation a été traitée à de nombreuses reprises et sous divers angles, la volonté des scénaristes est de se pencher sur la vie quotidienne de gens ordinaires pour qui il n'y avait pas de choix évidents entre collaboration et résistance et qui cherchaient avant tout à survivre à la situation. Cette première salve de six épisodes (les deux premières saisons sont en fait une saison de douze épisodes qui a été coupée en deux) est en tout cas prometteuse même si elle n'est pas dénuée de défauts.

On pourra notamment déplorer une réalisation très plate, qui tue souvent la tension, surtout en début de saison: les événements s'enchaînent dans le premier épisode sans véritablement donner une impression de danger, ce qui est un peu gênant. Certaines ellipses, même si elles sont nécessaires, sont assez brutales, comme les douze jours séparant les deux premiers épisodes, durant lesquelles un gamin livré à lui-même dans la nature va survivre sans trop de problème et être accueilli calmement par des parents l'assurant que vraiment, ils étaient morts d'inquiétude à son sujet.

Le jeu d'acteurs est variable, bon dans l'ensemble mais avec quelques ratés, en particulier l'actrice jouant l'institutrice, dont je ne sais pas si la mollesse insupportable est volontaire ou non. Certaines répliques de Robin Rennucci en début de saison semblent lancées sans grande conviction, mais par la suite a l'air de s'être totalement approprié son rôle, peut-être plus à l'aise en maire qu'en médecin.

Le scénario malgré quelques faiblesses s'avère néanmoins plutôt habile en amenant des personnages variés pour brosser à peu près toutes les situations. Si les salauds et les futurs résistants commencent à émerger, pour l'instant, rien n'est simple, le personnage de Daniel Larcher étant par exemple amené à collaborer d'une manière qui semble naturelle au spectateur. Les choix ne sont pas évidents et la façon dont les personnages agissent logiques dans leur but de vouloir "limiter les dégâts".

Si on sent un peu qu'on manque encore d'assurance dans le domaine de la fiction historique chorale, la première saison pose des bases intéressantes.