Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The War of the Worlds (BBC 2019)
George, journaliste, et Amy, passionnée d'astronomie, mènent une vie paisible malgré la désapprobation de la bonne société edwardienne concernant leur relation hors-mariage. Leur quotidien est néanmoins perturbé quand, peu après ce qui ressemblait à une explosion observée à la surface de Mars, un étrange objet atterrit dans le Sussex.

Cette adaptation du roman d'HG Wells n'est évidemment pas la première. D'ailleurs, après être restée un moment dans les cartons de la BBC, elle a été diffusée quasiment en même temps qu'une coproduction entre la FOX et Canal+. Cette dernière a transposé l'action à notre époque, comme les versions les plus connues, celle de Byron Haskin en 1953 et bien sûr le film de Steven Spielberg dans les années 2000, chacune reflétant les préoccupations du moment. Du coup, un des intérêts de la mouture de la Beeb (chapeautée par Peter Harness, à qui l'on devait l'excellente adaptation de Jonathan Strange & Mr Norrell et quelques épisodes de Doctor Who... moins excellents) était de replacer l'intrigue avant la Première Guerre Mondiale, non pas carrément à l'époque victorienne comme dans l'oeuvre originale mais au moins edwardienne. Cela ne change pas tellement le contexte que ce soit pour présenter un Empire britannique encore à son apogée ou les moyens de communication d'alors, de dépeindre comment on appréhende l'arrivée de Martiens belliqueux quand on n'a pas été biberonné aux films traitant de ce type de problèmes etc.

L'adaptation prend néanmoins quelques grosses libertés avec le texte, notamment en développant les protagonistes, à peine esquissés dans le roman, en s'inspirant de la vie de Wells. George, joué par Rafe Spall, est donc un journaliste qui a abandonné son épouse pour une jeune femme nommée Amy (Eleanor Tomlinson, qui retrouve un rôle assez voisin de celui tenu dans Poldark d'héroïne dégourdie et pleine de bonne volonté mais que la bonne société regarde en fronçant le nez). Si George correspond au narrateur du livre, peu à peu le personnage central se révèle bien Amy.

La charge contre l'impérialisme présente dans le roman n'est pas oubliée en chemin, de manière plus ou moins appuyée: le discours exalté d'un politicien au moment le plus inapproprié et sa punition immédiate pourront faire rouler des yeux mais le refus de certains personnages d'envisager que les Martiens aient pu être vaincus par autre chose que la volonté divine et le courage des soldats britanniques fonctionne davantage. Sans être éblouissants, les effets spéciaux sont corrects pour un budget qu'on imagine modeste, il y a quelques scènes réussies (celle sur la plage qui évoque forcément Dunkerque, le passage horrifique dans la cuisine), on ne rechigne pas à montrer la cruauté du sort de quelques personnages, et c'est correctement joué bien que des acteurs comme Robert Carlyle jouent les utilités (notons que Harry Melling, par un hasard de programmation, a squatté les écrans de la chaine pour une soirée avec une apparition dans un épisode de His Dark Materials puis là, donc).

Pourtant la sauce ne prend pas vraiment pour autant: la faute au découpage que j'ai vu, de deux épisodes d'1h30 là où le montage de la BBC, correspondant à l'écriture, était de trois épisodes d'1 heure? Cela peut en partie expliquer un rythme en dents de scie et un côté répétitif dans les flash-forwards, forcément mieux répartis sur trois épisodes espacés d'une semaine, mais seulement en partie. Le tout reste trop sage avec une mise en scène sans grand éclat et parfois redondante: je comprend l'effet de tétanie, mais voir à plusieurs reprises les personnages rester plantés comme des buches et lever la tête vers les tripodes était agaçant, quand bien même on comprend l'insouciance de départ face à la menace (à l'époque edwardienne, ça ne parait pas aberrant de voir le hobereau du coin gérer le déterrage du bidule tombé du ciel là où dans une version actualisée on aurait un périmètre de sécurité établie et bien gardé).

Replacer La Guerre des Mondes durant la période des crinolines, des chapeaux hauts de forme et d'un Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais était une bonne initiative et le résultat n'est pas honteux, mais pas vraiment marquant non plus, hélas.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 6 Décembre 2019, 22:14bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".