Crozier décide d'interroger Lady Silence au sujet de la créature qui les menace, mais malgré les progrès qu'a accompli Goodsir pour lier contact avec la jeune femme, le capitaine la trouve trop peu coopérative. Goodsir de son côté continue de s'interroger sur les symptômes qui accablent certains membres de l'équipage.

L'hiver arctique est là et fait passer celui qui s'est abattu sur Westeros dans les dernières saisons de Game of Thrones pour un doux printemps: orteils gelés et amputés, blizzard, peau de la main arrachée après un bref contact avec du métal... Malheureusement pour nos pauvres marins, ce n'est que le moindre de leurs problèmes.

Après qu'on ait laissé hors-champ le Tuunbaq, préférant jouer à fond sur la suggestion, cet épisode tranche en prenant le parti, pour la première fois, de le montrer frontalement. Certes, très rapidement, et dans une sacrée purée de pois, mais ce premier contact permet d'être un peu rassuré sur son apparence, tout en craignant tout de même qu'il passe moins bien en cas de plan prolongé et plus exposé (et comme dans le livre je suis un peu étonnée qu'une bestiole aussi mastoc puisse atteindre certains endroits). Quoiqu'il en soit la deuxième partie de l'épisode nous offre une scène d'affrontement pleine de tension mettant à l'honneur Thomas Blanky, qui se pose comme le dur-à-cuire n°1 de la bande. S'il n'en sort pas indemne, il permet de remettre les pendules à l'heure du côté de chez Crozier.

On pourrait presque dire que Crozier est à son plus bas dans cet épisode, et qu'il ne peut désormais que remonter, mais considérant les avanies encore à venir, ce serait peut-être s'avancer. L'épisode marque néanmoins une étape importante dans son évolution, puisque après avoir été l'officier raisonnable dans un premier temps, ses premiers pas comme chef de l'expédition auront été peu probants, et son alcoolisme le conduit à se couper encore davantage de son équipage et même perdre patience face à Lady Silence (dont le fait qu'elle puisse sortir de son mutisme au besoin a le mérite de lui donner l'occasion de dire ses quatre vérités à Crozier - un discours qui porte davantage que celui de Franklin dans The Ladder puisque vraiment fondé, ce coup-ci). Le sort de Blanky, son meilleur soutien et seul ami à bord, est le coup de semonce dramatique mais nécessaire pour qu'il se reprenne en main et puisse enfin vraiment gagner ses galons de commandant.

L'évolution de Fitzjames face à lui est plus discrète mais également plaisante, puisque les manques de son supérieur le poussent à davantage mettre en avant son côté fiable, et le godelureau avide de gloire des débuts laisse place de plus en plus à quelqu'un de compétent qui se soucie de limiter la casse. Goodsir continue d'être trop doux pour ce monde mais commence à s'affirmer aussi, capable de sarcasme vis-à-vis du Dr Stanley ou de montrer qu'il n'est pas dupe face à flatteries de Hickey. Quant au pauvre Jacko, il est bien parti pour finir en hommage au singe des Aventuriers de l'Arche Perdue.

Le récit continue donc d'avancer efficacement et sans gras, et je suis curieuse de voir si avant de se lancer dans le dernier acte, l'adaptation ne fera pas l'impasse sur un des passages les plus curieux du roman. Hélas, étant donné la diffusion particulière de la série, on n'aura peut-être pas la réponse avant au moins quinze jours.