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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Lighthouse
À la fin du XIXe siècle, deux hommes sont envoyés garder un phare dans une île au large de la Nouvelle-Angleterre. Thomas, expérimenté, et Ephraïm, dont c'est la première affectation dans cet emploi, vont devoir vivre ensemble pendant plusieurs semaines. Coupés du reste du monde, leur cohabitation va devenir de plus en plus compliquée.

Il y a de cela bientôt cinq ans, Robert Eggers s'était fait remarquer avec The VVitch, son premier long-métrage, centré sur une famille de puritains confrontée à la sorcellerie dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIe siècle. On retrouve dans The Lighthouse un nombre de personnages réduit, livrés à eux-même en pleine nature, un fantastique ténu et la déliquescence mentale des protagonistes perdus dans un climat âpre. Eggers poursuit encore plus dans la recherche plastique: The VVitch était déjà joli à regarder dans le genre lugubre, The Lighthouse bénéficie d'un superbe noir et blanc (et d'un format 4/3 à l'ancienne), sans parler d'un travail sur le son impressionnant. J'ai malheureusement raté la sortie du film en salle, mais c'était déjà remarquable dans mon salon, dans des conditions de diffusion optimum ça doit être quelque chose.

Quasiment seuls en scène, Willem Dafoe et Robert Pattinson se font face sans qu'aucun ne fasse d'ombre à l'autre, incarnant des personnages qui recèlent leur part de mystère et de folie: il n'est pas question ici de transmission entre le vieux et le jeune, Thomas garde jalousement ses prérogatives de gardien de phare en accablant Ephraïm de toutes les besognes pénibles, Epraïm, soucieux de bien faire au départ, dévoile peu à peu un lourd secret et devient la proie d'hallucinations de plus en plus dérangeantes.

Reste qu'il n'est pas aisé de tenir presque deux heures avec une intrigue finalement minimaliste et l'ennui guette parfois entre deux scènes de beuveries - qui laissent croire à une fraternisation qui ne dure pas - malgré une ambiance qui reste quant à elle toujours oppressante. De plus, The Lighthouse fait partie de ces films qui lancent des pistes d'interprétation mais se garde bien d'apporter de réponses nettes: parce qu'il est trop riche ou profond pour le faire ou parce que, dirons les mauvaises langues, le scénariste-réalisateur n'est pas lui-même capable de choisir ce qu'il veut raconter...

On peut y voir une relecture du mythe de Prométhée, avec un Ephraïm avide d'accéder au sommet du phare que lui interdit Thomas, et s'approcher de la flamme qui guide et protège les hommes? La dernière image tend à confirmer ce propos mais on peut aussi y voir un constat amer sur l'incapacité des hommes à vivre ensemble alors que la dureté de leur existence devrait au contraires les inciter à la solidarité: Thomas mène d'entrée la vie dure à Ephraïm tandis que celui-ci n'est pas aussi fréquentable qu'il s'en donne l'air.

The Lighthouse n'est donc pas sans défauts mais ce long cauchemar montre en tout cas qu'Eggers a su garder la singularité qui transpirait déjà de son premier film, tout en montant d'un cran dans l'esthétisme. De quoi continuer d'être curieux pour la suite.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 6 Septembre 2020, 21:55bouillonnant dans le chaudron "Films".