Royston Vasey vit ses dernières heures: la petite ville va être absorbée par les agglomérations voisines. Bernice, désormais mairesse, n'entend pas perdre son poste et la place de parking gratuite qui va avec. Edward et Tubbs, de leur côté, prennent des mesures radicales pour que la localité reste locale.

À l'exception de The League of Gentlemen's Apocalypse, un film méta hors continuité, et une tournée sur les planches, tous deux datant de 2005, les personnages de The League of Gentlemen avaient été laissés de côté par leurs créateurs depuis la fin de la saison 3, en 2002. Quinze ans plus tard, Mark Gatiss, Steve Pemberton, Reece Shearsmith et Jeremy Dyson ont repris du service pour trois épisodes spéciaux, fêtant les vingt ans, non pas de la création du groupe ou de la série télévision, mais de la déclinaison radiophonique de leurs sketchs.

La saison 3 s'essayait à une construction différente des précédentes avec un bonheur inégal. Ces épisodes anniversaires reviennent aux bases, que ce soit dans l'enchaînement des scénettes tout en gardant un semblant de fil rouge, le générique d'ouverture... Seuls les rires enregistrés appartiennent définitivement au passé. Ces épisodes semblent par moment faire l'impasse sur les événements de la saison 3 (Edward et Tubbs ont survécu, Charlie ou Brian sont à nouveau libres, les conséquences de l'escapade londonienne de Geoff sont oubliées...) et pourtant, quelques lignes de dialogues et la fin montrent qu'il n'y a pas eu de retcon complet. Cela étant, la série n'a jamais prétendu à la moindre logique, au contraire, et il serait vain de reprocher aux auteurs de trahir la continuité au gré de leurs envies.

Les acteurs, comme leurs personnages, ont pris quinze ans et quelques rides, mais n'ont aucun mal à se glisser à nouveau dans la peau des habitants de Royston Vasey, toujours égaux à eux-même malgré quelques changements. On joue toujours sur les classiques de l'horreur, notamment avec la visite de Benjamin suite au décès de l'oncle Harvey, dont il n'est pourtant pas encore définitivement débarrassé, ou le sort que les Tattsyrup réservent à ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin (intrigue qui amène un petit caméo inattendu de David Morrissey), le mauvais goût est toujours de mise, mais certains arcs sont plus touchants, comme celui concernant Pauline.

Avec seulement trois épisodes, soit la moitié d'une saison, à peine a-t-on retrouvé ses marques que l'on doit à nouveau dire adieu à la petite bande, sans savoir jusqu'à quand, ni si le destin de quelques protagonistes mal engagés est définitif (pour certains cela semble dur de revenir, mais c'était déjà le cas d'Edward et Tubbs, donc tout dépend finalement de l'inspiration du quatuor).

Les suites tardives sont risquées, encore plus dans le registre humoristique, mais ces épisodes d'anniversaire retrouvent sans efforts apparents l'esprit des débuts de la série, au point de faire regretter de ne pas avoir eu une saison complète.