Quelques années après qu'une guerre civile ait déchiré le royaume d'Arnsgard, une paix fragile s'est instaurée, en apparence du moins car la révolte gronde. Deux amies, Torny, qui veut devenir une guerrière, et Ebba, qui souhaite retrouver sa famille, vont se retrouver malgré elles enrôlées dans deux camps différents.

Achat un peu au hasard que ce premier roman de Rose Edwards, sur lequel il y a pas mal de bonnes choses à dire, et d'autres un peu moins bonnes mais commençons par le positif. Edwards nous pose sans difficulté un pays dans une situation loin d'être évidente: se remettant avec le temps d'un conflit dynastique et religieux sanglant qui a déchiré sa population, mais où la transition d'un monde à l'autre est loin d'être universellement acceptée. Il faut dire que chaque camp a une bonne version des événements pour légitimer ses actions, et en même temps aucun n'est présenté comme franchement attrayant, avec les partisans de la tradition qui implique une religion exigeant de sanglants sacrifices et les tenants de la "modernité" qui sont près à ce que Arnsgard soit le simple satellite d'un puissant empire pour s'assurer la tranquillité.

Prises au milieu de tout cela, les deux héroïnes sont attachantes. Au départ, on a un classique duo que tout oppose, entre la bagarreuse et la sensible, mais finalement leur parcours a nombre de points communs, le plus notable est qu'elles se retrouvent utilisées par leur camp respectif, l'une pour devenir une terrifiante force guerrière, l'autre qu'on essaie de bombarder sainte. Torny et Ebba vont alors faire de leur mieux pour rester elles-mêmes, ce qui n'est évidemment pas une mince affaire.

C'est donc tout à fait passionnant, et il est du coup dommage que Rose Edwards ne maîtrise pas toujours son récit. L'ensemble est fluide (bien qu'il faille s'habituer à la manière de parler d'Ebba) mais certains passages sont un peu confus, les révélations en cascade sont tellement rapides qu'elles sont un peu trop facilement acceptées pour que l'on passe à la suite des événements, et la fin est également un peu trop expédiée compte-tenu de ce qui a précédé. C'est louable de ne pas s'être lancé dans une série à rallonge mais par moment c'est également très dense pour un roman qui n'appelle pas de suite.

The Harm Tree n'est donc pas complètement abouti mais les deux protagonistes et la peinture des deux camps opposés valent le détour.