Alexandre le Grand échappe à la mort qui aurait dû être la sienne grâce à l'intervention d'un étrange médecin. Toujours avide de conquête, il porte son regard vers l'ouest, Rome en particulier.

Le grand Alexandre, en voyant l'étendue de son empire, pleura car il ne lui restait plus de mondes à conquérir.

Pas ici. Javier Negrete imagine une uchronie où le célèbre Macédonien dépasse les trente-trois ans sans que son appétit de conquête ne s'emousse. Plutôt que de continuer toujours plus à l'Est, cependant, il a Rome dans le collimateur, la République d'alors lui semblant un défi à sa hauteur. Le conquérant n'est pas vraiment très présent dans l'intrigue, même s'il est finalement le centre autour duquel tout le monde fini par graviter: Roxane, son épouse sans scrupules ou Cléa, une autre de ses femmes plus jeune et rêveuse, Caius, un tribun ambitieux de la gens Julia, un soldat athénien et son frère autiste... Et surtout Nestor, médecin ayant changé le cours de l'Histoire en sauvant Alexandre et qui se demande ce qu'il fiche là. Réponse qui reste en attente à la fin du livre, tout comme d'autres sous-intrigues (la relation entre Neo et le fils d'Alexandre qui annonce un affrontement futur) mais il y a déjà de quoi se mettre sous la dent.

Negrete n'est pas le premier à utiliser l'Antiquité ni Alexandre comme inspiration, mais en fantasy cela reste encore suffisament peu exploité par rapport aux univers médiévaux pour être encore frais, avec une bonne mythologie à explorer (bien qu'elle se reflète plus dans les croyances des personnages que dans des interventions magiques). Les personnages en question ne sont pas forcément très sympathiques au premier abord, mais forment une bonne petite galerie qui intrigue ou essaie juste d'éviter un sort funeste, dans l'ombre d'un Alexandre diminué mais qu'on aurait tort de sous-estimer.

L'affrontement entre les armées d'Alexandre et les légions romaines ne déçoit pas mais il est dommage que certaines pistes resent inexplorées: en vue d'une suite peut-être?