1969. Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins sont sur le point de partir pour la Lune. Fasciné par l'expédition, Philip commence à se questionner sur sa propre vie.
Lorsque j'ai vu cet épisode pour la première fois l'année dernière, il m'avait prodigieusement ennuyée et son intérêt ne m'apparaissait pas franchement. Il faut néanmoins préciser que ce jour-là, je couvais un bon rhume de cerveau et c'était le septième épisode que j'enchaînais, cela a pu influencer mon jugement. Visionné dans de meilleures conditions, s'en tire-t-il mieux? C'est ce que nous allons voir.
Nous sommes en juillet 1969 et trois astronautes donnent une dernière conférence de presse avant leur départ pour la Lune. Une conférence que le Duc d'Édimbourg suit avec attention.
Elizabeth arrive et en le voyant ainsi passionné, lui mentionne qu'elle fait partie des éminentes personnalités à qui on a demandé un petit message qui sera gravé sur un disque et laissé sur la Lune à l'attention des petits hommes verts s'ils font étape sur le satellite avant de foncer sur la Terre, histoire de leur faire comprendre qu'on est sympa et qu'on est aussi capable d'aller dans l'espace, non mais. Elle lui annonce aussi que la messe du lendemain est avancée d'une demi-heure et leur réveil aussi, par conséquent. Ce qui ne ravit pas Philip.
Il faut dire que l'officiant est au dernier stade de la décrépitude et a bien du mal à trouver ses mots. La reine fait bonne figure, en tant que cheftaine de l'Église elle doit donner le bon exemple mais Philip ne cache pas qu'il se barbe. Ce n'est pas un sermon qu'on leur inflige, dit-il, c'est une anesthésie générale. Aussi après la messe, Elizabeth demande à Adeane de lui trouver un remplaçant avec un peu plus de peps.
Pour dépenser toute son énergie, Philip s'entraîne au polo (dans une cage sur un cheval de bois, ça rappelle un peu le base-ball mais en plus cher probablement). Il se fatigue bien à la tâche mais on sent qu'il n'est pas complètement heureux.
C'est le jour du grand départ sur la Lune! Toute la famille se réunit devant la télé, y compris la princesse Margaret, son mari et ses enfants. À propos d'enfants, les jeunes princes Andrew et Edward ont l'air de bien s'amuser sur des ballons sauteurs avec des casques de cosmonautes, ce qui fait se poser la question: on ne traitera pas des affaires récentes dans la série qui avec six saisons devrait probablement s'arrêter dans les années 2000 (l'année 2002, avec le jubilé, la mort de Margaret et de la Queen Mum pourrait faire une bonne fin... Mais on zapperait la guerre en Irak et la chute de Tony Blair). Néanmoins, va-t-on laisser Andrew complètement en arrière-plan ou osera-t-on évoquer sa conduite?
La fusée décolle avec succès sous les applaudissements mais une fois tout le monde parti, Philip reste à suivre les rapports du voyage du trio d'astronautes américains.
Peu après, son secrétaire lui fait la liste des activités passionnantes qu'on lui a programmé, l'inauguration de ceci, le serrage de main d'untel, on est loin des expéditions spatiales et il lui présente également Robin Woods, le nouveau doyen qui va désormais servir la messe. Il est incarné par Tim Mcmullan qui jouait le secrétaire/valet de Charles dans
The Queen, on continue dans le recyclage. Celui-ci a déjà une requête à formuler: il a remarqué que sur le terrain de Windsor il y avait un tas de baraques qui ne servaient à rien. Peut-il en réquisitionner une pour héberger un groupe de pasteurs en pleine crise existentielle et qui ont besoin de se ressourcer?
Philip trouve l'idée complètement incongrue: quand on ne va pas bien dans sa tête, le mieux c'est un peu d'action pour se changer les idées, pas de méditer. Mais bon, si Woods a besoin d'un local pour le remplir de vent, soit, il n'y voit pas non plus d'inconvénient.
La famille est une nouvelle fois réunie devant sa télé, cette fois-ci pour l'alunissage! C'est un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité...
... et des heures à s'exploser les yeux devant son écran pour le duc d'Édimbourg.
Difficile retour sur Terre après cela puisqu'il doit bien faire son boulot de membre de la Firme: prononcer des discours d'inauguration sous une pluie battante, visiter des fabricants de prothèses dentaires, et éviter de faire sentir qu'il s'ennuie à cent sous de l'heure parce que c'est son job et qu'il ne doit pas vexer les gens (d'autant que bon, fabriquer des dentiers c'est moins glamour que marcher sur la Lune mais pouvoir bien mâcher ce n'est pas d'une importance moindre).
En mal de sensation forte et toujours obnubilé par Armstrong, Aldrin et Collins, il ne peut s'empêcher lors de sa sortie en avion suivante de pousser le coucou au maximum d'altitude possible. Ce qui ne plait pas du tout à son copilote.
Le dimanche matin suivant, il sèche le sermon de Robin Woods pour aller faire son footing dans la propriété, bref, il file un très mauvais coton et ne tient plus en place.
Après la messe, il se fait alpaguer par Woods, qui ne lui fait pas la morale en mode "ben alors Marathon Man, on ne vient plus aux soirées?" mais l'invite à venir voir le cottage où il a invité tous les dépressifs de la foi à prendre l'air de la campagne. Bon, Philip, ça ne le branche évidemment pas du tout mais vu qu'il a zappé la première cérémonie conduite par Woods, il sent bien qu'il doit faire un petit effort en contrepartie, donc il dit oui.
Il se retrouve donc dans un cercle façon alcooliques anonymes en soutane et où l'un des ecclésiastique (joué par Kevin Eldon, dommage qu'il n'ait pas de scènes avec Olivia Colman, ça aurait rappelé la belle époque de
Hot Fuzz) parle du fait qu'il est à côté de ses pompes, sa congrégation se réduit chaque année et ils sont tous d'accord qu'ils ont du mal à garder une connexion avec leurs ouailles.
Philip écoute quelques minutes de ces lamentations avant d'éclater. C'est quoi ces conneries, au lieu de pleurnicher ils devraient agir et faire des grandes choses, il y a des mecs qui sont allés sur la lune, ce n'est pas rien et ça devrait les inspirer. L'action, il n'y a que ça de vrai et ils devraient commencer par ranger leurs chaussures au lieu de les laisser traîner en pile dans l'entrée, après ils verront que ça ira mieux!
Après cette entrevue d'une haute portée philosophique, Philip n'est pas de meilleure humeur et le soir, se plaint cette fois-ci de la bouffe quand Elizabeth lui annonce qu'en plus de l'avoir sollicitée pour un message de bonne volonté à l'adresse des petits hommes verts, on lui a demandé si cela lui plairait de recevoir les astronautes qui vont faire une grande tournée internationale une fois qu'ils seront sortis de leur quarantaine. "Oh, oui! Fais venir les astronautes! Je veux voir les astronautes!" supplie Philip qui pour une fois doit être bien content que sa femme soit la reine.
Et il parvient même à gratter un quart d'heure d'entretien privé avec eux parce qu'il a plein de questions à poser à ceux qui sont désormais ses idoles.
Armstrong, Aldrin et Collins débarquent donc à Buckingham Palace où ils sont l'attraction du moment, avant d'être cornaqués dans un salon où les rejoint bientôt Philip.
Qui constate que les héros sont fatigués et tiennent tous une bonne crève depuis leur retour sur Terre. Le grand moment est arrivé et il peut donc poser ses questions. Nul doute que les grands hommes lui apporteront toutes les réponses qu'il attend. Pour commencer, comment c'était là-haut?
"Ben, il y a une jolie vue", lui répondent les astronautes mais Philip espère quelque chose de plus profond, de plus spirituel sur la place de l'Homme dans l'univers, tout ça tout ça...
Malheureusement pour lui, il a frappé à la mauvais porte. Armstrong et Cie lui expliquent que quand ils étaient là-haut, ils étaient surtout occuper à vérifier sans cesse que tout marchait bien, qu'ils ont passé leur temps le nez dans des listes pour checker que tout était en ordre. Bref, ils avaient autre chose à faire que philosopher. En revanche, ils sont aussi curieux vis-à-vis de la Famille royale que Philip l'est à leur égard et posent plein de questions sur la baraque.
Ils s'y font même photographier comme des touristes avant de rentrer chez eux. Philip est donc bien marri de les trouver si terre-à-terre.
Il ne cache pas sa déception à sa femme le soir venu: ces hommes qui sont allés sur la Lune et qui s'enrhument bêtement à leur retour comme le commun des mortels! Qui n'avaient rien d'intéressant à dire! Comment des héros pareils peuvent-ils être aussi ordinaires?
Elizabeth est bien plus compréhensive car elle ne peut s'empêcher, sans parler d'elle directement, de faire un parallèle entre leur situation et la sienne. Ils n'ont jamais cherché à être célèbres et passeront désormais leur vie dans un aquarium, toujours scrutés par le reste du monde. Okay, okay, ce n'est pas inintéressant et évidemment c'est un des thèmes principaux de la série mais la contradiction entre la personnalité très ordinaire d'Elizabeth II et son rôle extraordinaire est quelque chose qu'on a intégré au bout de trois saisons, je pense. Était-ce nécessaire d'en remettre encore une couche, surtout après
Bubbikins qui traitait aussi de la même chose?
Philip n'ayant pas trouvé dans les astronautes les réponses à ses questionnements les plus enfouis et ne se sentant pas mieux dans sa peau, va en désespoir de cause retrouver les Anglicans Anonymes, ou le Cercle des Pasteurs Disparus et confesse enfin ce qui le travaille: sa mère, morte récemment, avait bien senti avant cela qu'il souffrait d'un manque, peut-être lié à une absence de foi ou en tout cas une fois bien endormie et globalement, il ne va pas bien et il fend enfin l'armure en avouant qu'il a besoin d'aide.
Il a cette fois-ci trouvé des oreilles attentives et l'épisode se clôt sur la reine l'observant au loin se promener en grande conversation avec Robin Woods. On nous apprend ensuite que le groupe fondé par Woods existe toujours et est une grand fierté du duc d'Édimbourg.
Booooon! L'ayant revu en meilleure forme que la fois précédente, j'ai eu moins de mal même si ce n'est certainement pas mon épisode préféré. Il faut dire qu'il est assez atypique: l'alunissage est évidemment un événement important pour l'Histoire de l'Humanité mais pas pour la Couronne, il n'y a pas de grands enjeux tournant autour de celle-ci ni pour un de ses membres, pas de double-intrigue mêlant le politique au personnel: on voit juste le membre le plus macho de la famille traverser une crise spirituelle et devoir avouer sa vulnérabilité. Tobias Menzies est remarquable dans le rôle et porte tout l'épisode sur ses épaules mais tout cela est un peu trop austère pour ma pomme, je dois dire. De plus, Philip était un personnage important des deux premières saisons mais une fois que l'on passe ses problèmes d'intégration, sa difficulté à admettre que sa femme devienne plus importante que lui et son histoire familiale très particulière, il n'y a plus grand chose à raconter et il est bon pour être recalé dans un rôle plus secondaire. La saison prochaine me donnera peut-être tort mais j'ai la nette impression que c'était la dernière opportunité pour Morgan de centrer un épisode sur lui et de donner la vedette à un acteur qui le mérite, quitte à en larguer plus d'un sur ce coup-là.
Le Point corgis: ils ne sont jamais loin d'Elizabeth dans cet épisode-ci.