Le Duc d'Édimbourg débute son grand tour du monde tandis qu'Elizabeth commence à se poser des questions sur ses fréquentations. De son côté, Anthony Eden doit décider quelle politique adopter face à Nasser qui a remis la main sur le Canal de Suez.
Alors qu'aucune date pour la saison 3 n'a encore été annoncée mais que le nouveau casting se dévoile petit à petit, il est temps de se lancer dans le recap de la précédente. On en était resté avec tout le monde malheureux, entre Philip qui se cassait du palais pour organiser son voyage, Margaret éplorée de n'avoir pu épouser Peter Townsend, Anthony Eden accro aux médocs et Elizabeth qui doit supporter les états d'âme de tout ce beau monde sans pouvoir les envoyer paître parce que le devoir avant tout.
L'épisode s'ouvre en Février 1957, dans le port de Lisbonne, sur une meute de journalistes se précipitant avec avidité vers le
Britannia à bord duquel la reine est venue rejoindre son époux.
Apparemment, il y aurait des rumeurs que le couple, séparé depuis quelques mois puisque Philip a profité de son voyage en Australie pour l'ouverture des Jeux Olympiques pour explorer le monde, bat de l'aile et on veut donc savoir ce qui se passe exactement.
À bord on découvre Lilibet au téléphone en conversation avec un officiel du palais lui expliquant que la petite manœuvre consistant à se déplacer pour accueillir son mari à son retour en Europe n'a pas suffi à stopper les spéculations (tu m'étonnes). Il est donc temps que la reine et son cher et tendre mettent les choses au point une bonne fois pour toute, et Elizabeth est décidée à en discuter mais avec Philip en face dans le plus pur mode passif/agressif, c'est plus facile à dire qu'à faire. Et quand Elizabeth lui reproche de se plaindre sans arrêt, il illustre ses propos par l'exemple.
"Je me plains parce qu'on me traite comme un enfant!"
"On vous traite comme un enfant parce que vous passez votre temps à vous plaindre!"
Ça peut durer longtemps sur ce ton mais comme le divorce est inconcevable pour ces deux-là, il faut bien trouver un moyen de faire marcher le mariage.
Pour se faire Elizabeth décide donc de comprendre quelles sont les revendications de son époux, et hop, générique!
On se retrouve quelques mois plus tôt, avec un Philip encore en Angleterre mais qui s'est de toute évidence un peu calmé depuis le final de la saison dernière, à en juger par la manière dont les deux tourtereaux baguenaudent alors qu'ils sont sur le point d'assister à un énième dîner diplomatique que même Elizabeth n'essaie pas de présenter comme l'intéressant.
Notons Adeane à l'arrière-plan avec une moustache toute neuve, comme pour s'acheter une crédibilité de secrétaire privé en faisant un cosplay de Tommy Lascelles
Et que ça s'amuse à faire se retourner toute la cour pendant qu'on remonte la fermeture éclair de madame, et qu'on en profite pour lui baver sur la nuque... Ça va, on s'amuse bien. Juste une accalmie, évidemment.
Là où tout le monde ne s'amuse pas et où les accalmies, ça n'est plus à l'ordre du jour, c'est en Égypte où Nasser délivre un discours radiophonique on ne peut plus clair: le Canal de Suez traverse l'Égypte et il n'y a donc aucune raison pour que celui-ci soit contrôlé par une compagnie franco-britannique qui en tire tous les bénéfices.
(Accessoirement, l'acteur qui joue Nasser, Amir Boutrous, n'est pas du tout vilain à regarder)
Le discours est clair, et en même temps codé puisque la mention de Ferdinand de Lesseps s'avère en réalité le signal pour les troupes égyptiennes de prendre contrôle du canal, ce qui ne traîne pas.
Loin de se douter de ces développements et des débuts de la première grosse crise internationale de son règne, Elizabeth se réveille après une bonne nuit de, euh, de sommeil, probablement.
Tout cela pour découvrir Philip qui pète la forme avant même d'avoir pris son café matinal, en pleine séance de gym matinale, il y a des gens agaçants comme ça et il en fait partie.
(Tête-à-claques, mais dos souple)
Monsieur étant échauffé, on est bien parti pour une séance de sport en chambre interrompue par les valets apportant le petit-déjeuner et qui se font promptement renvoyer en cuisine avec force gloussements, on se croirait dans
Victoria.
Après quoi Philip retrouve Mike Parker (qui ne m'avait pas du tout manqué) pour aller passer encore une journée dans son super club de gentlemen (hum) et c'est l'occasion d'apprendre que si le mariage de Philip va un peu mieux en apparence, celui de Parker bat de l'aile.
Anthony Eden, lui, est à Eton, où il a étudié, pour donner une conférence aux élèves.
Discours pendant lequel il se félicite que sur 40 Premiers Ministres, 16 sont sortis d'Eton, et que toutes ces idées de changements, de recruter au-delà de ce petit groupe d'élite, c'est vraiment n'importe quoi, si les dirigeants ne sortaient pas d'Eton, d'où sortiraient-ils, je vous demande un peu. Les étudiants d'Eton ont les mêmes codes, parlent le même langage, n'allons pas parler de diversité.
Inutile de préciser que le public est conquis d'avance mais la séance d'auto-congratulation s'arrête lorsqu'on prévient Eden que Nasser a pris le Canal de Suez, et de ce fait mis fin au one-man-show, quel dommage.
Elizabeth, elle, baigne toujours dans une joyeuse ignorance, ce qui me semble un peu improbable face à une crise de cette ampleur, mais vu que l'épisode traite de plusieurs sujets à la fois, il ne faut pas trop précipiter les choses. Donc elle s'occupe de porter une dernière main aux bagages de Philip, en lui confiant la caméra que son papa lui avait offert en cadeau de mariage, souvenirs, souvenirs, le tout accompagné d'une lettre.
Snif
Sauf que voilà, gros mélodrame! En rangeant le tout dans la sacoche de son mari, voilà-t-il pas qu'elle y découvre une photo encadrée, et pas de papa ou maman!
Là, on pourra imaginer Elizabeth II débarquant au Thursday Club avec un fusil en hurlant "Philiiip! Je sais où tu t'caches! Viens ici que j'te bute, enc**é!" mais ce n'est pas le genre de la maison et cela restera donc de l'ordre du fantasme (mais idée à creuser pour une parodie).
Lors de l'entrevue avec Eden, on parle enfin de la situation en Égypte, et le Premier Ministre a l'air très optimiste. Il faut dire qu'il a un plan rusé.
Ce filou de Nasser a le Canal, mais les pilotes des bateaux qui y naviguent sont britanniques ou français. Ils n'auront qu'à s'arrêter de travailler et les Égyptiens étant de piètres marins, ils se retrouveront bien obligés de faire machine arrière.
Elizabeth se fend d'un "Si vous le dites" qui ne déborde pas de confiance mais Eden en a pour deux.
Au déjeuner, elle retrouve Philip et est fort déconfite de découvrir qu'il sait tout de la situation politique pour en avoir entendu parler dans son club, à se demander pourquoi les réunions entre la reine et son PM sont confidentielles si les assistants de ce dernier bavardent. Du coup Elizabeth en profite pour lui suggérer que fréquenter ce club n'est pas la meilleure idée du monde, mais ça tombe dans l'oreille d'un sourd.
Philip étale sa science et tente d'expliquer à Elizabeth pourquoi naviguer sur le Canal de Suez est si compliqué et pourquoi ce sera dur pour les Égyptiens de le faire sans expérience, en se servant de la saucière comme d'un pétrolier.
Les photos de ballerine planquées dans les sacs de voyage et le club où on
discute de sujets top secrets, ça commence à faire beaucoup et Elizabeth a beau prendre sur elle, la séance de
mansplaining c'est sans doute un peu trop. Continue de faire mumuse, Philip, j'ai du boulot.
C'est enfin l'heure du grand départ et Mike Parker fait ses adieux à sa femme Eilenn (incarnée par Chloe Pirrie). Elle ne fait pas grand chose d'autre dans cet épisode que l'épouse agacée mais on va découvrir par la suite que ce personnage est le plus
badass de la série. Pour l'heure, elle est surtout contrariée que son mari soit encore absent, pour Noël et pour l'anniversaire de sa fille, en particulier.
Parker promet que cette fois-ci, il n'oubliera pas ce dernier mais on ne peut s'empêcher de remarquer un détail très révélateur: quand il ne s'adresse pas à ses deux enfants en même temps, il ne parle qu'à son fils. Donc à la place de la pauvre gamine, je ne compterai pas trop sur ses bons vœux.
Du côté de la famille royale, c'est nettement plus guindé, mais au moins personne n'est oublié. Tandis que l'avion part et que Parker fait un grand discours sur le mariage, cette corde au cou, Philip découvre la petite enveloppe laissée par sa femme.
Un avion part, un autre arrive puisqu'en Égypte, Nasser accueille chaleureusement un contingent d'officiers soviétiques.
On ne tarde pas à découvrir pourquoi: les Anglais et les Français ne pilotent plus les navires? On n'a qu'à demander aux Soviétiques, ils en profiteront pour briefer les marins égyptiens, qui, surprise, sont plus rapides à la comprenettes qu'Eden ne l'imaginait.
Eden n'a plus qu'à manger sa moustache alors qu'un reportage télévisé montre son joli plan rusé numéro 1 tomber à l'eau.
By Jove!
Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure, mais avant de se lancer, Eden veut quand même l'avis de son Chancelier de l'Échiquier (le Ministre de l'Économie, quoi), Harold MacMillan.
Alors si vous connaissez un peu l'Histoire de la Grande-Bretagne au XXe siècle, vous devez savoir que quand dans la scène à Éton Eden se vantait que 16 premiers ministres étaient issus de cette glorieuses école, il ne se doutait pas qu'un 17e allait arriver bien plus tôt qu'il ne l'aurait imaginé. Si vous ne connaissez pas du tout l'Histoire de la Grande-Bretagne au XXe siècle mais que vous avez eu l'occasion de croiser Anton Lesser dans
Game of Thrones ou des séries de la BBC, vous savez déjà qu'il excelle dans la fourberie faussement souffreteuse. Bref, c'est le moment où un panneau danger devrait se mettre à clignoter.
"Faites-moi confiaaance, mouhahahahaha"
Eden, qui ne voit pas loin dans le futur, que ce soit celui de son pays ou des productions télévisuelles, ne se méfie pas et lui expose son plan: il faut attaquer avant que Nasser ne coupe l'accès au canal et au pétrole qui se trouve au-delà. Qu'en pense MacMillan?
MacMillan trouve que c'est une initiative formidable: vas-y lance-toi! Non seulement c'est bon pour le pays, mais en plus tu sortiras enfin de l'ombre de Churchill!
Et ça, ça pèse quand on se souvient de la première saison où Eden n'en pouvait plus d'attendre que le vieux se retire pour lui laisser enfin la vedette. Bref, en apparence Eden et MacMillan sont sur la même longueur d'onde, au point de converser à moitié en citations tirées d'
Hamlet ou de
Troilus et Cressida, que l'un commence et l'autre complète. En bons étoniens qui ont les mêmes codes et parlent le même langage.
Du coup, Anthony Eden fait part de sa décision d'intervenir militairement lors du conseil des ministres qui suit, et remporte dans l'ensemble l'adhésion de l'assemblée.
Une fois dissonante s'élève néanmoins, celle d'Anthony Nutting des Affaires étrangères, qui pointe notamment le fait qu'ils n'ont pas le soutien de l'ONU sur le coup pour l'instant, et que ce n'est peut-être pas une idée si brillante d'y aller.
Après cela on a une petite scène où Charles et Anne vont chez les Parker fêter l'anniversaire de la fille de Mike et Eileen, et ils s'amusent comme des petits fous sauf que quand le téléphone sonne, ce n'est pas Parker, donc déception atomique.
Dans une sitcom américaine à la fin de l'épisode Mike Parker aurait fait un truc formidable pour rattraper son oubli mais on est dans
The Crown, donc ce n'est qu'un détail qui débouchera sur quelque chose dans quelques épisodes.
Une autre qui reçoit un coup de fil, c'est Margaret et le fait que je ne sois pas demandée une seule seconde ce qu'elle devenait jusqu'à ce qu'elle réapparaisse au deux-tiers de l'épisode illustre bien l'intérêt que je lui porte. En tout cas la voilà donc en pleine gueule de bois, réveillée à 11h30 par sa grande sœur qui l'invite à déjeuner.
Elle daigne quand même venir mais quand Elizabeth s'aperçoit qu'elle est encore pompette, elle ne peut s'empêcher de la mettre en garde et Margaret prend le relais de Philip pour les récriminations.
"Je bois parce que je suis malheureuse, je suis malheureuse parce que je ne suis pas mariée et je ne suis pas mariée à cause de TOI!"
Elizabeth a beau lui réexpliquer les règles, rien à faire, et du coup Margaret embraye sur Philip, dont Elizabeth n'a qu'une vague idée de l'endroit où il est à l'instant présent. Margaret ne manque pas de souligner que tout de même, c'est bizarre que dans un mariage aussi réussi Elizabeth n'en sache pas davantage, et qu'elle devrait se méfier de Mike Parker.
Elizabeth est sur la défensive et prend mollement la défense de son mari et de Parker, mais Margaret insiste, en rajoute notamment une couche sur le fait que les deux compères fréquentent un ostéopathe qui organise tout un tas de week-end avec des actrices et... des danseuses. Ce qui ne fait que confirmer les craintes d'Elizabeth. Accessoirement, je n'avais pas du tout noté lors de mon premier visionnage qu'on annonçait déjà l'affaire Profumo dans ce dialogue.
L'adorable Margaret a ici moins l'intérêt d'Elizabeth à cœur que l'envie d'une petite revanche et de ne pas être la seule à avoir une vie sentimentale pourrie. Quelle famille formidable. Cela dit, si je vais souvent revenir sur le fait que le personnage de Margaret et ses problèmes ne m'intéressent guère, il n'y a strictement rien à reprocher à Vanessa Kirby, qui est excellente. Compte-tenu du fait que je l'avais découverte dans
De Grandes Espérances puis
The Labyrinth où je l'avais trouvée douloureusement insipide, la combinaison personnage que je n'aime pas + actrice que je n'aime pas aurait pu être fatale, mais elle sert vraiment bien des sous-intrigues qui auraient pu à mes yeux plomber le plaisir que j'ai à suivre cette série. Comme quoi il ne faut pas désespérer d'un acteur ou d'une actrice même s'ils ne nous ont pas séduit jusque-là, on peut avoir de bonnes surprises (bon dans certains cas on attend toujours...)
Revenons à nos moutons et à Anthony Nutting que cette histoire d'intervention militaire chiffonne toujours. Comme il peut difficilement passer au-dessus de son Premier ministre pour directement s'ouvrir de ses inquiétudes à la reine, il décide d'agir de façon détournée en allant voir Lord Mountbatten.
Comme d'habitude, tandis que c'est la détresse d'un côté, Mountbatten est montré en train de faire un truc vachement important du sien: et que je chasse le canard alors que le roi est à peine froid, et que je joue aux charades pendant que Londres suffoque... Bon ben là il a eu une promotion, promotion veut dire nouvel uniforme à essayer, ce qui le remplit de joie et d'allégresse.
Lady Mountbatten ne manque d'ailleurs pas d'expliquer à Nutting que la pièce la plus grande de la baraque, plus grande que la salle de bal, est d'ailleurs réservée aux uniformes de monsieur, après quoi elle s'en va rejoindre ce qui est clairement un amant. Nutting a l'air un peu interloqué du gars qui pense être tombé chez les fous mais je ne crois pas que la réputation des Mountbatten était encore à faire. Leur conversation m'a semblé d'ailleurs un poil agressive, je peux me tromper mais je croyais qu'ils étaient dans un mariage libre où les deux savaient à quoi s'en tenir et ne s'envoyaient donc pas de remarques aigres en public. Cependant, puisque l'épisode met l'accent sur les couples, on a un nuancier sur le thème: celui des Parker n'existe quasiment plus, le couple royal est en difficulté, et celui des Mountbatten perdure au prix d'arrangements particuliers.
Une fois seuls, Nutting explique la situation à Mountbatten: Eden commence à discuter avec des représentants français et israéliens et il craint que l'affrontement entre Eden et Nasser ne prenne un tour trop personnel qui entraînerait Eden trop loin. Du coup Mountbatten s'invite chez Elizabeth pour lui transmettre le message.
En plus de vouloir se faire un nom indépendamment de Churchill, Eden a une inimitié particulière pour Nasser, ce qui n'aide pas à prendre des décisions réfléchies.
Elizabeth promet de tenir Eden à l’œil, et la conversation dérive sur Philip. Aucun des deux n'a reçu de nouvelles récemment. Mountbatten pense donc intelligent, après avoir donné des conseils politiques, d'en prodiguer des matrimoniaux en se basant sur sa propre expérience: ils ont tous les deux épouser des esprits libres et il faut se faire une raison. Sa femme l'a notamment trompé avec Nehru sous son nez et c'était très humiliant mais il lui pardonne ses incartades parce que l'amoouur est bien plus fort que ça.
Oui, alors deux remarques, Lord Pieds-dans-le-plat: d'abord, son mariage libre, si je ne m'abuse, il allait bien dans les deux sens. Je ne crois pas que pendant que sa femme avait des liaisons, il attendait son retour en essayant de lire un bouquin tout en se lamentant. Deuxièmement, confirmer à Elizabeth ses craintes quant aux infidélités de son époux sans pour autant lui fournir la moindre preuve mais juste en partant du principe qu'il ne peut que la tromper parce que sa femme à lui le fait, ce n'est pas forcément le meilleur moyen de la rassurer ou de la consoler. Bien joué, monsieur le dernier vice-roi des Indes!
Encore une fois, Elizabeth n'a plus qu'à mettre ça dans sa poche avec son mouchoir par-dessus. Histoire d'arranger les choses elle doit assister à un ballet dont la vedette est Galina Oulanova, la ballerine du médaillon de Philip.
Elle est naturellement d'une grâce étourdissante.
Heureusement, il y a toujours le boulot pour se changer les idées. Eden délivre à la télévision une intervention résolument pacifique, mais le contenu des boites rouges chantent à la reine une autre chanson.
Et de fait, les tanks israéliens entrent en action.
Lors de leur entretien suivant, Eden expose à la reine la situation ainsi: l'armée israélienne étant regrettablement entrée sur le territoire égyptien, il serait bon de laisser une force franco-anglaise faire de même, dans un but purement pacificateur, pour amener les deux autres nations à discuter. Ce qu'il n'a pas vu venir, c'est qu'Elizabeth a déjà été avertie par Mountbatten, mais qu'aussi elle n'est plus la jeune monarque hésitante des débuts qui acceptait facilement ce qu'on lui disait car même si elle avait des doutes, elle ne savait pas comment les formuler.
"Alors corrigez-moi si je me trompe, mais l'armée israélienne n'a pas pour habitude d'attaquer sans soutien d'autres nations par crainte de se retrouver isolée diplomatiquement, mais là, elle attaque en solo et ça ne vous surprend même pas? Me prendriez-vous pour une gourde, monsieur le Premier Ministre?"
Après avoir un peu bafouillé, Eden est obligé de jouer cartes sur table et de lui parler des Protocoles de Sèvres: un accord secret entre la Grande-Bretagne, la France et Israël pour reprendre le Canal de Suez aux Égyptiens. Le tout sans en parler au Parlement, ni à l'ONU.
Pour Eden, il n'y a pas de temps à perdre et il se justifie en disant qu'après tout, il a eu raison au sujet de Mussolini, au sujet d'Hitler, et il est donc certain d'avoir raison au sujet de Nasser. Et maintenant que la reine est au parfum, va-t-elle lui accorder son soutien?
Après un petit temps de suspens, Elizabeth déclare que "Le Premier Ministre a toujours le soutien du souverain". J'imagine qu'on peut interpréter cela comme on veut: qu'Eden a réussi à la convaincre ou qu'elle n'est pas convaincue mais que comme ce n'est pas à elle de dicter la politique du gouvernement elle ne peut qu'accepter, quoi qu'elle en pense par ailleurs. Mais sur ce dernier point, même si le monarque n'a pas un pouvoir de décision, comme George VI l'a expliqué à Eden dans la saison précédente, il peut être consulté, il peut encourager, mais également avertir. Or Elizabeth ne cherche pas ici à avertir le premier ministre des risques de l'entreprise, quitte à ne pas être écoutée.
Qu'elle encourage ou avertisse, de toutes façons cette fois-ci c'est parti.
Ce qui n'est pas parti, ce sont les problèmes de santé d'Eden, dont on a un rappel avant de conclure l'épisode sur Elizabeth, qui après un démaquillage et une prière va se coucher, mais sans trouver le sommeil face à l'appartement d'en face déserté.
Bon, alors bilan des courses: par rapport à mon premier visionnage en décembre dernier, j'ai remarqué davantage de détails qui ont leur importance et m'avaient échappé la première fois faute de vision d'ensemble de la saison, et c'est toujours agréable de repérer ce genre d'éléments, et de voir que l'écriture est suffisamment soigneuse pour introduire tout cela et contribuer à rendre la série appréciable même quand on pense la connaître déjà.
Mais j'en reste tout de même sur le souvenir que j'en avais, à savoir que les qualités sont toujours là et indéniables, que ce soit visuellement ou au niveau du casting et du scénario, mais que ce dernier, aussi réussi soit-il, dépend tout de même de l'intérêt des événements qu'il dépeint. On ne pouvait pas faire l'impasse sur la crise conjugale traversée par Elizabeth et Philip à l'époque car elle a été suffisamment importante pour alerter le public à une période où on exposait nettement moins les coulisses, mais ça n'est pas passionnant pour autant. Mêler crise conjugale et crise internationale, pourquoi pas mais l'enjeu de la seconde est tout de même autrement plus intéressant que la première.
Bref, j'avoue que même si je n'ai pas de reproche à formuler, j'ai tout de même hâte de passer ce cap-là et d'aborder des épisodes dont le contenu me branche davantage.
Le Point Corgis: eh oui, il est de retour celui-là. Et il est bien le seul parce que les corgis, eux, n'ont pas fait une apparition, sauf erreur.