Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Crown, saison 1 épisode 7: Scientia Potentia Est
Alors que l'Union Soviétique teste sa bombe H, Churchill et Eden font tous les deux face à des ennuis de santé qui les empêchent de faire leur travail. De son côté, Elizabeth tente de combler les lacunes de son éducation.

On abandonne le temps d'un épisode les mésaventures sentimentales de Margaret, ce qui permet de remettre Churchill et Eden en avant, d'autant qu'on avait un peu perdu de vue le second.

On commence par un flash-back. Nous sommes en 1940 à Windsor, où Elizabeth et Margaret ont passé la plus grande partie de la guerre, leurs parents refusant de les envoyer au Canada tout en voulant leur épargner le plus fort du Blitz.

Elizabeth, qui doit avoir environ treize ans, suit un cours de français en compagnie de sa sœur, cours qui fait deux en un puisque c'est également une leçon d'étiquette, le tout dans la langue de Molière.

La leçon est interrompue, non pas pour que la princesse puisse se détendre, mais parce qu'elle doit se rendre à Eton, qui se trouve la porte à côté, y suivre un cours bien particulier sur la Constitution. À présent qu'elle est héritière apparente, elle doit en effet avoir une idée de ses futurs devoirs.

J'ignore si la scène a vraiment été tourné à Eton (jusque-là, aucun des lieux de tournage n'était l'endroit réel où l'action est censée se passer) parce que l'on dirait beaucoup la cour de la Bibliothèque Bodleienne à Oxford, mais si ça se trouve c'est encore autre chose.

Là, Elizabeth reçoit donc des cours du vice-provost de la baraque, dans le bureau de ce dernier qui n'est de toute évidence pas chauffé, restrictions dues à la guerre oblige (où alors c'est un Spartiate). Et apparemment, le corbeau apprivoisé n'est pas une invention pour donner une touche poudlardienne au décor.

Le Royaume-Uni n'a pas de Constitution écrite mais il existe tout de même des règles concernant le rôle du souverain et celui de son gouvernement et sous le règne de Victoria, un certain Walter Bagehot a écrit un bouquin, The English Constitution, qui sert de bible aux futurs monarques pour connaître leurs droits et leurs devoirs, et c'est cela qu'Elizabeth potasse. La leçon du jour porte sur le fait qu'il y a deux facettes au pouvoir, la dignité et l'efficacité. Le monarque incarne la première facette, le gouvernement la seconde et il est important que la confiance soit totale entre les deux pour que la machine fonctionne.

Et comme c'est important, le vice-provost lui conseille de souligner cette mention, ce qui est le signe assuré qu'on y reviendra plus tard. Elizabeth est curieuse de savoir si les élèves d'Eton apprennent aussi cela et quand son prof lui répond par la négative, il en profite pour lui montrer la pile de sujets des derniers examens. Avec des questions d'anglais, mais aussi des équations compliquées.

Devant ces signes cabalistiques, Elizabeth demande si tout de même, elle ne devrait pas aussi apprendre tout cela, ce que le vice-provost trouve tout à fait incongru.

Bien sûr que non, une altesse royale n'a pas besoin de savoir grand chose en mathématiques ou en littérature, cela manquerait tout à fait de dignité. On est bien loin de l'époque des princes et princesses de la Renaissance instruits dans toutes les disciplines.

Générique! Après quoi nous revoilà dans les années 50, en pleine Guerre Froide et justement, les Soviétiques viennent de tester leur bombe H.

Quand il s'agit de commenter l'actualité, les Elizabeth mère et fille sont toutes les deux perdues. La Queen Mum a beau prendre sa fille de haut en s'imaginant qu'elle ne sait même pas qui est Einstein, quand vient le moment d'analyser ses déclarations, elle n'en mène pas bien large. C'est l'occasion pour la reine d'aborder un sujet qui lui trotte dans la tête depuis un petit moment.

Elle s'entretient avec des ministres, reçoit la visite de scientifiques, d'artistes et d'intellectuels en tout genre, et il y a des moments où elle doit reconnaître qu'elle n'entrave que couic à ce qu'ils racontent, ce qui est tout de même gênant. Résultat, elle vit dans la crainte de se retrouver seule avec eux, et se demande si par hasard, elle n'aurait pas dû en apprendre un peu plus sur des sujets aussi divers que la science ou la philosophie.

Sa mère trouve cette réflexion tout à fait baroque. Elle craint de se trouver seule avec des gens plus instruits qu'elle? La belle affaire, son père avait la même crainte et regarde comme il s'épanouissait dans son travail et ça ne l'a pas empêché de faire son boulot, donc pourquoi Elizabeth aurait-elle besoin d'en savoir davantage? Elle a appris le plus important: savoir se taire.

Elizabeth sent de plus en plus que même si son rôle est limité, "sois digne et tais-toi" ne peut pas servir en toute circonstance, mais elle doit remettre la conversation à plus tard, c'est le moment de son entrevue avec Churchill. Alors que Tommy Lascelles la cornaque vers son entretien, il lui annonce qu'après avoir servi quatre souverains, elle comprise, il prend sa retraite.

Il a deux secrétaire privés assistants, le senior, Michael Adeane, et le junior, Martin Charteris, dont on se souvient qu'il était le secrétaire privé d'Elizabeth quand elle était encore princesse, et qui était Bertie de Downton Abbey. Et justement, parce qu'il a été son secrétaire privé, Elizabeth aimerait bien qu'il le redevienne, mais Tommy lui rappelle que traditionnellement, on fonctionne par ancienneté et que la place revient légitimement à Adeane. Alors bien sûr, le choix revient à sa Majesté, mais on sait à quel point Lascelles tient à la tradition, donc il ne doute pas intérieurement que sa reine n'y fera pas entorse.

Pendant ce temps, Churchill somnole carrément, sous le regard attentif de... oui! de corgis! Trois corgis exactement! Miracle!

Voici donc Honey, Sugar et Pippin, à qui on fait quitter la pièce le temps de l'entretien hebdomadaire, des fois qu'ils seraient capables de faire fuiter des infos confidentielles, on n'est jamais trop prudent avec ces animaux-là.

Churchill est très inquiet de la situation avec l'URSS. Du vivant de Staline, ce dernier le respectait suffisamment pour qu'il ait son mot à dire mais il craint que désormais, Eisenhower se mette en tête de gérer tout seul les relations de l'Ouest avec l'Union Soviétique, aussi a-t-il envoyé Eden à Washington pour organiser une entrevue entre lui et le Président.

Elizabeth est néanmoins inquiète car elle a entendu dire qu'Eden n'était pas au mieux de sa forme, et elle a beau avoir des carences en géopolitique, elle sait tout de même qu'un Ministre des Affaires Étrangères à côté de ses pompes dans un contexte délicat, ce n'est pas vraiment recommandé. Churchill tente de la rassurer, Eden est tout à fait en bonne santé, tout comme lui d'ailleurs, le pays est en de bonnes mains.

Elizabeth devra faire avec cette réponse, mais dans l'avion qui le conduit à Washington, Anthony Eden est effectivement patraque. Au point de se tordre de douleur et de demander à son voisin de lui faire une petite injection.

Résultat des courses, une fois arrivé à Washington, il n'impressionne guère les Américains en piquant un somme dans le hall.

Voilà donc le numéro 2 du gouvernement de ce qui fut jusqu'à récemment un puissant empire. De quoi faire réfléchir (pas au point de ce dire qu'un jour peut-être, leur nation en sera aussi là, ce genre de chose n'arrive qu'aux autres, c'est bien connu).

Le cas d'Eden ne s'arrange pas quand la délégation américaine aperçoit la tâche de sang sur sa chemise et devine qu'il y a de la piquouse là-dessous.

À Londres, Elizabeth décide une fois n'est pas coutume de faire ce qu'il lui plait, d'autant plus que Lascelles n'a pas explicitement exprimé sa désapprobation: elle annonce à Charteris qu'elle le veut comme secrétaire privé, et bien qu'étonné qu'elle le fasse passer devant Adeane, il ne cache pas que le poste le tente. En attendant d'officialiser la chose, Elizabeth lui donne un premier job, lui trouver un tuteur pour la mettre à niveau question culture générale.

Après sa mésaventure, Eden doit se rendre à l'évidence, il a besoin de se faire opérer, et comme les meilleurs spécialistes pour ses problèmes de vésicules sont aux USA et que lui aussi, ça tombe bien, il se fera opérer sur place, et il en informe Churchill.

L'appel n'est pas sans contrarier celui-ci, qui a besoin d'Eden auprès de lui et pas sur un billard, mais il est un peu tard pour annuler et reprendre l'avion, d'autant que cela leur profitera à tous si Eden est remis sur pied.

Cela dit, Eden est très touché que Churchill le trouve aussi utile et du coup, pourrait-il le répéter encore une fois bien fort, cela l'aidera à affronter son opération.

Eden est absolument ravi de pouvoir embarrasser le vieux qui s'accroche à la place qu'il estime lui revenir, quant à Churchill, il a surtout envie de l'étrangler mais il a vraiment besoin de son appui et donc il s'exécute, clamant bien fort qu'il dépend d'Eden, de sa loyauté, de son intégrité et de son jugement. Et comme on sait depuis l'épisode précédent que les conversations ne sont jamais complètement privées, il y en a qui n'en perdent pas une miette.

L'humiliation de Churchill est telle qu'il en fait carrément une attaque. Si on ne peut plus s'amuser...

Pendant ce temps-là, un curieux personnage arrive à Buckingham.

Il s'agit du professeur Hogg, un personnage totalement fictif dont on ne sait pas très bien où Charteris est censé l'avoir dégoté, mais en tout cas malgré ses airs dépenaillés, c'est une pointure. Elizabeth lui explique péniblement son cas, et ça ne doit pas être simple de confier ses ennuis à un parfait inconnu (et c'est sans doute pour cela que le personnage est une totale invention). Comme elle l'a expliqué à sa mère, quand elle se retrouve avec des spécialistes dans un domaine ou un autre, elle est totalement larguée, et donc désavantagée et à leur merci.

Hogg se montre très compréhensif mais pour pouvoir commencer ses cours, il a besoin d'une estimation du niveau d'études d'Elizabeth. Quels sont ses diplômes ou équivalents? Et avec une gêne croissante, la reine est obligée de reconnaître qu'elle n'a absolument rien, même pas ce qui fait office de brevet des collèges de ce côté de la Manche.

Je n'ai pas l'impression que cette scène a beaucoup fait parler par rapport à d'autres dans cette saison, et pourtant c'est une de mes préférées avec Claire Foy. Sans doute parce que son personnage doit toujours faire preuve de maîtrise et que là on voit clairement le vernis se craqueler, sa vulnérabilité et son mélange de peur et de honte alors qu'elle prend la mesure de son ignorance, qu'elle soupçonnait mais pas à ce point, le tout sans en faire trois tonnes.

Après cette douloureuse séance, Elizabeth se rend chez sa mère, qui regarde des âneries à la télévision tout en s'en jetant un derrière la cravate. Elizabeth demande des comptes. Elizabeth est colère. Elle est colère car elle est trahison. Comment ses parents ont-ils pu se montrer aussi négligents sur son éducation? La vérité c'est que la Queen Mum avait eu une enfance idyllique mais où la réussite académique n'avait que peu d'importance, son objectif était de faire un beau mariage et de ne manquer de rien, quant à son époux, il avait au contraire été traumatisé par son éducation (qui ne privilégiait pas la curiosité intellectuelle non plus) et il lui importait surtout que ses filles échappent au même traitement. On n'attendait pas d'elles qu'elles fassent carrière dans un domaine ou l'autre et ce manque d'exigence n'aurait sans doute pas porté à conséquences si Elizabeth ne s'était pas retrouvé héritière du trône.

La Queen Mum, en tout cas, ne comprend pas très bien ce que sa fille lui reproche, ni même de quel droit elle peut la critiquer. Après tout, elle a reçu des cours particuliers du vice-prévôt d'Eton, qui d'autre peut s'en vanter? De plus, elle n'a pas vraiment l'impression qu'en matière d'éducation, Elizabeth soit davantage à l'avant-garde quand ses propres enfants sont concernés, donc elle ferait mieux de balayer devant sa porte.

Et pour enfoncer le clou, elle lui signale que si elle et Bertie n'ont pas jugé nécessaire de lui prodiguer un enseignement plus avancé, c'est qu'on leur a signalé qu'Elizabeth n'avait pas les dispositions pour.

Ça fait toujours plaisir d'apprendre qu'on a dit à tes parents que tu n'es pas très douée et qu'ils n'ont eu aucun mal à le croire.

Il y en a un qui est content, dans tout ce marasme, c'est Martin Charteris, qui montre à sa femme leur future demeure de fonction. N'est-ce pas charmant et parfait pour les enfants? Ils s'y voient déjà et comme on s'en doute, une désillusion les attend au tournant.

Churchill se remet de son attaque mais n'est pas en état de voyager pour s'entretenir avec Eisenhower, et surtout, il n'a pas envie qu'on connaisse la gravité de son cas. Officiellement, il a un mauvais rhume et même la reine ne doit pas être au courant. Aussi confie-t-il à Jock Colville et Lord Salisbury son plan: qu'Eisenhower soit invité à Buckingham, ce sera l'occasion d'une rencontre diplomatique. Reste encore que le palais doit donner le feu vert.

On contacte donc Lascelles, qui répond tout en faisant de l’entomologie ou quelque chose comme ça, enfin un truc qui est là pour montrer qu'en dehors du boulot il a des intérêts divers et variés et est nettement plus instruit que les gens qu'il sert, et le secrétaire privé pense que cette visite est une bonne idée, il demandera donc son accord à la reine.

Avant d'y aller, il remarque un détail intrigant, des jardiniers en train d'élaguer les arbres plantés devant sa fenêtre alors qu'il n'avait rien demandé.

Avant de mener l'enquête, il doit cependant faire part du projet d'invitation à la reine, et il l'en informe, ainsi que du "rhume" de Churchill, raison de ce changement de programme.

Elizabeth n'est pas vraiment concentrée mais donne son accord, et du coup, entreprend de rédiger une lettre très polie de rétablissement à son Premier Ministre, dont elle espère qu'il se remettra vite de son petit coup de froid.

En ressortant, Lascelles tombe sur un Michael Adeane très contrarié que Martin Charteris lui soit passé devant et devienne secrétaire privé à sa place, ce qui contrarie encore plus Lascelles. Non seulement, horreur des horreurs, cela va à l'encontre des traditions, mais il commence à comprendre d'où viennent les mystérieux jardiniers. Il aimerait cependant bien savoir comment Adeane a eu vent de cela, puisqu'il n'est lui-même pas au courant. Qui lui a dit ça?

"Says Margaret Colville, Jock Colville's wife, who plays bridge with Alice Jameson, lady-in-waiting, who as you may know, plays tennis with Mary Charteris."

"Why on earth would I know that?" (et c'est pour ce genre de répliques que j'adore ce personnage, en tant que personnage de fiction en tout cas, malgré tout ce qu'il représente).

Enfin bref, il goûte fort peu que Charteris ait accepté un poste qui à ses yeux ne lui revenait pas, et qu'il s'y croie tellement qu'il réaménage son jardin. Ce n'est que partie remise, il y a du pain sur la planche, et Lascelles donne le top départ aux domestiques pour recevoir Eisenhower, à croire qu'il va débarquer dans l'heure.

La table doit être parfaitement propre et vernie, des fois qu'Eisenhower voit à travers la nappe, on ne sait jamais (ce qui me rappelle une anecdote cocasse impliquant Eisenhower et la famille royale mais on est hors-sujet).

Honey, Sugar et Pippin en inspecteurs des travaux finis!

Lascelles, qui aime décidément faire deux choses à la fois, vérifie le plan de table tout en convoquant Charteris pour l'appeler Arthur. Enfin tout de même, il n'est pas un newbie, il aurait dû savoir qu'il n'allait pas passer sous le nez de son supérieur hiérarchique sans encombre, et puis quoi encore, Charteris ne veut pas aussi refaire la déco de sa maison avant même qu'il soit parti aussi à la retraite, tant qu'il y est?

Cela ne surprendra personne d'apprendre que Charteris n'en mène pas large et qu'il n'a plus qu'à expliquer à la reine que finalement il renonce à cette place enviable.

Elizabeth prend une nouvelle leçon avec Hogg mais avec la visite du Président des USA, elle craint qu'il faille mettre de côté la culture G et parer au plus pressé: il lui faut un sujet de conversation pour parler à Eisenhower. Hogg croit avoir lu que ce dernier s'est récemment converti et est devenu presbytérien, ça pourrait servir de base, mais il a besoin de chercher un peu de documentation. De fil en aiguille, la discussion s'oriente vers les courses de chevaux, et Elizabeth est très diserte sur le sujet.

Hogg est vite largué et confesse que quand il s'agit de parier sur un cheval, il choisit parce que le nom du canasson lui plait, mais qu'il ne comprend rien à l'entraînement, l'élevage, et tout les aspects techniques qui vont avec.

C'est l'occasion de découvrir qu'en réalité, Elizabeth n'est pas complètement ignorante, elle peut même avoir des connaissances très pointues dans certains domaines... Mais pas les domaines les plus adéquats.

Clementine Churchill, elle, est en train de lire à son mari la lettre de rétablissement que la reine a écrite, et est un peu perplexe. C'est une très jolie lettre mais on a l'impression qu'Elizabeth ne mesure pas la gravité de l'attaque qu'a subi Winston. À croire qu'elle s'imagine que c'était un simple rhume!

Et bien qu'elle ait l'habitude, depuis le temps, des facéties de son mari, elle est atterrée quand elle apprend qu'il a caché la gravité de son état à sa souveraine.

Ils sont interrompus par Jock Colville qui leur annonce que ladite souveraine a accepté que Buckingham serve de lieu de rencontre avec Eisenhower, Churchill est transporté de joie, tout marche comme sur des roulettes et d'ici-là il sera parfaitement remis, personne ne saura qu'il a fait une attaque, et il s'excite tellement que bingo! il en fait une deuxième.

Alors que le sort s'acharne sur Churchill, Elizabeth potasse un livre sur Eisenhower, avec beaucoup d'images et peu de texte apparemment, mais chacun avance à son rythme.

À Downing Street, Lord Salisbury et Jock Colville sont bien embêtés. Ça ne sert à rien de faire venir le président si Churchill ne peut pas lui parler. Colville pense qu'il faudrait avertir la reine, mais Salisbury est contre. Si on lui dit la vérité maintenant, il faudra aussi avouer qu'on lui a caché la première attaque. Ils sont tous mouillés et il faut donc continuer de mentir. On sait tous que s'enferrer dans un mensonge est la meilleure façon d'en sortir sans encombre, après tout.

Il n'y aura qu'à faire croire à la reine qu'Eisenhower a dû décommander, elle ne saura jamais qu'en fait l'annulation ne venait pas de lui, ni vu ni connu je t'embrouille. Colville n'est guère convaincu, mais suit le mouvement.

On prévient donc Buckingham, et zou, tout le boulot abattu n'a servi à rien, on remballe l'argenterie (je veux bien que les préparatifs pour ce genre de réception demande du temps mais je doute qu'on mette la table avant même que le vol transatlantique de l'invité ait décollé. Peu vraisemblable mais ça occupe l'arrière-plan).

Comme si ce n'était pas suffisamment contrariant, Martin Charteris annonce à la reine que finalement, il n'a pas tellement envie d'être son secrétaire privé et surtout, le poste revient à Michael Adeane et pas à lui. Donc il est désolé, mais il doit décliner son offre.

Elizabeth n'est absolument pas dupe. Elle sait que Charteris a subi les pressions de Lascelles, et elle déboule donc dans l'antre de celui-ci, pour lui dire sa façon de penser. Elle peut bien choisir qui il lui plait pour ce job de confiance, briser la tradition pour avoir une bonne relation de travail ce n'est pas la mer à boire, ce n'est pas comme si elle allait se mettre à abdiquer, tout de même.

Justement aux yeux de Lascelles, décidément traumatisé par Edward VIII, c'est une pente savonneuse. On commence par faire ce qu'on veut pour des choses sans importance, et on ne retourne plus en arrière. Pas de place pour l'individualité et les égos chez les Windsor, on doit se plier aux règles ou c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres, et on l'a bien vu avec tonton David.

Elizabeth n'est pas franchement apaisée. Le laïus de Lascelles se tient mais elle commence à en avoir sa claque de tous ces vieux qui décident de tout à sa place. Alors qu'elle repart, elle a une petite idée pour trancher la question.

Demander conseil à Jock Colville, qui a été son secrétaire privé avant Charteris quand elle était princesse. Il connait le métier mais peut également porter un regard extérieur, ça peut toujours servir.

Sauf que Colville, quand il entend la reine lui dire qu'elle lui fait confiance et qu'elle veut l'interroger sur un point délicat, est toujours branché sur le problème Churchill et s'imagine qu'elle sait. Donc il lui avoue qu'il n'a jamais voulu lui cacher les attaques du Premier Ministre, surtout après la deuxième, c'était une idée de Salisbury et de Churchill lui-même.

Elizabeth laisse immédiatement tomber la question Charteris et confie à Colville qu'en fait elle l'avait fait venir pour lui parler du choix de son nouveau secrétaire privé, mais dites-moi, ce que vous racontez semble tellement plus intéressant.

Oups

Elizabeth, de façon compréhensible, est donc fort contrariée de constater qu'on lui cache des choses graves au sommet de l'État, et qu'encore une fois on la prend pour la jeune cruche de service. Elle s'en ouvre à son tuteur et regrette de ne pouvoir rien faire, puisque son job ne consiste qu'en cela. Hogg remarque cependant que même s'il n'a pas lu Bagehot depuis un bail, il lui semble qu'il s'agit de circonstances où le monarque est censé agir.

Elizabeth reconnait alors que oui. Le problème n'est pas qu'elle ne peut rien faire, mais qu'elle complexe encore à cause de son manque d'éducation. Quelqu'un comme Churchill qui lui est à ce point intellectuellement supérieur va forcément retourner la table en sa faveur s'il y a débat entre eux puisqu'il en sait toujours plus qu'elle et a donc toujours un temps d'avance.

Il est temps que quelqu'un aide Elizabeth à surmonter son complexe d'infériorité, et Hogg lui dit qu'ici il n'est plus question d'éducation ou d'intelligence mais d'intégrité et de principes, et qu'elle est donc en position de supériorité morale. Pendant des années on lui a inculqué les arcanes de la Constitution et elle sait qu'elle est dans son droit et que les autres sont dans leur tort.

Elizabeth se voit cependant mal leur mettre le nez dedans et leur taper sur les doigts, mais d'après Hogg, c'est non seulement ce qu'elle doit faire, mais ce que Churchill et compagnie, au fond d'eux, attendent qu'elle fasse.

"So what would you have me do? Summon them and give them a good dressing down like children. Why would they stand for that?

- Because they're English, male and upper class. A good dressing down from Nanny is what they most want in life."

Voilà donc un échange savoureux, même si l'on peut regretter qu'il faut tout de même encore que quelqu'un dise à Elizabeth quoi faire pour qu'elle agisse. Cela dit, Hogg étant totalement fictif, c'est probablement juste un moyen de faire passer l'information au spectateur sans que la reine ait à monologuer dans le vide pour expliquer d'où lui vient cette détermination nouvelle.

Elle envoie donc chercher son vieux cahier de cours, qui peut se trouver dans n'importe lequel des palais qu'elle a occupés dans son enfance, mais on arrive à mettre la main dessus après avoir fouillé toutes les nurseries et chambres d'enfant où elle a mis les pieds, de Londres à Balmoral.

Après quoi elle est prête à convoquer Salisbury et Churchill pour leur remonter les bretelles bien comme il faut.

Salisbury est le premier à passer à la casserole et il n'en mène pas large. Alors comme cela, dans la semaine qui vient de passer, à la fois son Ministre des Affaires Étrangères et son Premier ministre ont été dans l'incapacité d'exercer leurs fonctions et Salisbury a contribué à lui cacher cette information?

Salisbury tente bien d'en placer une, mais Elizabeth n'entend pas se laisser faire. Comme elle le lui rappelle, ce n'est pas son travail de gouverner le pays. En revanche, c'est son travail de s'assurer que le pays est gouverné, ce qu'elle ne peut pas faire si les membres du gouvernement conspirent et lui mentent. Il a mis en danger le fonctionnement de la Couronne. Et elle en rajoute une couche pour le faire se sentir bien coupable en lui rappelant que son père le tenait en haute estime et que le dicton comme quoi on ne pouvait faire confiance à un Cecil (il y a en effet quelques-uns de ses ancêtres qui se sont retrouvés du mauvais côté du manche au XVIIe siècle) était injuste. Mais il semblerait que feu George VI se soit trompé sur son compte.

Sur ces bonnes paroles elle lui dit qu'il peut disposer, et c'est un Salisbury tout tremblant qui sort de la pièce et passe dans un état second devant Churchill qui commence vraiment à s'inquiéter, une fois n'est pas coutume, de ce que lui réserve la reine. Contrairement à Act of God, il n'a pas eu l'occasion de préparer le terrain en se mettant l'opinion publique dans la poche, il est sans filet et Elizabeth II doit être bien remontée pour avoir fait une telle impression sur un autre vieux routard de la politique.

C'est donc déjà en position d'infériorité qu'il arrive, et même si en apparence Elizabeth se montre plus douce avec lui que Salisbury, elle n'en est pas moins sévère.

En lui cachant qu'il n'était pas sain de corps et d'esprit comme un Premier Ministre devrait l'être, il n'a pas seulement mis à mal la confiance qui les liait, mais la confiance entre la Couronne et le Gouvernement. Et cela, monsieur, on appelle ça de la trahison.

Churchill est déjà sur le point de s'effondrer et Elizabeth enfonce le clou en ressortant ses leçons d'écolière, citation de Bagehot à l'appui: "In 1867, Walter Bagehot wrote: "There are two elements of the Constitution: the efficient and the dignified. " The monarch is the dignified and the government, the efficient. These two institutions only work when they support each other, when they trust one another."

Churchill étant rétabli et à nouveau capable de gouverner, elle laisse passer pour cette fois... Mais la leçon a porté et laissé des traces.

Après cette conversation, Elizabeth retourne dans ses appartements, et c'est limite si elle ne lévite pas deux pieds au-dessus du sol tant cette victoire la transporte et on la comprend. Là, elle tombe sur Philip qui se fait une beauté pour recevoir Eisenhower et est fort contrarié d'apprendre après tout le monde que le repas est annulé (sérieusement, temporellement cette sous-intrigue m'a bien l'air de valoir l'embrouillamini de la saison 7 de Game of Thrones, on a l'impression qu'un dîner d'État s'organise et se décommande aussi vite qu'une invitation impromptue entre voisins de palier).

Philip regrette d'avoir dû se documenter pour rien sur Eisenhower, il avait même lu deux bouquins sur lui, mais Elizabeth n'en croit pas un mot, il n'a même pas ouvert le livre d'images qu'elle consultait plus tôt. En tout cas, Philip remarque quelque chose de changé chez sa femme, elle parait plus grande qu'avant. Ce qui l'émoustille.

Et puisque le président des États-Unis ne vient pas et qu'ils ont du temps de libre devant eux, autant faire autre chose, suggère le Duc d’Édimbourg à l'aide d'un gros sous-entendu bien graveleux.

Ainsi, pendant qu'Elizabeth et Philip font ce que l'on imagine être tout un tas de cochoncetés qui ne nous regardent pas, le pauvre Michael Adeane, désormais secrétaire privé, fait le pied de grue jusqu'à ce qu'on lui dise que son rendez-vous avec la reine est reportée jusqu'à demain. Parce qu'on peut encore lui imposer un secrétaire privé, mais une fois de temps en temps, elle se permettra quand même de faire passer son petit plaisir avant son boulot, elle l'a bien mérité ce coup-ci.

Comme Act of God, l'épisode s'éloigne des intrigues principalement centrées sur les membres de la famille royale pour explorer les liens entre Elizabeth et son gouvernement, ce qui offre une respiration bienvenue entre deux épisodes donnant la part belle à Margaret. Elizabeth n'est pas le personnage le plus facile à dépeindre puisqu'elle garde souvent ses sentiments pour elle et reste finalement très secrète, surtout comparée à un entourage bien plus extravertis, et Scientia Potentia Est est depuis le début de la saison l'épisode où elle se montre sous le jour le plus humain et évolue le plus. Du coup, malgré cet aspect presque de parenthèse, il n'en demeure pas moins capital. De plus, même si on la voit encore faire des compromis au sujet de son secrétaire privé, elle remporte une victoire, et les victoires sont rares donc on en profite d'autant plus.

Le Point Corgis: pour le coup, on est gâté, avec trois apparitions. Mais c'est à croire qu'ils sont comme les Loups-Garous des Stark: on les exhibe une bonne fois durant un épisode pour rappeler qu'ils existent, et silence radio le reste du temps. Ils ne sont pas en CGI, pourtant.

Dans le prochain épisode, on aura droit à de la rivalité entre sœurs. La barbe.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 14 Octobre 2017, 12:11bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".