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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Barber - L'Homme qui n'était pas là
--> It's Noirvember!
Ed Crane, coiffeur dans une petite ville californienne, pense changer sa morne existence en investissant dans une entreprise de nettoyage à sec. Pour trouver l'argent nécessaire, il a l'idée de faire chanter l'amant de sa femme. Hélas, son plan déraille rapidement et provoque une réaction en chaine dont personne ne sortira indemne.

Avec ce film, j'ai atteint l'objectif que je m'étais fixée pour le Noirvember Challenge de cette année, qui était le même que l'année précédente, à savoir visionner dix films noirs ou néo-noirs que je n'avais encore jamais regardés. Peut-être dépasserais-je cet objectif, le mois n'est pas terminé, mais si ce n'est pas le cas j'aurais conclu sur une bonne note (pas qu'il y aura eu de déconvenue dans cette fournée, Le Passé se venge sera celui que j'ai trouvé le plus faible et il est tout à fait recommandable). Bref, The Man who wasn't there ou dans la langue de Molière mais pas trop: The Barber, l'homme qui n'était pas là.

Le point de départ (un homme ordinaire planifie un coup qu'il pense imparable mais la situation lui échappe, laissant quelques cadavres sur le carreau) n'est pas sans rappeler Fargo résumé comme cela. Cependant le ton est bien différent. On est ici, esthétiquement, dans un pur hommage aux films noirs de l'âge d'or, avec un superbe noir et blanc (Roger Deakins, comme souvent, à la photo) et une réalisation épurée qui peut d'ailleurs dans les premières minutes paraitre presque passe-partout mais est en réalité très habile et réserve quelques séquences marquantes (comme celle de l'accident). Si les personnages secondaires hauts-en-couleur ne manquent pas à l'appel, on reste avant tout centré sur le narrateur, Ed Crane, pour le moins énigmatique: taiseux, trompé par sa femme, vivotant d'une profession qui ne le passionne guère et planifiant des projets que l'on devine condamnés d'avance (dans le nettoyage à sec ou comme impresario de la fille pianiste d'un ami) il semble pourtant parfaitement détaché de tout ce qui lui arrive, utilisant l'infidélité de sa femme pour faire chanter l'amant de celle-ci sans pour autant donner l'impression d'agir par vengeance, ne cédant pas à la panique quand il perd le contrôle de la situation mais ne faisant aucune vraie tentative d'arranger celle-ci... Il est un mystère, à plusieurs reprise des personnages lui demandent quel genre d'homme il est et il est peu probable qu'il soit en mesure de répondre. La comparaison vaut ce qu'elle vaut parce que je n'ai pas relu le livre depuis le lycée (bac français 2000, les enfants!) mais ce personnage m'a rappelé celui de Meursault dans L'Étranger de Camus, par sa personnalité mais pas seulement.

Influence consciente ou non mais certainement pas la seule (James M. Cain, notamment même si je ne peux en juger), The Barber est un film particulièrement sombre, où aucune échappatoire n'est possible pour son anti-héros et son entourage. On croise comme souvent chez les réalisateurs des personnages excentriques: la femme de Big Dave qui intrigue dès sa première apparition avec ses yeux écarquillée qui ne clignent pas et son chapeau vissé sur sa tête en intérieur et qui se livre dans une scène étrange, ou Fred Riedenschneider, l'avocat brillant et hors de prix (qui mentionne déjà le principe d'incertitude que l'on retrouvera quelques années plus tard dans A Serious Man de manière encore plus centrale). Néanmoins, on ne bascule jamais dans la comédie ou le pastiche du genre, s'il y a de l'humour, c'est davantage dans l'ironie grinçante de l'existence de Crane.

Comme c'est généralement le cas chez les Coen, la distribution est ébouriffante. Billy Bob Thornton dans le rôle-titre parvient en particulier à camper un personnage renfermé, secret, peu réactif, sans tomber dans le piège de l'inexpressivité et il parvient à convoyer beaucoup d'émotions sans avoir l'air d'y toucher à mesure que l'histoire avance. On retrouve quelques acteurs déjà croisés dans l’œuvre des frères, à commencer bien entendu par Frances McDormand en épouse infidèle, Jon Polito en entrepreneur emperruqué, Michael Badalucco en beau-frère aussi volubile que Crane est laconique ou Tony Shalhoub en ténor du barreau, ainsi qu'une toute jeune Scarlett Johansson et James Gandolfini en patron jovial et baratineur.

Plus qu'un simple exercice de style à l'image léchée, The Barber, l'homme qui n'était pas là s'inscrit néanmoins dans la plus pure tradition du film noir avec un protagoniste se lançant dans une vaine entreprise pour changer sa terne existence, entreprise qui ne peut que le conduire à sa perte, une tradition qui se marie idéalement avec les thèmes récurrents du cinéma des frangins.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 21 Novembre 2021, 19:28bouillonnant dans le chaudron "Films".