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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sueurs froides
Ancien policier en proie à des crises de vertige, John "Scotty" Ferguson accepte de suivre Madeleine, l'épouse d'un ancien camarade de classe qui semble fascinée malgré elle par une aïeule disparue dans de tragiques circonstances. Peu à peu, Scotty est de plus en plus obsédé par Madeleine qui développe des pulsions suicidaires.

À la fin des années 50, Alfred Hitchcock n'a pas signé tous ses chefs-d’œuvre (La Mort aux trousses et Psychose sont encore à venir) mais il n'a plus rien à prouver, a su s'implanter à Hollywood tout en développant ses thèmes de prédilection et a dirigé certains des plus grands acteurs du moment. Il adapte alors un roman de Boileau et Narcejac, D'entre les morts, en transposant l'intrigue de la France des années 40 au San Francisco contemporain. L'histoire de base reste la même, un ancien policier obsédé par la femme qu'il a accepté de prendre en filature, dont il ne pourra empêcher la mort et qu'il va tenter de faire revivre à travers une femme lui ressemblant étrangement.

L'intrigue policière importe peu: on en dévoile d'ailleurs le mystère avant le dernier quart du film, avant que le protagoniste ne le résolve et en ressort un plan parfaitement tiré par les cheveux. Ce qui intéresse ici n'est pas tant de démasquer des coupables et de rendre justice (envers un personnage que finalement on ne connait pas) que le jeu de faux-semblants et de fascination mutuelle qui se déploie sous nos yeux. Madeleine oublie sa propre personnalité au profit de Carlotta, son aïeule suicidée. Scotty en la suivant commence à son tour à entretenir sa propre fixation sur Madeleine, ignorant l'attention que lui porte sa vieille amie Marjorie. Quand Madeleine meurt, il rencontre Judy, semblable de visage mais non d'allure et l'ancien policier s'emploie à la transformer. Il ne saisit pas encore qu'il intervertit modèle et copie. On peut également y voir une mise en abîme: Hitchcock est connu pour son obsession pour les blondes glaciales et sophistiquées, au point de vouloir modeler des actrices à sa convenance. En prenant la brune et vulgaire Judy pour la transformer en Madeleine, blonde et élégante, Scotty n'est-il pas alors un double du réalisateur?

En déplaçant l'intrigue aux États-Unis, Hitchcock opte pour San Francisco et sa baie, offrant des plans splendides dont la paix apparente offre un décalage avec les tourments intérieurs des personnages (encore que, les célèbres rues en pente de la ville contribuent aussi à illustrer la psyché déstabilisée de Scotty). Le générique de Saul Bass, la musique de Bernard Hermann et quelques trouvailles visuelles comme le travelling compensé traduisant le vertige du héros (l'effet Vertigo, donc), autant d'éléments qui tranchent avec l'aspect très policé du film, de la société respectable que côtoie Scotty.

Contrairement à leur collaboration précédente, L'Homme qui en savait trop, James Stewart n'incarne pas ici le brave américain moyen déployant des trésors d'ingéniosité une fois plongé malgré lui dans une affaire qui devrait le dépasser. Scotty est à la base policier, ce qui devrait en faire un héros des plus recommandables pour l'époque mais le personnage est ambigu, à la fois manipulé et manipulateur, enfermé dans une obsession qui le pousse à faire d'une femme croisée dans la rue une poupée à l'effigie d'une morte. En face, Kim Novak joue double (ou triple) jeu, femme distinguée hantée sans le savoir par le fantôme d'une autre, puis sosie beaucoup plus populaire à nouveau modelé selon une volonté extérieure avant de dévoiler qui elle est vraiment. Le duo forme un couple impossible, séparé d'avance par les non-dits et les secrets avant même que l'on ne comprenne ce qui se dissimule vraiment.

Sueurs froides/Vertigo n'est pas l’œuvre la plus divertissante d'Alfred Hitchcock. Il s'inscrit dans une veine plus sérieuse pour ne pas dire carrément plus trouble mais cette étrangeté dans laquelle baigne le film plane bien après sa fin.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 5 Février 2024, 21:48bouillonnant dans le chaudron "Films".