Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Star Wars, Épisode IX: L'Ascension de Skywalker
--> Spoilers!
Alors que la Résistance lutte tant bien que mal contre le Premier Ordre, les deux groupes découvrent un signal les alertant de la survie probable de Palpatine. Désireux d'éliminer un rival, Kylo Ren se lance sur sa piste, tandis que Rey poursuit son entrainement.

Après un épisode VII auquel il a été reproché une trop grande frilosité (mais bien moins servile envers la trilogie originelle qu'il n'y semblait au premier regard) et un épisode VIII qui explorait de nouvelles voies pour qu'une frange du fandom hurle à la trahison (alors qu'il n'en était rien), on pouvait craindre que J.J. Abrams pense jouer la carte de la sécurité en tentant de satisfaire ceux qui auront hurlé le plus fort depuis deux ans et gomme tout ce que Rian Johnson avait tenté d'amener. Effectivement, à la vision du film, bon nombre de choix de l'épisode VIII sont pris à rebours. Néanmoins, on y exploite aussi un point particulièrement important à travers le lien entre Rey et Kylo Ren, et en poussant au maximum les usages de la Force que Les Derniers Jedi ont développé, en allant même plus loin. On touche là le problème de ce film de conclusion de la trilogie et jusqu'à nouvel ordre, de la saga de la smala Skywalker: Abrams, ou Lucasfilm, ou Disney, n'importe, a cherché à ratisser le plus large possible et contenter tous les desiderata exprimés sur le net. Or à vouloir faire plaisir à tout le monde, on court surtout le risque de se mettre tout le monde à dos.

L'illustration la plus parlante est la gestion de la romance. Si l'on m'avait dit que cette nouvelle trilogie ne se concentrerait sur aucune love-story, j'aurais immédiatement dit "chic"! Je n'ai rien contre, mais ne pas en avoir, ça change agréablement. Ce n'est pas ce à quoi on a affaire: si aucun couple n'est formé à l'issue des trois films, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de romance, c'est parce qu'on n'aura eu de cesse de lancer des amorces de romances de tous les côtés sans en développer aucune, dans ce qui semble être l'intention de ne se mettre à dos aucune team de shippers. Les fans de "Reylo" auront donc droit à leur biscuit puisqu'on aura un bon gros baiser, les détracteurs du couple seront soulagés que le prompt décès après cela de Ben "libère" Rey... À moins que les fans de Reylo soient frustrés de ne pas avoir plus et les autres considéreront que c'est déjà trop. Bref, insoluble, mais on ne tranche pas pour autant.

La position vis-à-vis du film de Johnson est à l'avenant: ainsi, Abrams va revenir sur certains points polémiques: on se plaignait du manque d'explication sur Snoke: on en a, rapidement (et elle en vaut une autre mais ça ne s'imposait pas). Néanmoins, si on donne une explication, on reste dans le flou total sur la manière dont Palpatine a survécu en dehors d'une phrase connue, comment il a constitué une flotte à l'insu de tout le monde... Donc les adeptes du tout explicatif vont grimper au rideau (personnellement ça me va, on reste dans un côté mystique sith complètement nébuleux). On ne pouvait pas accepter que Rey manifeste un tel pouvoir sans être issue d'une lignée connue et puissante: elle est la petite-fille de Palpatine! Alors qu'on aurait pu raconter exactement la même histoire sans qu'elle le soit. Tout en nous disant que les liens du sang n'ont pas d'importance... Mais la filiation de Ben Solo, elle, va tout de même en avoir une. On a reproché à Johnson d'avoir fait détruire son casque par Kylo Ren sous prétexte que c'était un pied de nez à Abrams (alors que ça ne faisait que suivre la logique de ce que représentait ce casque dans l'opus d'Abrams): il le rafistole et le remet sans que ça ait la moindre justification autre que de dire "okay, il y a eu des mécontents, marche arrière").

Et en même temps, comme dit plus haut, L'Ascension de Skywalker ne zappe pas l'intégralité de ce qu'a posé son prédécesseur: la façon dont Rey et Kylo Ren communiquent grâce à la Force, en arrivant même au contact physique par-delà les étoiles, est repris et joue un rôle capital dans l'action et l'affrontement final.

Ajoutons à cela qu'en tant que conclusion, on ne résiste pas au besoin de ramener, même brièvement, absolument toute la galaxie et ses voisines (l'esprit de Dunkerque n'est pas mort, soit dit en passant!), un peu comme dans l'épisode de Doctor Who, The End of Time en son temps (il n'y a pas que ça qui m'a fait penser à The End of Time d'ailleurs) et on se retrouve avec un gros fourre-tout. Et pourtant...

Ai-je passé un mauvais moment? Non, pas le moins du monde. Je ne sais pas à quoi ça tient. Peut-être parce qu'un duel de sabres et des piou-pious dans l'espace suffisent à me faire frétiller, peut-être parce que malgré l'impression que les bandes-annonces en montraient trop, le film en gardait sous le capot, peut-être parce que décidément, j'ai une sacrée affection pour ces nouveaux personnages et leurs jeunes interprètes, peut-être parce que visuellement on enchaîne les beaux décors et que John Williams était déchaîné, peut-être parce que je ne résiste jamais à la rédemption d'un personnage torturé et qu'Adam Driver aura très bien vendu son personnage tout au long de la trilogie, ma foi, je l'ignore. Malgré l'overdose qui pointe par moment (on n'aura jamais autant changé de planètes que dans ce film une espèce de chasse au trésor qui conduit d'un endroit à un autre toujours à la recherche de quelque chose ou quelqu'un alors que la solution était là depuis quasiment le début...) j'ai suivi le film avec plaisir et non sans émotion.

Suis-je satisfaite du spectacle offert par la trilogie? Oui, à défaut d'être totalement transportée comme autrefois, et non sans rêver à ce qui aurait pu être sans cette volonté de brosser autant de monde possible dans le sens du poil, et en priorité ceux qui gueulent le plus fort. Car indépendamment de sa qualité, c'est le problème que soulève ce film: à une période où une frange probablement minoritaire mais bruyante de différents fandoms (Star Wars n'est pas le seul à en souffrir) se montre particulièrement virulente dès qu'une création ne va pas dans le sens espéré, exigeant parfois sa suppression du canon et son remplacement par quelque chose censé lui agréer, et allant à l'occasion jusqu'au harcèlement, L'Ascension de Skywalker va-t-il servir de leçon et qui en tirera un enseignement?
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 18 Décembre 2019, 21:29bouillonnant dans le chaudron "Films".