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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sherlock Special 2016: The Abominable Bride
--> Spoilers
Dans le Londres de la fin du XIXe siècle, Sherlock Holmes élucide les mystères les plus complexes, aidé du docteur Watson qui chronique également ses aventures. Un nouveau cas éveille la curiosité du détective: après s'être publiquement suicidée, une femme revient accomplir une besogne meurtrière. Holmes ne croit pas aux fantômes, mais les témoins sont formels, il s'agit bien de la même personne.

Il y a quelques années, Mark Gatiss avait confié son désir d'écrire un épisode de Noël pour Sherlock, arguant que L'escarboucle bleue avait les ingrédients nécessaires pour ce genre d'exercice. Mais entre les emplois du temps des acteurs principaux, de son co-showrunner Steven Moffat et les cliffhangers de fin de saison, il était difficile d'intégrer une histoire qui convienne à cette période festive. Jusqu'à cette année. La solution la plus évidente pour résoudre les éventuels problèmes de continuité était de raconter une enquête se déroulant entre deux épisodes déjà montrés, puisque les personnages font régulièrement allusion à des aventures que nous ne voyons pas à l'écran. Mais l'équipe de Sherlock choisit rarement la voie la plus évidente et les premières images l'ont confirmé: quitte à ne pas s'embêter avec la continuité, autant aller jusqu'au bout et replacer les personnages à l'époque de leur création et de leurs premières enquêtes. Tout laissait donc présager une parenthèse sans conséquences, qu'on espérait amusante mais dont il n'y avait pas forcément à attendre davantage, Gatiss nous ayant davantage habitué à du sympathique dans le meilleur des cas, mais rarement à des intrigues renversantes, la fin de The Great Game faisant plutôt figure d'exception (cela dit, Moffat est également crédité en tant que scénariste).

La première partie de l'épisode tend à confirmer cette impression.

La période de Noël étant encombrée d'épisodes spéciaux, The Abominable Bride a finalement ouvert la nouvelle année, et il ne s'agit finalement pas d'une adaptation de L'escarboucle bleue. On y fait allusion, ainsi qu'aux Cinq pépins d'orange, à L'interprète grec et surtout au cas de Ricoletti et son abominable épouse, jamais raconté, seulement évoqué dans Le Rituel des Musgrave.

Comme annoncé, on retrouve donc tous les personnages familiers replacés dans le contexte d'origine. On découvre à la fois des éléments emblématiques des histoires de base (la rencontre entre Holmes et Watson, similaire à celle d'Une étude en rose puisque cette ouverture était déjà très fidèle au roman), Mycroft obèse, Moriarty précipité dans les Chutes de Reichenbach), l'imagerie que l'on s'est forgé avec le temps (le deerstalker, notamment dans une scène qui reprend une célèbre illustration de Sidney Paget) et les inventions propres à l'univers et l'humour de la série (Anderson et Molly, Mrs Hudson prenant mal le fait d'être considérée comme un simple outil de narration).

Les acteurs ne se contentent pas d'enfiler des costumes différents, tout en restant égaux à eux-mêmes ils adaptent leur jeu et Holmes et Watson ont par exemple un comportement beaucoup plus formel. Le générique et la musique adoptent le même ton et la réalisation adapte également certains gimmicks tout en restant en terrain familier (le contenu d'un télégramme s'affiche au lieu des habituels textos). Le mystère présenté est intrigant et le traitement au départ très classique, avec une petite touche de gothique. Mais, environ à la moitié de l'épisode, j'ai commencé à me demander si ce hors-série était aussi innocent qu'il en avait l'air.

Après tout, en nous parlant de quelqu'un se faisant sans ambigüité sauter la cervelle puis réapparaissant, n'y avait-il pas une intention de préparer le retour de Moriarty de façon rationnelle en saison 4? Mycroft prononce ensuite les mots data et virus et je me suis dit que c'était une allusion à la comparaison faite entre le personnage et un ordinateur bien avant l'existence de Sherlock, mais ce vocabulaire anachronique n'est en fait pas là juste pour le clin d'oeil aux fans, c'est un indice. De même, quand Moriarty apparait, ma première réaction a été de me dire que contrairement à ses camarades, Andrew Scott ne s'était vraiment pas foulé et jouait exactement comme sa version du XXIe siècle... Et le twist de l'épisode intervient, confirmant que Moffat et Gatiss ne pouvaient se contenter de nous livrer une petite enquête classique et linéaire dans leur série (The Blind Banker parait bien loin!) et que tous les petits détails qui faisaient tiquer étaient volontaires.

On retrouve alors ce qui fait la spécificité de la série. Elle ne se repose pas sur ses lauriers et pousse autant que possible le jeu avec les spectateurs, s'ingénie à ne pas être exactement là où on l'attend et cherche toujours à expérimenter dans sa manière de conter une histoire. C'est ce qui fait de Sherlock une série qui sort du lot, mais n'est pas sans risque (l'aspect méta très poussé de la saison 3, entre autres, n'avait pas plu à tout le monde). Le fait d'avoir placé la révélation aux deux-tiers de l'épisode comporte celui de faire sortir complètement le spectateur de l'histoire, alors que placé dans les cinq dernières minutes, l'aspect cliché du "tout cela n'était qu'un rêve" aurait pu déplaire, mais n'aurait pas désarçonné autant. Cependant, on n'en profite pas pour escamoter la réponse au cas de la revenante sous prétexte qu'il n'est pas réel, mais l'attitude de Sherlock à la fin ne clôt pas le mystère: il continue d'affirmer que Moriarty est mort et bien mort alors qu'on a une explication pour son retour, mais en même temps le détective attend son prochain coup. Donc l'explication possible donnée pour sa survie n'est-elle qu'une distraction, ou le personnage est définitivement mort mais continue à d'agir post-mortem (à travers une organisation)?

Il faudra attendre encore avant d'en savoir plus sur le destin du chat de Schrödinger du crime mais cet épisode annonce en tout cas que les scénaristes ont toujours envie de surprendre.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 2 Janvier 2016, 11:43bouillonnant dans le chaudron "Sherlock Holmes".


Ingrédients :

  leodagane
leodagane
03-01-16
à 23:04

Waaaaaahhhhh.... Quel épisode !! Scotchant, renversant, formidable, et les mots me manquent, en bref, un régal. Je pense que les acteurs ont dû bien s'éclater en tournant ça, avec les changements de registre et les clins d'oeil. Qu'est-ce que ça fait du bien une telle qualité dans une série, je me l'étais déjà dit précédemment mais là, c'est encore bien meilleur. A voir et revoir, ne serait-ce que pour patienter en attendant la suite. Et on a de quoi mouliner et attendant (le "chat" en effet, et puis surtout Moriarty qui est mort bien sûr, dixit Sherlock, mais qui prépare quelque chose... mais quoi... )

  Zakath-Nath
Zakath-Nath
03-01-16
à 23:07

Re:

Oui, on a le temps de cogiter. Pas encore pu le revoir, il y a sans doute pas mal de choses qui m'ont échappé.