Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Roland furieux
Le roi Charlemagne peut compter sur ses vaillants chevaliers pour repousser les Sarrasins aux portes de Paris. Quand les vaillants chevaliers ne sont pas occupés par des quêtes annexes mais qui leur tiennent à cœur. Ainsi, Roland cherche à délivrer Angélique, princesse d'Orient dont il est éperdument amoureux.

Après La Jérusalem délivrée du Tasse, il était logique que je me penche sur son prédécesseur et modèle en matière de poème épique transalpin, Roland furieux de l'Arioste, autre grand inspirateur d'opéra divers. Il s'agit de la suite d'un autre poème, Roland amoureux de Boïardo qui n'a pas connu la même postérité. L'Arioste n'estime pas nécessaire de présenter les nombreux personnages et de résumer les épisodes précédents, déjà connus probablement de ses lecteurs et auditeurs de l'époque mais pour une lectrice moderne comme moi, passés le roi Charles et Roland, ce beau monde ne m'évoquait rien. En quarante-six chants, on a le temps de se familiariser, ou on l'aurait si l'auteur ne passait pas bien vite d'un personnage à l'autre. Autant prévenir: en dépit du titre, Roland et sa folie n'occupent qu'une petite partie des nombreuses intrigues qui s'entremêlent.

L'Arioste, comme plus tard Le Tasse, mélange personnages historiques, mythologie grecque et christianisme avec en bonus de petits emprunts à la mythologie arthurienne. Contrairement au Tasse cependant qui ne perdait jamais son objectif de vue, L'Arioste abandonne certains héros pendant de nombreux chants, fait voyager un peu partout, de l'Écosse à Damas en passant par Montauban, avant de se rappeler que les Sarrasins assiègent Paris et qu'il y a urgence... Aux malheurs de Roland troublé par la mystérieuse et régulièrement dans le pétrin Angélique, le poète préfère conter les exploits de Roger et de la guerrière Bradamante. Cela s'explique par le fait qu'ils sont censés être les ancêtres de son employeur d'alors, le cardinal Hippolyte d'Este, qui aurait accueilli la flatterie en tenant à peu près ce langage: "mais enfin, c'est quoi, ces conneries?". Avec Bradamante et Marphise, on voit encore qu'on pouvait très bien mettre en scène des femmes-chevaliers au XVIe siècle sans que cela fasse sourciller (certes dans un contexte qui ne se prétendait pas réaliste) et les personnages féminins ne manquent pas d'initiatives même si certains, surtout au début, se font souvent enlever avant que les héros ne volent à leur secours. Un chant commence même avec un "trigger-warning: misogynie" avant l'heure assez amusant.

Très décousu au point de caler parfois, Roland furieux abonde de péripéties et ne manque pas d'humour. On peut lui préférer La Jérusalem délivrée plus solidement construite, et encore une fois la traduction française en prose est de qualité tout en perdant forcément quelque chose de la langue d'origine mais ces quarante-six chants généreux en exploits de toutes sortes nous emportent dans une spirale d'action démente.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 29 Août 2024, 11:02bouillonnant dans le chaudron "Littérature".