Frau Totenkinder décide de provoquer en duel Mister Dark mais ses pouvoirs seront-ils suffisants pour contrer la menace ou les Fables n'auront-elles droit qu'à un court répit? Le Vent du Nord quant à lui découvre que Blanche et Bigby lui ont caché l'existence d'un de leurs enfants et Rose-Rouge reprend du poil de la bête.

Après la défaite de l'Adversaire, Bill Willingham n'avait pas perdu de temps à introduire un nouvel antagoniste encore plus puissant et terrifiant. De quoi occuper les Fables jusqu'au dernier numéro? Le scénariste accélère finalement le tempo après quelques petits récits annexes d'intérêt variable et dans ce volume, on dira, a priori, adieu à cet ennemi surpuissant mais qui n'est pas dépourvu de points faibles. Pendant que l'on fait monter la pression pour l'affrontement au sommet entre Totenkinder et Mister Dark, Rose-Rouge est remise en selle par un mystérieux personnage qui prend les traits de sa mère. C'est l'occasion de replonger dans le passé des deux sœurs, l'auteur s'amusant évidemment une fois encore à réinterpréter un conte célèbre à sa sauce, avec des passages glauques (les Nains, dont on avait mentionné plus tôt qu'il ne fallait pas en parler devant Blanche... on comprend pourquoi) mais également avec humour à travers des princes charmants qui prennent parfois leurs engagements au sérieux, quitte à ce que cela pose de sérieux problèmes.

Le duel tient ses promesses grâce surtout à la stratégie habile de Totenkinder et en même temps, on se dit que c'est trop facile quand on pense aux pertes qu'avait causé la dernière grande bataille contre l'Adversaire. Qu'à cela ne tienne, Mister Dark est plus dur à arrêter qu'il n'en donne l'air même si ce volume clôt son arc, avec un important sacrifice qui règle un dilemme cornélien. Le scénariste, après s'être amusé des contes de fées, joue avec les codes des comics de super-héros à travers le personnage de Pinocchio qui en est friand. Un arc important s'achève donc mais les pousses pour les trois derniers volumes sont plantées: Rose-Rouge devrait jouer un rôle central, encore à définir, et la progéniture de la Belle et la Bête s'annonce remuante. Il y a encore quelques petits historiettes qui meublent pour faire durer le suspense. Ici, Bill Willingham et le dessinateur Mark Buckingham échangent brièvement leurs rôles pour une poignée pages sur des bêtises de Pinocchio, anodines jusqu'à ce que le garnement remette involontairement ce qui pourrait donner à Geppetto l'occasion de nuire de nouveau. On a aussi divers dessinateurs pour une nouvelle salve de réponses à des questions de fans, ici des célébrités (ou semi-célébrités), pas très intéressant mais c'est très court.

Fables atteint donc encore des sommets quand il s'agit de dépeindre des combats entre formidables opposants. La série conserve toujours le même esprit, balançant entre humour pince-sans-rire et fond plus grave et sombre. Si occasionnellement, telle petite intrigue est là pour purement distraire de façon peu inspirée entre deux moments cruciaux, on le pardonne aisément.