Passons encore une fois sur le titre français, et avertissons tout net les âmes naïves pour qui la somme "Johnny Depp" et "libertin" est égale à "chouette! On va se rincer l'oeil". Dès le prologue, John Wilmot, deuxième comte de Rochester (Johnny Depp, donc) nous avertit en termes crus qu'on ne l'aimera pas et qu'on sera même franchement dégoûtés par ce qui va suivre. Le reste du film met à peu près tout en oeuvre pour lui donner raison.

Sous le règne de Charles II (John Malkovitch), revenu au pouvoir après des années de puritanisme, John Wilmot défraie la chronique par ses excès, ce qui n'est pas une mince affaire vu le climat de débauche générale qui semble de mise. Charles II compte sur le brillant esprit de Wilmot pour écrire une pièce à sa gloire et redorer son blason. Parallèlement, Wilmot, bien que marié, jette son dévolu sur une jeune actrice, Elizabeth Barry.

Bienvenue au XVIIe siècle!

Laurence Dunmore, pour sa première réalisation, a semble-t-il décidé de prendre le contre-pied total des reconstitutions historiques esthétiquement soignées, policées. Le XVIIe siècle, c'est crade. Tout le monde patauge dans la merde, a un sens de l'hygiène limité, parle et se conduit crûment. La photographie est à l'image du reste: les extérieurs sont brumeux, les intérieurs mal éclairés et enfumés. On peut louer cette volonté de réalisme ou être dérangé par cette mocheté volontaire.

Pour ce qui est du reste, Johnny Depp semble s'en donner à coeur joie dans le rôle de ce personnage detestable presque jusqu'à la fin, et le reste du casting est impeccable. Comme à part Depp et Malkovitch il s'agit d'une distribution britannique, forcément on retrouve des têtes connues d'Orgueil et Préjugés (Rosamund Pyke, Rupert Friend qui fait encore plus ersatz d'Orlando Bloom et Tom Hollander) de Pirates des Caraïbes (Tom Hollander et Jack Davenport) et de Coupling (Jack Davenport et Richard Coyle). Personne de chez Harry Potter, ce qui est étrange.

Les scènes se suivent de façon parfois un peu abrupte et on a un peu de mal à voir où le film veut en venir: simple biopic pour nous faire connaître un personnage plutôt oublié de nos jours? Illustration d'une période de l'Histoire à travers la vie d'un personnage? Que quand vous brûlez la chandelle par les deux bouts vous finissez par attraper la chtouille? Un des principaux problèmes c'est qu'au-delà du côté provocateur de Wilmot bien mis en valeur, ce qui en faisait un génie est assez vite expédié. Le film, sans être une réussite ou très agréable à regarder, est tout de même assez intéressant, mais pour un public averti.

Un film top-moumoute

Pas forcément au niveau de la qualité, non... Mais époque oblige, nos braves acteurs sont affublés de perruques styles Louis XIV à vous faire regretter les cornets à la vanille de Pirates des Caraïbes. Rien que pour le plaisir:

Johnny Depp ne s'en sort pas trop mal. Pour l'instant.

Enfin, ça dépend de son niveau d'ébriété aussi.

Tom Hollander, par contre... Parce qu'il y a la moumoute, mais aussi le maquillage. Enfin, ça lui fait gagner quelques centimètres. Mais comme les autres sont aussi emperruqués, retour à la case départ. Lord Beckett serait quand même moins inquiétant avec ce look.

Rupert Friend, qui heureusement pour lui n'a pas la perruque dans beaucoup de scènes.

Arrivée en fanfare de Jack Davenport, alias Boucles d'Or (et le pire reste à venir).

Petit aparté pour signaler que quand son personnage est sensé être coiffé naturellement, ce n'est pas la joie non plus (même si ça me rappelle ces chiens tout mignons qu'on a envie d'ébouriffer. Passons). Et ils lui ont noircis les dents, réalisme oblige. Bref, si vous voulez voir vos acteurs favoris à leur avantage, vous n'avez pas frappez à la bonne porte. Maintenant attention les yeux.

TADAAAA!! Le retour de Boucles d'Or, ou Quand Norrington chourave les moumoutes du Gouverneur Swann. Mais la franchise me force à signaler qu'une fois n'est pas coutume, dans cette scène, il est plus à son avantage que Johnny Depp:

Si après ça vous êtes toujours pas tentés par ce film...