Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Quatre de l'espionnage
Pendant la Grande Guerre, Edgar Brodie, auteur et officier, se voit confier une mission par les services secrets britanniques: sous le nom d'Ashenden, il doit se rendre en Suisse pour identifier et éliminer un espion allemand. Une fois là-bas, il est assisté par Elsa Carrington, qui se fait passer pour sa femme, et le Général, un tueur. Le trio a cependant quelques difficultés à repérer la cible.

Adaptation de Somerset Maugham, Quatre de l'espionnage, ou Secret Agent outre-manche, fait partie de la salve de films de la période anglaise d'Hitchcock commencée avec L'Homme qui en savait trop et conclue par Une Femme disparait où le réalisateur et son équipe mêlaient suspense et espionnage avec parfois une bonne dose d'humour. Néanmoins, il souffre d'une réputation beaucoup moins flatteuse que les autres et Hitchcock lui-même, des années après, ne cachait pas son insatisfaction. Il ne faudrait pourtant pas l'ignorer totalement car le film est loin d'être sans mérites.

Le manque d'héroïsme des protagonistes et la compromission morale qu'exige leur mission n'étaient peut-être pas au goût des spectateurs dans les années 30 mais près d'un siècle après, on en a vu d'autres. De plus, si la rupture de ton est déconcertante entre la première moitié enjouée et la suite, elle n'en rend le film que plus intéressant. En effet, on part sur un ton de comédie, avec ces personnages qui ne sont pas ce qu'il semble: "Ashenden" qui se retrouve espion sans avoir rien demandé et doit jouer les maris conciliants, Elsa, jeune femme en quête de sensations fortes en fausse épouse volage, le Général, un Mexicain de carnaval dont on ignore le pourquoi de cette personnalité caricaturale et Marvin, un soupirant entreprenant d'Elsa avec qui on ne passerait pas autant de temps s'il n'était au contraire des autres rien de plus que ce qu'il apparait.

Après une méprise tragique, le film opère un changement de tonalité flagrant, et Elsa est peut-être le personnage qui montre le mieux cette évolution, perdant son insouciance devant la gravité des actes dont on lui demande d'être complice tandis que le Général, sous ses dehors de sidekick comique, se révèle un véritable psychopathe sans la moindre considération pour ses semblables. On a droit à quelques séquences mémorables, comme celle de l'assassinat lors de la randonnée en montagne ou dans la fabrique de chocolat.

Pour ce qui est de l'interprétation, c'est plus inégal. Madeleine Carroll, déjà présente dans Les 39 Marches, hérite probablement du personnage le plus intéressant. Peter Lorre cabotine outrageusement, ce qui peut ne pas être du goût de tout le monde, mais il amène un mélange de légèreté et de dangerosité qui colle bien au propos du film et le fait qu'il soit mentionné que le personnage n'est en fait pas du tout mexicain permet de faire passer son aspect totalement outrancier pour un faux-semblant de plus. Robert Young offre aussi une bonne façade de frivolité qui convient. Finalement, le maillon faible est John Gielgud, grand acteur de théâtre shakespearien mais ici peut familier avec le cinéma et qui ne semble pas bien à l'aise. Il a très peu d'alchimie avec sa partenaire, ce qui peut paraître cohérent au début quand ils doivent se faire passer pour un couple sans se connaître, mais on a du mal à croire qu'un coup de foudre a eu lieu par la suite et le dernier plan du film en devient aussi niais que peu crédible.

Un Hitchcock mineur, sans doute, et un film imparfait certainement, mais qui vaut cependant d'être redécouvert.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 22 Mai 2020, 22:16bouillonnant dans le chaudron "Films".