Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Pour une poignée de dollars
La petite ville de San Miguel est déchirée entre deux clans rivaux, les Rojos et les Baxter. Jusqu'à l'arrivée d'un étranger qui sous couvert de servir tour à tour les deux familles va les pousser à se neutraliser.

Parler des grands classiques et des films cultes peut être intimidant tant tout a déjà pu être dit à leur sujet et constater que c'est quand même bien fichu n'apporte pas grand chose. En fait, je ne savais même pas par quel bout aborder La Trilogie du Dollar, ce qui peut paraître idiot car contrairement à Star Wars, il n'y a pas vraiment lieu à débattre. Mais j'ai découvert les trois volets à l'adolescence, dans l'ordre inverse de leur sortie, alors que je ne connaissais du western que la période classique américaine, et voir Le Bon, la Brute et le Truand comme premier Sergio Leone et premier western italien a eu un impact sur l'appréciation que j'ai pu ensuite avoir des autres, du coup je me demandais si la meilleure manière pour moi n'était pas d'en parler en fonction de la chronologie de mon visionnage d'alors. Mais finalement, non, ce sera plus conventionnel. Même si fatalement, il sera dur de ne pas comparer avec ce qui va suivre.

En revanche, nulle comparaison avec Yojimbo de Kurosawa dont ce film est le remake sur fond de western, puisque je ne l'ai pas vu. On connait l'histoire: les droits pour un remake n'avaient pas été payés, d'où procès pour plagiat et les arguments comme quoi Kurosawa lui-même s'était inspiré d'un texte de Dashiell Hammett et que de toute façon, Goldoni avait posé les bases avec Arlequin, valet de deux maîtres n'avaient pas suffi pour l'emporter. Plagiat ou pas, je ne sais plus qui a dit qu'il n'existait que deux sortes d'histoires, celles où un protagoniste part en voyage et celles où un étranger arrive en ville. Avant de dégainer une tonne de contre-exemples, on s'accordera pour dire que Pour une poignée de dollars appartient totalement à la deuxième catégorie.

Observer ce mercenaire taiseux et charismatique bouleverser le statu-quo et nettoyer la ville des deux bandes qui la tyrannisent est pour le moins amusant, même si on aurait pu souhaiter que ce soit encore plus ludique: d'emblée, les Rojos sont présentés comme plus dangereux que les Baxter, et même si la matriarche de cette famille ne manque pas d'allure, elle est sous-exploitée. Le véritable danger et les vraies difficultés vont donc venir des Rojos et de Ramon en particulier, mais en dehors d'une scène où l'étranger prend cher, il contrôle toujours parfaitement la situation.

Clint Eastwood, avec pas grand chose d'autres qu'un second rôle dans Rawhide sur son CV à l'époque, s'impose d'entrée en anti-héros au cigarillo, qui assiste sans broncher dans sa première scène au tabassage d'un môme et qui est avant tout là pour tirer profit du conflit entre les deux familles mais va démontrer au passage qu'il est moins pourri qu'on ne le pense. En face de lui, Gian Maria Volontè campe un antagoniste presque aussi charismatique, et on repère déjà quelques gueules leoniennes récurrentes comme celle de Mario Brega, mais personne n'est aussi mémorable que la figure désormais iconique de l'Homme sans Nom (qui en a un ou en tout cas un surnom pour chaque film, ici un très générique "Joe"). Au point où contrairement aux films suivants, on a tendance à retenir qu'il agit en solo alors qu'il est appuyé tout le long par l'aubergiste Silvanito.

Pour une poignée de dollars est un film qu'on prend toujours plaisir à revoir mais force est de constater que tout en réussissant à imposer une figure de western et démarrer un nouveau style (même s'il ne s'agit pas du premier western italien, et encore moins européen), il reste tout de même un peu timide, comme si tout le monde se cherchait encore. Sergio Leone manifeste déjà son goût pour les trognes pas possibles, le cynisme et un certain humour noir ("au temps pour moi, quatre cercueils") mais il se montre encore assez sage. Ennio Morricone compose un thème principal entraînant et qui détonne par rapport aux musiques habituelles dans le genre (ainsi qu'un magnifique mais beaucoup plus classique dérivé du Deguello de Tiomkin) mais cela fait peu par rapport à ce qu'il nous réserve pour la suite.

Pour un coup d'essai, c'est tout de même un petit coup de maître, mais l'intérêt du succès de l'entreprise (et du ressentiment de Leone lié au fait de n'avoir pas touché une lire dessus) tient surtout au fait qu'on aura droit à une suite. Et là les choses sérieuses vont vraiment commencer.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 17 Septembre 2019, 12:19bouillonnant dans le chaudron "Films".