Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Picnic at Hanging Rock
En 1900, le jour de la Saint-Valentin, les jeunes filles du pensionnat de Mrs Appleyard, en Australie, se rendent à un pique-nique au pied du massif de Hanging Rock. Trois élèves et une enseignante disparaissent, laissant leur entourage devant un mystère insoluble.

Publié en 1967, le roman de Joan Lindsay avait bien marqué les esprits et donné lieu quelques années plus tard à un film de Peter Weir fascinant. En tirer une nouvelle adaptation était donc une gageure, surtout sous forme de mini-série puisque après tout, le livre est relativement court. Je précise tout de même que je ne l'ai pas lu, j'ai en revanche eu l'occasion lors d'une sortie ciné de découvrir le director's cut de Weir, mais j'étais tout de même curieuse de voir ce que l'on pouvait bien tirer de plus de cette histoire quarante ans après. Pas grand chose de bien convaincant à mes yeux, hélas.

Tout d'abord, on a l'impression de nager dans du sous Sofia Coppola, esthétiquement parlant, du titre s'affichant en fuchsia à la bande musicale vaguement électro. La réalisatrice ayant apparemment elle-même été influencée par le film de Peter Weir, pourquoi pas, mais la mise en scène, malgré ses effets de style censés perturber nos repères, peine à instaurer un vrai malaise, un sentiment d'étrangeté et de danger, et le Hanging Rock du titre, malgré les montres qui s'arrêtent de marcher à son approche, manque d'une véritable présence et ne parvient pas à peser sur l'histoire.

Le scénario, lui, multiplie les pistes de réflexion, mais pour tenir sur six épisodes, surligne au stabilo ce qui était laissé à l'interprétation du spectateur dans la précédente adaptation, ou seulement suggéré et se perd dans sa symbolique lourdingue (personnage de bigot hypocrite et pervers livré aux flammes devant son crucifix..). On multiplie les suspects et les hypothèses (les filles auraient-elles fugué, auraient-elles été victimes d'un homme qui aurait eu des griefs contre elles...) alors que l'on n'est pas dans un whodunit et le développement de Mrs Appleyard ne fonctionne pas.

Le rôle de la directrice a été confié à Natalie Dormer, fort bonne actrice au demeurant mais qui doit se colleter à un personnage rajeuni et transformé pour l'occasion. La respectable veuve cache un passé tempestueux qui se rappelle sans cesse à elle, et elle est à l'image de l'adaptation dans son ensemble: à trop vouloir en faire et en dire, on se perd en chemin. Parfois directrice stricte et cruelle, parfois femme qui a souffert et prête à aider ses semblables dont elle connait bien les tourments imposés par la société, parfois fugitive prête à tout pour préserver son secret... Cela aurait pu donner un personnage complexe mais l'on passe d'un aspect à l'autre selon les scènes sans de véritable liant.

Picnic at Hanging Rock est de base une histoire riche où il est question de la confrontation entre la société victorienne et une nature au-delà du temps et de la compréhension humaine, de la cruauté derrière des valeurs morales victoriennes rigides, de l'éveil des jeunes filles à la sexualité, mais avec trop de temps sur les bras, on perd en finesse, en mystère (sans pour autant donner la moindre réponse), d'où le sentiment d'un effort de modernisation qui ne se justifiait pas vraiment et que les bonnes actrices ne parviennent pas à sauver.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 28 Juillet 2018, 14:43bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".