L'année 1904 touche à sa fin et le préfet Lépine ordonne d'empêcher les prostituées de racoler dans les rues de la capitale à la veille de Noël, conduisant à un drame. Antoine Jouin enquête sur la mort d'un homme retrouvé dans le bois de Boulogne, un décès classé comme un suicide mais que l'inspecteur soupçonne d'être un meurtre.

Avec Paris Police 1900, Fabien Nury nous avait plongé dans le Paris d'une Belle Époque peu reluisante, gangrénée par la corruption, l'antisémitisme et la violence en général. Cette suite, mi-seconde saison, mi-nouvelle série (elle peut se suivre sans avoir vu la précédente même si cette dernière est recommandée, forcément le titre change avec les années qui passent) nous ramène dans la capitale pour une reconstitution tout aussi soignée et tout aussi inconfortable à regarder. Cette fois-ci, il sera question du traitement des prostituées et des homosexuels à travers deux intrigues qui ne sont au premier abord pas liées entre elles mais qui vont résonner tout au long des six épisodes, notamment au travers de la question de la syphilis qui se répand dans toutes les classes de la société.

Personnages réels et fictifs sont de retour, comme Lépine et Marguerite Steinheil pour les premiers, Jouin ou Fierci pour les seconds. On voit également arriver les automobiles dans la vie de tous les jours et le besoin de réguler ce nouveau moyen de transport. Alors que je sors de la saison 4 de Babylon Berlin, j'y ai retrouvé la même densité au niveau des personnages, des intrigues lancées dont on se demande s'il n'y en a pas trop pour pouvoir tout mener de front avant que la fin de saison n'apporte une réponse globalement positive. Même si comme je l'ai dit on peut se lancer dans cette saison sans avoir suivi Paris Police 1900, si on a regardé cette dernière mais qu'on ne l'a plus trop en tête, on peut passer un petit moment à resituer les personnages faute de se souvenir exactement où on les avait laissés.

Vu les thèmes abordés, on se doute qu'on va assister à une suite d'épisodes souvent sordides et l'ambiance est généralement oppressante: depuis l'arrestation de Rosalie Dantremont et le sort de son enfant jusqu'au ménage Steinheil qui vire par moment au huis-clos horrifique, la série, sans trop d'excès graphique, à quelques scènes près, est souvent éprouvante et les personnages, même les protagonistes, restent ambivalents (l'avocate Jeanne Chauvin, héroïne peut-être la plus moderne et positive, a un rôle plus en retrait que dans la précédente enquête). On peut au moins compter sur l'inénarrable Bertillon pour amener des touches d'humour, que ce soit dans ses théories contrariées par un confrère médecin légiste ou sa nouvelle passion pour la conduite automobile qui aura des conséquences inattendues.

La distribution est toujours de bonne tenue. Comme en saison 1, Marc Barbé dans le rôle du préfet Lépine est sans doute le plus charismatique même si personne ne démérite. Cependant, comme c'est courant dans les séries historiques françaises, le jeu de certains acteurs est parfois excessivement théâtral, comme celui de Grégoire Baujat en médecin légiste aux manières particulièrement affectées, ce qui offre un décalage comique dans son opposition à Bertillon mais est au départ assez déconcertant. Néanmoins, on garde un ensemble très assorti, loin de l'hétérogénéité de certains casting sur le même créneau qui pouvaient donner l'impression que la direction d'acteurs était absente et que tout le monde jouait dans une série différente.

Paris Police 1905 s'inscrit dans la droite lignée de Paris Police 1900 et se montre tout aussi alambiquée mais prenante. On frôle le trop-plein par moment (d'intrigues, de sordidité...) mais ce monde inquiétant et étouffant reste toujours intéressant à explorer.