Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Paprika
Le DC Mini est une invention révolutionnaire, permettant d'entrer dans les rêves des gens et de les partager. Alors que l'appareil est conçu à des fins thérapeutiques et encore en phase de test, trois de ses prototypes sont volés. Le docteur Chiba, qui navigue dans les rêves sous l'apparence d'une jeune femme, Paprika, tente d'arrêter le voleur tandis que ce dernier commence à manipuler les autres rêveurs.

Avec Perfect Blue, Satoshi Kon m'avait déjà impressionnée et pourtant je n'étais pas prête pour la claque qu'allait être Paprika, malgré les nombreux échos positifs que j'en avais (au fait, le film et d'autres long-métrage d'animation japonais sont en ligne sur le site de France TV jusqu'au 31 août). Dès la scène d'introduction, on est à la fois happé et déstabilisé par un univers riche où rêve et réalité s'entremêlent: on pénètre dans l'inconscient de l'inspecteur Konakawa, hanté par la culpabilité, pour découvrir à son réveil qu'il suit une thérapie menée par Paprika, jeune femme enjouée qui est elle-même l'alter-ego onirique de la très sérieuse scientifique Atsuko Chiba.

Cette dernière et son équipe, dont le génial mais infantile et morbidement obèse Tokita vont devoir se démener pour découvrir qui a volé des exemplaires du DC Mini et commence à en faire mauvais usage. Peu à peu, la réalité elle-même est contaminée par les rêves. En 1h30, Satoshi Kon parvient à poser une intrigue complexe au premier abord mais qui se dévoile petit à petit, tout comme la personnalité de ses personnages. L'introduction de Tokita par exemple fait craindre le pire en manière de faire-valoir comique en surpoids, il se révèle être un génie finalement touchant. Le traumatisme de Konakawa laisse penser à une affaire criminelle non-résolue, il en sera tout autrement. Le scénario offre donc un thriller avec des fausses pistes et un vrai coupable qui a la tête de l'emploi mais dont la trajectoire est régulièrement détournée par des séquences délirantes dont un dernier tiers de haute volée alors que la réalité elle-même se trouve menacée.

Bien que Perfect Blue était virtuose dans sa réalisation et son scénario, le film souffrait de figurants sommairement exécutés, Paprika en revanche est un délice pour les yeux d'un bout à l'autre: les décors sont fouillés, même les plus ordinaires, et celui de la fête foraine abandonnée est particulièrement réussi. Visuellement foisonnant, le film est également soutenu par une excellente BO signée Susuma Hirasawa, dont le morceau Parade est particulièrement entêtant et entrainant.

Paprika est une leçon de cinéma à plus d'un titre. Non seulement il s'agit d'une démonstration de tous les instants du talent de Satoshi Kon et son équipe mais on retrouve comme dans Perfect Blue une réflexion sur les rapports entre fiction ou réalité. Dans le précédent film, les repères se brouillaient entre ce que vivait l'héroïne, la série qu'elle tournait et sa perception de plus en plus troublée entre réel et hallucinations. Dans Paprika, en plus des différents niveaux de rêves (concept qui n'est pas sans annoncer Inception), le réalisateur s'amuse le temps d'un échange entre Paprika et Konakawa à évoquer une des règles de base de la mise en scène, celle des 180°, exemple à l'appui, règle fondamentale pour que le spectateur puisse se repérer dans l'espace et comprendre où se situent les personnages les uns par rapport aux autres... Justement dans une œuvre qui s'ingénie à brouiller les repères.

Dernier long-métrage de Satoshi Kon dans sa trop courte carrière, Paprika est un chef-d’œuvre dont on ne saura hélas jamais s'il aurait pu l'égaler ou le surpasser. À la fois thriller et plongée déjantée, envoutante et parfois inquiétante dans un univers onirique, le film laisse une impression vive et donne envie de s'y replonger à peine fini (ou de se passer en boucle Parade).
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 5 Juillet 2022, 21:23bouillonnant dans le chaudron "Films".