Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Numéro 11
Si en Angleterre, le numéro 11 évoque en premier lieu l'emplacement de la demeure du Chancelier de l'Échiquier sur Downing Street, pour Rachel et Allison, il peut aussi bien s'agir de l'adresse d'une mystérieuse folle élevant des oiseaux, le bus qu'emprunte la mère d'une des deux jeunes femmes pour échapper à sa maison mal chauffée ou encore le nombre de niveaux en sous-sol que l'épouse d'un riche homme d'affaires a décidé de faire creuser. Le numéro 11 n'est cependant pas le seul point commun qui relie des événements apparemment sans rapport: la puissante famille Winshaw est toujours présente, et toujours aussi malfaisante.

Le risque quand on est profondément marquée par la première œuvre qu'on a lu d'un auteur, c'est évidemment d'être déçue par les suivantes, quand on se décide même à les lire. Dans le cas de Jonathan Coe, je l'avais découvert avec Testament à l'Anglaise, qui est un de mes romans préférés. Après cela, mon appréciation de ses bouquins est en dents de scie: j'ai beaucoup aimé Bienvenue au Club, trouvé sa suite Le Cercle Fermé profondément frustrante, La vie très privée de Mr Sim était sympathique jusqu'à une fin qui tenait de l'arnaque éhontée et Expo 58 était divertissant mais peu mémorable. Avec Numéro 11, Coe revient dans l'univers de Testament à l'Anglaise, autant dire que j'étais à la fois curieuse et un peu inquiète.

Il s'agit de cinq récits, pas vraiment indépendants puisqu'on y retrouve des personnages communs, qu'il y a un véritable déroulement, mais, comme chaque membre de la famille Winshaw incarnait un aspect de la société et les abus en découlant, chaque partie s'attaque à un sujet de société: l'exploitation des travailleurs clandestins, la télé-réalité, les éditorialistes populistes...

Coe retrouve l'esprit féroce de Testament à l'Anglaise qui s'était un peu perdu par la suite, comme s'il ne savait pas comment aborder le New Labour après avoir si bien su dézinguer l'ère Thatcher. C'est souvent cruel, forcément quand il est question d'injustice, et si la fin est encore plus outrancière que celle de Testament à l'Anglaise, versant carrément dans le surnaturel, le jeu de massacre reste profondément satisfaisant. Le happy-end peut alors paraître artificiel, mais vu ce qui a précédé, il fait néanmoins plaisir. Ce plaisir reste tout de même teinté d'amertume: Numéro 11 montre bien que le sort des Winshaw dans la dernière partie de Testament à l'Anglaise n'a pas mis fin aux manigances de la famille et qu'ils ont fait des émules, ce qui donne surtout le sentiment d'avoir affaire à une hydre. Les Winshaw ne sont après tout que la personnification de tout ce qui ne va pas dans les hautes sphères de la société, hautes sphères qui continuent de fonctionner sans eux.

Quoi qu'il en soit, si le onzième roman de Coe n'est pas forcément le plus abouti mais c'est un retour foncièrement (ou fondamentalement?) réussi à un de ses plus gros succès.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 4 Juin 2018, 11:10bouillonnant dans le chaudron "Littérature".