Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
King Lear (BBC 2018)
Lear, vieillissant, décide de partager son royaume entre ses trois filles, en accordant la plus large part à celle qui lui exprimera le mieux son amour. Contrairement à ses aînées qui jouent aussitôt la carte de la flatterie, la plus jeune, Cordelia, préfère la sincérité et se retrouve aussitôt bannie et déshéritée.

Adapter une pièce de théâtre, de Shakespeare en l'occurrence, pour le petit ou le grand écran n'est pas chose facile. Il y a toujours le risque pour le réalisateur de tomber dans le théâtre filmé. Quant aux acteurs, on ne joue pas devant une caméra comme sur les planches où la voix doit porter jusqu'au dernier rang, et le résultat peut donc paraître bien artificiel. La BBC a cependant su relever le défi ces dernières années avec The Hollow Crown deux saisons adaptant cinq pièces de Shakespeare. On percevait parfois un manque de moyen et les effets de mise en scène n'étaient pas toujours heureux mais l'ensemble était d'une qualité indéniable et il aurait été dommage de s'arrêter en si bon chemin.

D'où ce King Lear qui n'appartient pas à la même veine des pièces historiques, et même si c'est à nouveau Richard Eyre, qui s'était occupé d'Henry IV derrière la caméra, le parti-pris est tout à fait différent puisque l'intrigue est transposée à notre époque. Apparemment, ce choix d'Eyre vient du fait qu'originellement, l'intrigue se déroule dans une Angleterre pré-chrétienne et qu'il n'était pas spécialement motivé pour filmer des personnages batifolant en tunique à Stonehenge. C'était peut-être également plus économique, et on peut toujours ressortir l'argument de l'intemporalité des thèmes pour justifier cette décision, mais voilà, les personnages se baladent en treillis plutôt qu'en armure et Edmund et Edgar vident leur querelle au free-fight plutôt qu'à l'épée.

Cependant, à moins de faire une allergie insurmontable à ce genre de modernisation, le spectacle vaut le détour, avec une distribution de haute volée: Anthony Hopkins en Lear, Emma Thompson en Goneril (et après avoir vu cela, je souhaite davantage de rôles de méchante pour elle, directeurs et directrices de casting de tous les pays, si vous me lisez), Emily Watson, Florence Pugh, Anthony Calf, Jim Broadbent, Jim Carter, Christopher Eccleston, Andrew Scott, Tobias Menzies... On ne va pas tous les citer mais au milieu de tous ces noms et visages familiers, il faut mentionner John MacMillan dans le rôle d'Edmund, qu'il serait bien de revoir à l'avenir.

Le téléfilm dure un peu moins de deux heures, ce qui suppose des coupes notables dans la pièce. J'ai lu celle-ci il y a des années, aussi suis-je incapable de mettre le doigt sur ce qui n'a pas été conservé, mais on sent par moment un enchaînement trop rapide dans les événements, qui peut déconcerter. La plongée dans la folie d'Edgar, par exemple, est très brusque alors que l'on n'a pas encore vraiment eu le temps de faire sa connaissance, tout comme le sort de Goneril et Regan à la fin qui est si vite expédié qu'on peut ne pas en comprendre la raison pour peu que l'on laisse son attention être détournée un instant, et Cordelia a finalement peu de temps à l'écran en regard de son importance, ce qui en fait la moins marquante des trois filles de Lear.

L'essentiel y est cependant et cette histoire de pères aveuglés au sens propre ou figuré par leurs enfants est toujours aussi percutante, qu'importe les costumes que les personnages revêtent, le texte est toujours là et particulièrement bien servi. Il faut donc espérer que la BBC poursuive encore un moment dans cette entreprise (il y a déjà eu l'année dernière une adaptation du Singe d'une Nuit d'été par Russell T. Davies, maintenant que j'y pense, il faudra que j'y jette un œil).
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 3 Juin 2018, 17:49bouillonnant dans le chaudron "Films".