Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Mean Streets
À New-York, au début des années 70, Charlie Cappa est partagé entre son ambition de marcher sur les traces de son oncle mafieux et sa foi catholique. Il se met en tête de protéger son ami Johnny Boy, instable et cumulant les dettes, notamment auprès de Michael, un petit trafiquant.

Pour son troisième long-métrage, Martin Scorsese a puisé dans ses souvenirs d'enfance dans le quartier de Little Italy à New-York pour nourrir cette chronique de la vie d'une petite bande de voyous qui rêvent de gravir les échelons de la pègre. On n'est pas ici encore dans un film de gangsters comme Casino mais dans une peinture intimiste d'une poignée de jeunes gens, délinquants plus que grands criminels malgré leurs aspirations. Charlie, le personnage principal, incarné par un Harvey Keitel dont on n'a pas souvenir de l'avoir vu aussi juvénile, rackette pour le compte de son oncle, dont il espère qu'il lui confiera la responsabilité d'un restaurant. Il a cependant du mal à concilier une carrière qu'il sait immorale et l'enseignement catholique qu'il a reçu. Les quelques Pater et Ave que le prêtre de sa paroisse lui donne à réciter ne lui semblant pas suffisant pour expier, il prend comme sa croix la protection de Johnny Boy, ami d'enfance se fourrant joyeusement dans tous les guêpiers possibles sans apprécier les efforts et la patience de son entourage.

Pas de petits génies du crime ici, pas de description d'un itinéraire du type rise and fall. On suit seulement sur quelques jours l'existence de petites frappes. Malgré son admiration pour son oncle et son envie de l'épauler, Charlie reste un garçon de course bien habillé. Johnny Boy est instable et s'amuse sans penser aux conséquences de ses actions sur lui ou ses amis. Michael, malgré ses allures de parrain ténébreux, ne mène que de petits trafics quand il ne se plante pas carrément sur les produits qu'il fait passer en contrebande, l'argent qu'il extorque à des drogués ne lui sert qu'à acheter des places de cinéma et il doit timidement faire le pied de grue pour s'entretenir avec Charlie car il n'ose pas interrompre une conversation entre lui et son oncle. Du quatuor principal, seul Tony semble vraiment installé avec son bar qui n'est pas vraiment un haut lieu de la vie new-yorkaise. Tous ces gens font les malins mais prennent la fuite lorsque sous leurs yeux a lieu une exécution particulièrement laborieuse.

Il n'y a pas vraiment de fil rouge dans ce film, à l'exception peut-être de la dette de Johnny Boy envers Michael que Charlie s'inquiète plus de voir épongée que son meilleur ami. Les scénettes s'enchainent mais l'énergie qui se dégage d'entrée de jeu empêche l'ennui de s'installer et la psychologie bâtie autour de Charlie tiraillé entre des désirs contradictoires donne une unité à l'ensemble qui empêche le film de paraitre trop décousu et de perdre de son intérêt. Tourné rapidement avec un tout petit budget, Mean Streets a des allures de reportage pris sur le vif avec ses plongées caméra à l'épaule dans les rues de New York. Des rues qui ne paient pas de mine, on est parfois en pleine cohue, parfois en plein désert mais Scorsese en fait ressortir occasionnellement une certaine beauté dans des plans nocturnes.

Évidemment, on ne peut pas passer sous silence les acteurs. Dans le rôle de Charlie, Harvey Keitel transmet un zeste de naïveté chez ce petit malfrat qui veut jouer dans la cour des grands tandis que Robert De Niro, pour sa première incursion dans l'univers scorsesien, offre un parfait contrepoids en électron libre sans grande cervelle et incapable de réfléchir aux conséquences de ses actes ou qui ne s'en soucie guère. Les seconds rôles ont tous la tête de l'emploi et même s'ils n'ont pas connu la même carrière en haut de l'affiche que leurs illustres compères ils sont impeccables. On mentionnera par exemple David Proval dans la peau de Tony le gérant de bar qui des années plus tard marquera la saison 2 des Sopranos où il incarnait Richie Aprile.

Avec ce film, Martin Scorsese n'offre pas encore de grande fresque sur les gangs new-yorkais. Il se place tout en bas de l'échelle, filmant ses personnages sans complaisance mais sans mépris pour autant. Une mise en jambes qui peut sembler modeste en regard de ce qui suivra mais qu'on aurait tort de zapper pour cette raison.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 17 Février 2023, 21:34bouillonnant dans le chaudron "Films".