Des siècles après l'affrontement entre le dieu Elyon et son adversaire Asroth, les humains se sont bien implantés dans les Terres bannies, aux dépends des clans de géants. Le jeune Corban, fils de forgeron, aspire à devenir un guerrier, sans se douter du conflit titanesque qui approche. Asroth entend en effet revenir du monde des esprits et une prophétie annonce que les deux camps auront chacun leur élu.

Il a fallu presque dix ans pour que Malice soit publié en France, suscitant une certaine attente et un buzz positif. À la lecture du résumé, pourtant, rien de neuf sous le soleil et le roman lui-même ne dément pas cet a-priori: un adolescent aux origines humbles mais au grand destin, une poignée de mentors plus ou moins mystérieux, un avatar de Satan prêt à prendre sa revanche, un conseiller fourbe, des points de vue alternés pour avoir une idée de ce qui se passe dans le vaste monde créé pour l'occasion... Quant au style (ou à sa traduction), il est clair mais plat et parfois répétitif: les personnages ne crient ou ne hurlent jamais quand ils sont en colère, ils feulent. Même l'animal clairement lupin qu'adopte Corban feule. Gros pétard mouillé, donc? Hype incompréhensible et totalement injustifiée?

Pas totalement, en fait car aussi balisé soit-il, ce premier tome d'une tétralogie est accrocheur. D'accord, on a une prophétie, des champions du Bien et du Mal, mais le récit prend un tour un peu plus intéressant quand la recrue du grand méchant s'imagine peut-être sincèrement être du bon côté, tout comme son fidèle serviteur qui n'est pas plus maléfique qu'un autre. Gwynne ajoute quelques nuances à la psychologie de quelques sbires ou personnages qu'on attendrait ailleurs (Vonn, par exemple, a une place qui en ferait facilement le harceleur numéro 1 du héros mais l'honneur en revient à un autre et son rôle reste encore à définir pour la suite mais pourrait être plus positif que négatif). Les échanges entre Brina et Heb apportent également un peu de légèreté et si certains protagonistes ne se détachent pas vraiment comme Kastell, on ne perd pas trop de temps sur le parcours des autres (Corban progresse vite dans son apprentissage des armes, Camlyn ne fait pas traîner son changement d'allégeance).

Malice ne se distingue donc pas par son originalité mais il pose clairement les bases de son univers (surtout comparé au premier tome de L'Ombre du Savoir perdu que j'ai lu récemment, bien plus confus pour une intrigue qui ne brillait pas non plus par son aspect jamais-vu) et remplit son office de donner envie de découvrir le destin de ses héros.