Alors que Tony et Carmela sont séparés et qu'une procédure de divorce se profile à l'horizon, le cousin du premier, Tony Blundetto, sort d'un long séjour en prison avec l'intention de retrouver le droit chemin. Tony Soprano, lui, tente de se rapprocher du Dr. Melfi, tandis qu'Adriana supporte de moins en moins le double-jeu qu'elle doit mener.

Gros programme pour cette saison qui voit notamment l'arrivée d'une part d'un personnage qui va sérieusement perturber l'équilibre déjà très précaire des affaires et des alliances de Tony et d'autre part la sortie tragique d'un autre personnage que l'on aura suivi depuis les débuts de la série. Comme d'habitude, problèmes de famille et problèmes professionnels sont liés mais on va essayer d'abord de se concentrer sur les premiers, la relation entre Tony et Carmela ayant pris un tournant décisif à l'issue de la saison précédente. Ira-t-on jusqu'à un divorce et connaissant la possessivité de Tony et plus globalement son incapacité à s'avouer perdant, Carmela pourra-t-elle vraiment lui échapper et le veut-elle vraiment? Elle a toujours navigué entre désapprobation face aux écarts de son époux, culpabilité de savoir d'où vient son argent et attachement à son petit confort, et prendre son indépendance n'est pas aisé. Après une fausse romance avec Furio, elle entame une liaison avec le conseiller d'orientation de son fils, compliquée par les soupçons que cela puisse être une manœuvre pour qu'A.J., en difficulté scolaire, obtienne quelques faveurs.

Pour ce qui est du reste de la famille, ce n'est comme toujours pas plus réjouissant (encore que par moment, en un sens...). Si Meadow semble avoir trouvé un copain convenable et se poser plus ou moins, Janice est toujours aussi foldingue et obligée après un accrochage à suivre une thérapie de groupe pour gérer sa colère. Drôle de personnage que celui-ci, à la fois agaçante et hilarante, naviguant entre philosophie New Age et violence impulsive à la moindre opposition. De son côté, Corrado s'enfonce dans son Alzheimer avec des hauts et des bas ce qui nous vaut des scènes tantôt pathétiques (l'escapade à la recherche de son frère) tantôt amusantes (la tournée des enterrements). C'est néanmoins du côté des cousins de Tony que ça va le plus remuer.

Tony B., cousin jusque-là jamais évoqué ce me semble, sort de prison après plus de quinze ans derrière les barreaux, sous les traits de Steve Buscemi. Ce dernier avait déjà participé à la série en réalisant un épisode et s'il n'est pas rare qu'un acteur tâte de la réalisation sur une série dans laquelle il travaille, c'est généralement le cheminement inverse, après avoir passé quelques temps devant la caméra. Quoiqu'il en soit, il hérite d'un personnage intéressant, que Tony veut protéger pour une raison qui sera dévoilée petit-à-petit, intelligent et désireux de se reconvertir en masseur agréé, en apparence raisonnable et capable de désamorcer des conflits sans recourir à la violence mais qui va retomber dans la criminalité et se révéler un électron-libre ingérable. Sa présence va causer quelques tensions avec le clan de Johnny Sack et également réveiller la rancœur de Chris, désormais clean et qui voit sa place de favori et héritier de Tony menacée. Ce ne sera pas son seul problème cette saison même s'il va lui falloir du temps pour le réaliser.

En effet, fin de parcours pour la pauvre Adriana qui en aura bavé jusqu'au bout. Coincée entre le FBI et son fiancé qui a beau avoir arrêté la drogue mais reste toujours aussi brutal et égocentrique ce qui n'empêche pas Ade d'être persuadée qu'il acceptera de refaire sa vie avec elle sous protection, elle va vivre un véritable calvaire alors que le stress se répercute sur sa santé physique et que pour ne rien arranger elle va être prise au milieu d'un malentendu au sujet de Tony qui ne va pas lui faciliter l'existence. Il aurait fallu un miracle pour qu'elle s'en sorte sans trop dommage, miracle qui n'aura évidemment pas lieu et son existence s'achève sèchement mais il est peu probable que ce départ ne pèse pas durablement et ne rende pas encore plus chaotiques les rapports entre Tony et Chris.

Une avant-dernière saison particulièrement intense, donc, qui mêle toujours aussi habilement les thématiques mafieuses à celles de la vie quotidienne et nous laisse toujours avide de suivre les mésaventures et les méfaits de personnages dont les actions ne sont jamais glorifiées.