Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Les Pionniers
Après un rude voyage depuis le Missouri, plusieurs familles de pionniers s'installent dans l'Oregon. Les terres sont belles mais les premières récoltes se font attendre et les conditions de vie ajoutées au caractère de chacun rendent périlleux les premiers mois.

On pouvait s'inquiéter de l'avenir de la collection "L'Ouest, le vrai" chez Actes Sud suite au décès de Bertrand Tavernier qui la dirigeait. Elle se poursuit finalement avec un titre de W.R. Burnett (peu de risque de se tromper avec lui), L'escadron noir, postfacé par Thierry Frémaux donc je suppose que c'est lui qui va superviser le tout désormais. Je n'en suis cependant pas là puisque je me cale sur les parutions en poche et c'est donc d'un roman d'Ernest Haycox, autre auteur sûr de la collection, que je vais parler ici.

Contrairement à La Route de l'Ouest d'A.B. Guthrie, Haycox ne s'intéresse pas vraiment au voyage des pionniers vers l'Ouest, dont on ne voit que le terme, mais à leur installation sur de nouvelles terres qu'ils espèrent plus fertiles que celles qu'ils ont quittées. L'auteur peint à merveille à la petite communauté qui s'installe, l'entraide obligatoire pour survivre qui parfois fait chaud au cœur, parfois se révèle pesante: il ne fait pas bon d'être célibataire ou veuve et les mariages se succèdent, souvent plus par pragmatisme ou désespoir que par amour. Les personnages se montrent plus complexes qu'au premier abord, à part Cal Lockyear, et encore, ils sont rarement complètement détestables ou admirables. George Collingwood est facile à mépriser mais même sa femme qui ne l'aime plus perçoit qu'il aurait pu être formidable, Lot est un fanatique ridicule mais n'est pas fondamentalement mauvais... Les personnages féminins font souvent preuve de modernité, comme Mrs Millard qui ne cache pas ses opinions sur leur condition quitte à se rendre insupportable auprès de ses voisins ou Edna qui veut contrôler sa vie et se moque du quand-dira-t-on.

Rice Burnett, qui ressemble le plus à un héros traditionnel, ancien trappeur qui veut se fixer, est parfois frustrant dans ses atermoiement tandis que Cal, son double négatif, s'installe dans la région alors qu'il est mieux fait pour la vie sauvage. On ne passe pas à côté du racisme et de la "justice" expéditive de ces communautés non plus à travers l'intrigue relative à Hawn, trappeur vivant harmonieusement avec sa compagne autochtone jusqu'à l'arrivée des pionniers ou le raid sur le campement des Molalas. Si le roman est plus psychologique que rempli d'action bien que l'on ne passe pas à côté des dangers de la vie de pionniers, il est dommage que les problèmes de couple et d'adultère des personnages prennent tant de place et finissent par lasser.

Les Pionniers s'étire un peu trop dans les chassés-croisés sentimentaux de certains personnages mais témoigne encore du talent d'Ernest Haycox pour montrer des communautés en formation, balançant entre solidarité parfois rigide et tentations d'individualisme et de violence.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 9 Novembre 2022, 11:25bouillonnant dans le chaudron "Littérature".