Remy Burke, membre de la Haute Loge de la Maison des Jeux, se réveille avec une gueule de bois carabinée et la nouvelle qu'il a engagé une partie dont l'enjeu est sa mémoire: il va devoir se cacher de son adversaire, Abhik Lee, par tous les moyens, avec pour seule consigne de rester dans le pays où il se trouve, la Thaïlande.

Après un premier tome qui arrivait à la fois à être envoutant par son ambiance vénitienne, intrigant par sa Maison des Jeux dont les pièces sont aussi humaines que les joueurs pour des enjeux les dépassant tous, et frustrant à cause de choix stylistiques qui me rebutaient, ce deuxième opus ne s'embarrasse pas de longues présentations: on a fait connaissance de la Maison et de son fonctionnement grâce à Thene, place maintenant à Remy, joueur de longue date qui vivote désormais dans un Bangkok à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Il va devenir la proie d'un adversaire redoutable qui a des cartes majeures en main. Au sens propre comme au sens figuré. À la partie d'échec élaborée succède donc une chasse à l'homme, un jeu de cache-cache où l'échec vaudrait pour Remy de perdre sa mémoire et par là sa place dans la Haute Loge qui a allongé sa vie de manière surnaturelle.

Remy part avec un désavantage notable sur Abhik Lee qui a des contacts dans la police, la pègre, les temples, les villes et les villages tandis que sa victime n'a que son astuce pour commencer. Un déséquilibre qui ne manque guère d'inquiéter Remy, habitué à des parties plus justes. Cela ne cacherait-il pas quelque chose? Et tiendra-t-il suffisamment longtemps pour découvrir quoi? Avec un héros toujours sur la brèche, qui doit survivre dans la campagne hostile et faire confiance aux bonnes personnes, pas le temps de s'ennuyer. Encore une fois, on lorgne sur les bords qu'au-delà de la partie en cours s'en joue une de bien plus grande importance et qu'il faudra attendre le troisième et dernier tome pour comprendre exactement ses tenants et aboutissants. Malgré un personnage principal moins à plaindre que Thene, on s'amuse de cette aventure pleine de tension, racontée de la même manière que la précédente mais peut-être m'y suis-je habituée car j'ai davantage goûté cet opus-ci, dont la fin est toutefois expéditive.

La brièveté du récit se révèle encore un atout, car l'intérêt n'a guère le temps de faiblir mais aussi une petite réserve car cela laisse une impression de pas assez: jamais assez de parties, jamais assez d'exploration de la Haute Loge. Bien sûr, il reste encore un tome mais cela semble peu au regard du potentiel de l'idée de base.