Raph mène une vie sans histoire quand, alors qu'il est au parc avec ses amis et qu'il s'apprête à jeter une canette dans une poubelle non loin de son banc, un individu dépenaillé et ensanglanté se matérialise devant lui et essaie de le convaincre de ne pas passer à l'acte sous peine de déclencher une réaction en chaine qui aboutira, des siècles plus tard, à la destruction de Paris. Les jours suivants, le Visiteur revient et d'abord amusé, Raph commence à le trouver insupportable. Mais l'étrange personnage est lui-même poursuivi, et Raph se retrouve malgré lui entraîné dans une aventure hallucinante.

Le Visiteur du Futur est une webserie de quatre saisons créée par François Descraques. Tout d'abord composée de petits épisodes de quelques minutes semblables à des sketchs, la série a pris de l'ampleur et vu passer quelques guests sympathiques tel que Simon Astier. Mélangeant humour, SF et action, Le Visiteur du Futur est un petit bijou, du moins les trois premières saisons. Une des grandes forces est de voir le récit se développer au cours d'une saison, découvrir comment des éléments sans importances ou juste prétextes à des gags débiles peuvent se révéler fondamentaux à la fin et le traitement des paradoxes temporels et des contradictions concernant les règles du voyage dans le temps ne manquent pas de saveur. Le personnage du Visiteur n'est pas sans rappeler le Docteur: son nom reste mystérieux, il agit seul avant de se trouver des compagnons dont il change la vie pour le pire et le meilleur. Néanmoins, le Visiteur parait encore plus irresponsable. Les acteurs, Florent Dorin et Raph Descraques en tête sont parfaits et très attachants, tandis qu'on découvre une galerie de personnages bien déjantés, comme le seul, l'unique, le véritable Dr Henry Castafolte.

Les personnages féminins sont en revanche assez décevants, entre la jolie voisine amour d'enfance du héros qui ne cesse de râler devant les aventures dans lesquelles le Visiteur l'entraîne mais qui permet à Raph de grandir, ou des femmes d'action à la gâchette facile et les retournements de veste des uns et des autres finissent par être lassants. La saison 4, intitulée Neo-Versaille, sans être totalement ratée se révèle un brin décevante sans doute car on commence à un peu trop tourner en rond. L'univers steampunk, bien qu'avec peu de moyens, est plaisant, mais on perd en complexité au niveau de la construction de l'histoire, située principalement à deux époques mais assez statique et sans le jeu des paradoxes et des réécritures de l'histoire qui rendaient si fun les saisons précédentes. On sourit, mais on rit beaucoup moins, et pas parce qu'il y a un tournant plus sombre (la saison 3 réussissait à ce niveau-là avec un très bon épisode centré sur Judith, par exemple). Le pompon étant atteint quand un personnage lâche le Visiteur à cause d'une jalousie assez mal placée.

Malgré cette conclusion décevante, la série reste une petite réussite et si l'aventure est terminée sous ce format, on devrait retrouver le Visiteur sur d'autres supports.