Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Vent
Letty Mason quitte sa Virginie natale pour s'installer chez son cousin dans l'Ouest. Là, le vent violent et incessant ne cesse de la tourmenter, jusqu'au jour où par une nuit de tempête, Letty se retrouve seule dans une ferme isolée.

Adapté d'un roman de Dorothy Scarborough, ce film du réalisateur suédois Victor Sjöström (rebaptisé Victor Seastrom aux États-Unis) s'est imposé avec le temps comme un classique du cinéma muet bien qu'à sa sortie il n'ait pas recueilli un énorme succès. Il faut dire que le parlant avait déboulé un an plus tôt, en 1927, et Lillian Gish, alors une grande star, rencontrait quelques déconvenues, pas du tout aidée par la MGM.

On suit donc une héroïne venue de l'Est, habituée au confort et qui va tomber de haut une fois chez son cousin, fort aimable mais malade et doté d'une épouse qui voit d'un mauvaise œil l'arrivée de quelqu'un qu'elle perçoit comme une rivale et qui surtout ne lui semble pas taillée pour vivre dans une contrée hostile. Letty est vite contrainte à trouver chaussure à son pied et entre trois soupirants, Roddy, un représentant de commerce trop empressé pour être honnête, Lige, un beau cow-boy pauvre et un peu bourrin et Sourdough, un old-timer rigolo mais pas franchement sexy, elle se rabat sur le deuxième en désespoir de cause. Ce qui conduit à une nuit de noces qui est un grand moment de malaise même si le nouvel époux se montre finalement compréhensif. Mais évidemment, le grand attrait du film, c'est le lieux de l'action.

Le film a été tourné dans le désert de Mojave, avec des ventilos pour provoquer un vent constant et il n'y a pas une scène en extérieur qui oublie de montrer la dureté des éléments, avec du sable et de la poussière se glissant constamment à l'intérieur chaque fois qu'on entrouvre la porte. Lillian Gish joue à merveille son rôle de jeune femme tout d'abord insouciante qui réalise à quel point son existence est précaire et dépendante de la bonne volonté des autres et qui sombre peu à peu dans la folie alors que les bourrasques constantes accentuent sans arrêt son déséquilibre.

Sans tomber explicitement dans le fantastique, le film revêt alors une atmosphère étrange, à cause des légendes accompagnant le vent du Nord et le rôle de celui-ci, d'abord menaçant puis protecteur alors que Letty se retrouve coincée avec son premier soupirant malintentionné. On a droit à des images fantasmagoriques comme un cheval fantôme courant dans le ciel. On peut du coup se demander, à la fin, s'il y a du vrai dans l'explication donnée par le mari de Letty, s'il s'agit d'une légende auquel il croit lui-même ou si c'est un moyen détourné de signifier à sa femme qu'il ne la pense pas fautive et que personne n'ira enquêter sur ce qui s'est passé entre elle et Roddy. Contrairement au roman, le film fait le choix d'un happy-end qui ne gâche pas pour autant le propos.

Voilà donc un bien beau film, marquant par son ambiance et des scènes de tempêtes impressionnantes (on devine que le tournage n'a pas du être une promenade de santé), portée par une excellente actrice (dont le jeu a très bien vieilli si l'on craint l'aspect outré que l'on a tendance à associer aux films muets).
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 16 Janvier 2020, 10:30bouillonnant dans le chaudron "Films".