Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Le Train sifflera trois fois
Tout juste marié, le shérif Will Kane apprend l'arrivée en ville de trois hommes de main de Frank Miller, un bandit qu'il a arrêté quelques années auparavant et qui, prématurément libéré, est bien décidé à se venger. Kane décide de rester sur place pour l'affronter lorsque Miller descendra du train de midi mais l'aide qu'il recherche auprès de ses concitoyens lui est refusée.

Lauréat de plusieurs Oscars dont celui du meilleur acteur pour Gary Cooper, salué pour l'originalité avec laquelle il montre son héros avoir peur et chercher désespérément du soutien et sa dénonciation déguisée de la lâcheté ambiante à une époque où le maccarthysme frappait les USA sans épargner Hollywood, ce film de Fred Zinnemann m'avait pourtant extrêmement déçue quand je l'avais découvert adolescente. Ce qui avait plombé ma vision du bidule, vu en version française à l'époque, était la fameuse chanson Si toi aussi tu m'abandonnes (Do not forsake me oh my darling) qui retentissait dès que le héros avait du vague à l'âme après qu'un énième concitoyen qu'il prenait pour un ami lui ait fait faux bond. La chanson en elle-même n'est pas désagréable, mais on aurait pu s'en contenter lors du générique d'ouverture et à la limite à la fin pour boucler. Cette surexploitation finit par en faire un gag et donne un aspect très mièvre à une histoire qui ne l'est pourtant pas. Sans parler de la francisation de certains noms, qui fait que Lloyd Bridges joue un certain Hervé et qu'à l'église un monsieur Crémieux prend la parole, bonjour l'Ouest sauvage et le dépaysement.

Je m'étais néanmoins promis de lui donner à l'occasion une seconde chance et comme Arte a eu le bon goût de le programmer hier soir, c'est chose faite. D'ailleurs la chaîne a passé L'Homme de la Plaine il n'y a pas longtemps alors que c'était justement le film du duo Stewart/Mann qu'il me restait à voir, c'est troublant. Mais pas désagréable. Toujours est-il qu'il y a de très bonnes choses dans ce western "en chambre" qui respecte l'unité de temps, de lieu et d'action, ce qui le rendrait probablement très aisé à transposer au théâtre.

L'intrigue ne montre vraiment pas le meilleur de l'âme humaine: par couardise ou opportunisme, Kane va être abandonné de toutes parts. Certains espèrent que leurs affaires vont reprendre avec l'arrivée de Miller. D'autres veulent bien aider, mais à condition de ne pas se retrouver tout seul à aider. D'autres ont des raisons plus politiques d'attendre d'agir, et tant pis si Kane n'a pas eu assez de jugeote pour rester se faire tuer en ville plutôt que de se faire abattre plus loin pour ne pas briser la tranquillité et donc la bonne réputation de la bourgade. Kane recevra pourtant des offres d'aide, d'un adolescent et d'un vieil infirme porté sur la bouteille, qu'il refusera. Rio Bravo, réponse directe à ce film-ci, prendra le contrepied inverse en montrant un shériff refuser toute aide tout en étant assisté d'un adolescent, d'un infirme et d'un ivrogne. Si les motivations derrière le scénario du Train sifflera trois fois sont bien plus louables que celles de Rio Bravo, rien à faire, je préfère le film de Hawks, et de loin.

Néanmoins, le long-métrage de Zinnemann comporte un autre point notable avec ses deux personnages féminins que tout opposent: la blonde et quaker épouse de Kane incarnée par Grace Kelly et l'ex du shériff mexicaine, jouée par Katy Jurado. Loin de se tirer dans les pattes malgré un point de vue différent sur la conduite à tenir, elles mettent tranquillement à plat ce qu'elles ont sur le cœur sans qu'on monte en épingle leur rivalité et si Helen Ramirez a été successivement la maîtresse de Miller, de Kane et de l'adjoint de celui-ci (le fameux "Hervé"), on ne la dépeint pas pour autant comme une femme perdue qui n'a espoir de rédemption que dans la mort.

Enfin, on assiste à la première incursion à l'écran de Lee Van Cleef, qui a même les honneurs d'être le premier personnage à apparaître à l'écran, et qui n'aura pas une ligne de dialogue. Apparemment, il avait d'abord été envisagé pour jouer le rôle du shériff-adjoint jusqu'à ce que le producteur Stanley Kramer lui demande de se faire refaire son nez qui lui donnait l'air trop menaçant. Suite à son refus, Van Cleef inaugura donc le premier d'une longue lignée de vilains desperados. Notons que sa prestation consiste principalement à attendre un train avec deux complices, jouant à l'occasion de l'harmonica. Leone a du s'en souvenir (d'autant que Jack Elam, un des acteurs dans la scène de la gare d'Il était une fois dans l'Ouest fait aussi une apparition dans le film). Ce qui est aussi ironique, c'est que finalement le personnage de l'adjoint est bien plus détestable qu'un quelconque porte-flingue. Et au moins Lee Van Cleef aura échappé à l'infamie de se retrouver baptisé Hervé dans la VF.

Le Train sifflera trois fois est donc toujours intéressant dans sa peinture de la lâcheté et de la compromission face à une menace qui semble pourtant relativement facile à vaincre avec un peu de solidarité, pour peu que l'on ne soit pas rebuté par l'aspect statique du traitement. Et par cette fichue ritournelle.

potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 26 Novembre 2019, 20:13bouillonnant dans le chaudron "Films".


Ingrédients :

  alberto
alberto
28-11-19
à 09:56

Tu me donnes envie de revoir ce film !

  Zakath-Nath
Zakath-Nath
28-11-19
à 16:20

Re:

Tant mieux si mes articles donnent envie de (re)voir ces films :-)!