Quentin occupe l'un des trônes de Fillory et rien ne pourrait être plus parfait, mais le besoin d'aventures le démange. Une simple expédition sur une île éloignée qui ne paie plus ses taxes va exhausser ses vœux, mais il faut toujours se méfier de ce que l'on souhaite.

La lecture de The Magicians, il y a quelques années, m'avait laissée sur ma faim. À l'exception de l'apparition du Fauve et de l'histoire d'Emily, je n'avais pas été emballée par l'apprentissage à Brakebills, ni par l'impression que pour l'auteur, écrire de la fantasy adulte signifiait montrer des personnages forcément malheureux et comblant le vide de leur existence dans l'alcool, la drogue et les coucheries. La dernière partie à Fillory, en revanche, m'avait davantage séduite. J'aimais bien ce détournement de Narnia sombre et angoissant. Malgré tout, je ne me suis pas précipitée sur le deuxième tome jusqu'à ce que l'adaptation télévisée et la relecture du premier livre (qui malgré les mêmes reproches qu'auparavant, est passée comme une lettre à la poste) me poussent à m'y mettre enfin.

Et je ne sais pas trop quoi en penser. Alors qu'on présentait Fillory comme beaucoup plus inquiétant que ce qu'en racontait Plover, finalement, une fois la menace du Fauve évacuée, l'univers apparait comme assez gentillet, et en dehors du fait qu'Eliot, Janet et Quentin sont nettement plus délurés que les Pevensie, on n'est finalement pas très loin de Narnia. En parallèle, on découvre ce qui est arrivé à Julia tandis que Quentin vivait ses aventures du premier tome, et là l'aspect glauque n'est pas évacué. Ces flashbacks sont un peu répétitifs et lassants à la longue mais prennent tout leur sens à la fin, ne se contentant pas d'être purement informatif pour expliquer l'état émotionnelle du personnage.

Le roman se lit d'une traite mais est un peu décousu et sent l'épisode de transition. Si Quentin l'éternel insatisfait peut toujours énerver, la fin du tome n'en demeure pas moins très émouvante et donne envie de le voir rebondir après un sacré coup du sort.