Beowulf retourne à Herot à la mort du Jarl Hrothgar, qui l'a élevé. Cette arrivée n'est pas pour réjouir Sleane et Rheda, le fils et la veuve de Hrothgar. Alors que les différents thanes se disputent le pouvoir, des créatures mystérieuses apparaissent sur le devant de la scène.
Au moins chaque année, elle est là. La série où rien ne semble fonctionner. Réussir une bonne série, ou un bon film, c'est compliqué, c'est un fait. Il y a tellement de paramètres à gérer qu'il n'est pas étonnant qu'à au moins un niveau ça foire et que le coup soit difficile à rattraper. Mais il y a aussi des fois où devant le résultat, on ne peut s'empêcher de se demander comment certaines choses ont pu passer. Comment qui que ce soit a pu se dire, à un moment: "oui, c'est une bonne idée" et que pas une voix ne se soit élevée pour dire "euh, vraiment?". Dans le cas de
Beowulf ce n'est pas le fait de revisiter cette légende en lorgnant du côté d'un
Game of Thrones plus grand public qui pose problème. Ça aurait pu marcher. Non, il suffit de voir les coiffures d'une bonne partie des personnages pour se dire d'entrée que ça ne va pas le faire. Florilège:
Elliot Cowan, qui arrive presque à rivaliser avec le Vercingétorix de Christophe Lambert.Avec ce nouveau transfert de la saison, l'équipe de foot de Herot mise sur la jeunesse
Attention toutefois à ne pas subir le même sort que cette recrue à qui on avait promis d'entrée une grande carrière et qui vivote depuis en seconde division malgré quelques apparitions dans des clubs plus prestigieux comme le FC Wolf Hall ou l'Olympique de Downton Abbey
Si le reste était à l'avenant, au moins aurait-on pu caresser l'espoir de contempler une vraie série nanarde. Ce n'est pourtant pas le cas. Au niveau du budget, les effets spéciaux sont généralement honorables. Si le look des changeurs de peaux est trop lisse pour convaincre, les trolls et Grendel sont en revanche assez réussis, tout comme les ruines titanesques laissées par une ancienne civilisation. Dès qu'on se penche sur les humains, c'est beaucoup plus cheap. Le manque de figurants se fait cruellement sentir dans certaines scènes et en dehors du grand hall d'Herot, les habitations sont miséreuses et donnent l'impression que les clans n'ont droit qu'à deux options: des cabanes sur une plage façon clodos dans
Kaamelott ou dans une carrière abandonnée façon extra-terrestres dans un épisode de
Doctor Who des années 70. On aurait pu s'y retrouver si la pauvreté avait été assumée: après tout, les clans n'étaient pas forcément riches et importants et leur survie d'autant plus précaire. Hélas, au lieu de jouer la carte du primitif, on sort les costumes colorés et synthétiques, ce qui met surtout en valeur que ce ne sont pas les personnages qui manquent de moyens mais bien les créateurs de la série.
Problème supplémentaire, le rythme est très mou et il est donc difficile de se passionner pour les intrigues. On sent que les scénaristes ont cherché à faire un effort sur les personnages: Sleane aurait pu se contenter d'être le mauvais fils pourri gâté jaloux du héros, mais il est bien plus complexe et parfois même plus sympathique que le fade Beowulf. Pareil pour Breca, a priori le bon copain rigolo mais finalement pas si proche du personnage principal et au passé peu glorieux. Hélas, cela ne suffit pas à maintenir l'intérêt d'une série qui ne joue ni la carte du familial rigolo à la
Merlin, ce qui inclinerait à l'indulgence sur certaines facilités, ni du côté impitoyable d'un
Game of Thrones. Il y a pourtant largement la place pour qu'un programme se situe entre les deux, mais
Beowulf n'y arrive tout simplement pas et on ne sait pas trop à qui elle est destinée, à la fois trop sérieuse et trop simpliste. Au moins, en jouant la carte du grand public on évite le racolage et cela reste toujours plus agréable à regarder que
The Bastard Executioner
Côté casting, en dépit d'un William Hurt fantomatique dans tous les sens du terme en Hrothgar, il n'y a pas de quoi se relever la nuit malgré quelques noms que j'aime bien tels Edward Hogg ou Joanne Whalley. Kieran Bew dans le rôle principal manque de charisme et n'est pas aidé par son personnage: un bon guerrier mais pas non plus exceptionnel au point d'en être légendaire, mais trop lisse pour qu'explorer l'individu derrière le mythe soit intéressant. On note aussi la présence d'un autre ancien de
Da Vinci's Demons, Elliot Cowan, et ce n'est pas avec cela qu'il va remonter dans mon estime (pourtant j'avais bien aimé son Darcy). Impossible de prendre ce personnage au sérieux ou de comprendre son point de vue malgré certains efforts pour le mettre en valeur (dont une scène étrange où il pêche des espèces de piranhas). À cette exception près et hors considérations capillaires, la distribution ne se couvre pas trop de ridicule mais il vaut mieux qu'on ne se souvienne pas d'eux pour ce programme et qu'on leur donne vite l'occasion de jouer dans quelque chose de plus réussi.
Attendez, on dit chef de clan parce qu'il faut dire quelque chose, hein ! Mais Conran, il doit y avoir trois cahutes sur la plage, ils sont une dizaine à tout casser, et c'est tous des clodos, alors...
Décidément, ITV semble avoir un peu de mal cette année à proposer des programmes convaincants ou à savoir comment les mettre en valeur (par exemple,pourquoi cantonner
The Frankenstein's Chronicles sur ITV Encore, à la base destinée aux rediffusions, quand les moyens et la tête d'affiche pouvait laisser supposer qu'elle aurait droit à ITV1?). Ce n'est pas avec ce
Beowulf que la barre va être redressée, ce qui est dommage parce que le principe de lancer plusieurs séries sur le thème des mythes littéraires britanniques revisités n'était pas mauvaise, mais
Return to the Shieldlands s'avère bien faible et une saison 2 remontant le niveau est très peu probable.
à 11:22