En 1850, Logan Stuart arrive à Jacksonville, Oregon. Il y retrouve son ami George Camrose, chargé de conserver l'or des mineurs et qui ne cesse de s'endetter en perdant au poker. Pour ne rien arranger, Bragg, un individu plus que louche, ne cesse de provoquer des bagarres.

Malgré une vie relativement courte, Ernest Haycox fut un auteur prolifique, notamment de nouvelles, et quelques-unes de ses œuvres ont été adaptées sur grand écran. C'est le cas de cette dernière, qui a donné un film de Jacques Tourneur. Néanmoins, pour la première incursion chez ce grand nom de la littérature western, j'avoue être restée sur ma faim.

Le roman est davantage psychologique que porté sur l'action, peignant les différents caractères qui peuplent cette petite ville de mineurs, mais Haycox a tendance à détailler soigneusement les motivations et les tourments de ses personnages de manière trop explicative, comme s'il ne faisait pas confiance au lecteur pour les comprendre en les voyant agir. Ce qui est dommage, car on a une galerie plutôt atypique, notamment avec le personnage principal dont la conduite est frustrante, consistant à défendre Camrose même quand celui-ci ne le mérite pas, tout en étant finalement crédible: difficile de tourner définitivement le dos à un ami qui s'est fourré dans le pétrin tout seul, et l'opinion de Logan sur les manières des habitants, bien qu'ils aient raison d'accuser Camrose, se justifie en partie.

Le Passage du canyon est donc une étude de caractère intéressante, qu'il ne faut pas lire en espérant de grandes scènes d'action (malgré l'attaque finale contre la petite communauté) mais qui parait bizarrement manquer d'assurance en prenant trop son lecteur par la main.