Alors qu'ils doivent faire une escale forcée dans une petite ville mexicaine, Hooker et Fiske, deux aventuriers américains, acceptent d'aider contre récompense une jeune femme à sauver son mari, coincé dans une mine en territoire apache. Le terrain est dangereux, les motivations de certains membres du groupe peu honorables, le voyage ne sera donc pas de tout repos.

Entre l'action se déroulant au Mexique, la présence de Gary Cooper et des personnages louches appâtés presque tous par la promesse de l'or, on pourrait trouver ce western très voisin de Vera Cruz, sorti la même année. Néanmoins là où le film d'Aldrich annonçait sous bien des aspects le western-spaghetti, celui d'Henry Hathaway est un film d'aventures assez classique mais qui ne manque pas d'attraits.

Susan Hayward campe un personnage particulièrement intéressant, guidant malgré le danger un groupe d'aventuriers pour sauver son mari. Mari qui ne lui montrera guère de reconnaissance une fois la destination atteinte, sans que sa conduite soit claire: en veut-il à sa femme de l'avoir convaincu de creuser dans la région par appât du gain? Est-il dérangé après des jours coincés dans une mine? Se sait-il mourant et pense-t-il, en se montrant cruel, qu'elle ne regrettera pas de le perdre? C'est la version que présente Gary Cooper, mais quand Hayward lui répond qu'elle veut y croire, elle n'a pas l'air très convaincue. Les autres membres du groupe sont presque tous ambivalents.

Cooper campe un personnage mystérieux qui ne livre rien de son passé, mais qui apparait vite comme le plus droit dans ses bottes (en même temps, c'est Gary Cooper). Ce qui ne le rend pas forcément très sympathique pour autant, notamment quand après avoir défendu Mrs Fuller contre l'homme qui l'a agressée, il la rend responsable de ce qui est arrivé et estime que le coupable qu'il a rudoyé a compris la leçon et se montre indulgent envers lui. Peut-être que dans les années 50 cela le faisait paraître dur mais juste, plus de soixante en après il passe surtout pour un bon gros connard.

On a aussi un Mexicain qui ne parle pas anglais et semble donc juste là pour augmenter le body-count final (il survit néanmoins bien plus longtemps que je le prévoyais, avant une sortie à la Boromir), l'agresseur sexuel précédemment évoqué, et surtout Richard Widmark en joueur cynique dont on se demandera jusqu'au bout quelles sont exactement les raisons d'agir (les beaux yeux de Coop', semble-t-il). Même si le décor de la ville engloutie sous la lave est hélas totalement inexploité et que les Apaches sont coiffés comme des Iroquois, le film bénéficie d'une belle ambiance avec une menace qui ne se concrétise que dans les dernières minutes mais plane efficacement sur tout le voyage, et les derniers plans sont superbes.

Un bon petit film d'aventure dans de jolis paysages, élevé surtout par la présence de Susan Hayward et Richard Widmark.