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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Corsaire noir
Le comte Emilio de Roccabruna, dit le corsaire noir, jure de se venger du duc Van Gould, responsable de la mort de ses parents puis de ses frères. Avec son équipage, il prend d'assaut un galion et tombe amoureux d'une belle prisonnière, ignorant qu'elle est la fille de son ennemi.

Au cours des années 60 et jusque dans les années 70, le cinéma populaire italien a fait de son mieux pour faire vivre des genres tombés en désuétude à Hollywood: le péplum, le western, et dans une moindre mesure le film de pirates. Parallèlement à la série Sandokan, Sergio Sollima a ainsi adapté un roman d'aventures d'Emilio Salgari connu des Transalpins, déjà porté à l'écran en 1938. Il existe également un Corsaire noir italien de 1971 mais il s'agit d'un film avec Terence Hill et Bud Spencer. L'intrigue offre tous les éléments inhérents au genre avec une petite touche d'anticolonialisme tout à fait sur la longueur d'onde du réalisateur qui avait déjà donné à ses westerns un fond contestataire, notamment au travers du personnage du péon révolutionnaire Cuchillo.

Pendant les premières minutes du film, on peut craindre la ringardise et de ne pas tenir les presque deux heures du métrage: les perruques crient trop au factice, les femmes ont un superbe maquillage plus inspiré de Bardot que des portraits du XVIIe siècle et, production italienne avec casting international oblige, tout le monde est redoublé en post-prod, avec des effets pas toujours heureux: si la version française sert bien les personnages principaux, dès qu'il y a un groupe qui cause ou des cris de la foule, cela sonne vide et parfois très nonchalant par rapport aux événements. Sans parler du nom Morgan prononcé à la française et du "duc de Van Gould". Pourtant, plus on avance, moins l'aspect cheap se ressent: l'assaut de la forteresse, sans atteindre des sommets de spectaculaire, ne manque pas de figurants, par exemple. De plus, le tournage s'est déroulé à Carthagène en Colombie qui tient lieu de Maracaibo et ses environs, bref, on n'est pas sur la Côte d'Azur ou aux Canaries qui essaieraient de se faire passer pour et les décors sont tout à fait crédible.

L'histoire est des plus classiques: un vilain et fourbe aristocrate, un valeureux corsaire (en fait un pirate) qui ne viole la loi que parce que celle-ci est mal appliquée par des gens corrompus, un dilemme cornélien avec un personnage féminin lié aux deux ennemis. Néanmoins, par rapport aux standards hollywoodiens, on s'intéresse au sort des autochtones avec un massacre de village en début de film et le personnage principal est plus sombre que d'ordinaire: il fait, après tout, un pacte avec le diable plutôt que de jurer devant Dieu qu'il obtiendra vengeance. Poussé par son équipage, il abandonne sa bien-aimée en pleine mer sur un frêle esquif avec juste du pain et de l'eau (mais elle n'a pas l'air de lui en vouloir, ouf). Parallèlement, on croise des personnages ambigus au départ mais qui se révèlent sympathiques, comme une comtesse coureuse, un aristocrate espagnol fin de race mais honorable ou encore l'ambitieux Morgan, dont on ne sait pas s'il va être loyal au héros ou chercher à le doubler.

Kabir Bedi, aussi Sandokan pour Sollima, mène le bal, magnétique à souhait en corsaire noir vengeur. On s'amusera tout de même de voir un acteur indien jouer un Italien tandis que la belle autochtone sud-américaine est incarnée par Sonja Jeannine, une autrichienne. Mel Ferrer, comme beaucoup d'acteurs de sa génération, cherchait en Europe un second souffle après la fin de l'âge d'or hollywoodien: il traine son regard mélancolique en vil méchant avec moins de bonheur que dans Scaramouche mais assure une continuité entre les deux époques. Le reste du casting est peu connu, on notera dans le rôle de Morgan Angelo Infanti, dont le titre de gloire est d'avoir joué Fabrizio dans Le Parrain, et qui ne manque pas de charisme ici.

Le Corsaire noir prête parfois à sourire par son côté kitsch et naïf, semble même davantage dater des années 60 que de la fin des années 70, mais l'on suit les péripéties avec un grand plaisir car si l'on est loin de la somptuosité américaine d'un Aigle des Mer ou d'un Corsaire rouge, on s'y amuse tout de même bien.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 25 Décembre 2024, 11:50bouillonnant dans le chaudron "À l'abordage !".